Stéphanie, qu’as-tu pensé en visionnant l’entretien entre Sophie et Geneviève?

Je pense que c’est une conversation extrêmement importante, et plus on parle d’image corporelle, mieux c’est. Démocratiser le sujet, le rendre moins tabou et plus accessible, c’est toujours un pas dans la bonne direction.

Comment peut-on faire pour continuer notre réflexion dans cette bonne direction, justement?

Tout d’abord, je pense qu’il faut bien s’informer sur les enjeux. La conversation change, et le sujet de l’image corporelle est maintenant intimement lié à plein d’autres enjeux, notamment la grossophobie, l’anti-diète, le racisme, le capacitisme, etc. De bien comprendre que l’image corporelle est un enjeu intersectionnel (NDLR: l’intersectionnalité désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de discrimination) nous permet de mieux nous positionner en allié.es, pour tous celles et ceux qui souffrent de ce culte de l’image omniprésent – poussé par une industrie qui, rappelons-le, est une grosse machine!

Oui, c’est une industrie lucrative que celle de dire aux gens qu’ils devraient être mieux: plus beaux, plus minces, plus jeunes…

Effectivement! Il faut se demander: à qui profitent nos insécurités? Comprendre que des MILLIARDS de dollars sont investis chaque année dans l’industrie des diètes et de la perte de poids, ça nous permet aussi de nous repositionner dans cette bataille, de nous sentir moins coupables de ne pas nous aimer tout le temps. Ce n’est pas qu’une question de volonté individuelle, c’est tout le système qui doit changer. C’est cette idée qu’il suffit de «choisir de s’aimer» pour que les problèmes d’images corporelles disparaissent qu’on essaie de déconstruire avec Bien avec son corps, d’ailleurs.

À échelle individuelle, qu’est-ce qu’on peut faire pour ne pas contribuer à ce système – et aggraver du même coup, j’imagine, nos problèmes d’images corporelles?

Mon premier conseil est de faire un bon grand ménage dans les médias qu’on consomme, surtout sur les réseaux sociaux. Inviterait-on des inconnus qui nous font sentir inadéquates, petites, laides à souper dans notre appartement? Non? Alors pourquoi on permet à des gens de la sorte d’investir notre espace virtuel? Pour moi, c’est presque la même chose. Je suggère d’aller faire un tour dans notre liste d’abonnés, et de supprimer les comptes qui ne nous font pas sentir bien à propos de qui nous sommes – corps et esprit!

Parce que l’algorithme fait bien son travail, sinon…

Exact! C’est insidieux. Si on ne fait pas attention, si on n’est pas la «bonne gardienne» du contenu qu’on nous présente, on tombera vite dans un narratif assez toxique. Pour une publication body positive, Instagram nous présentera douze publications sur des jus détox ou des recettes minceur. C’est un terrain glissant, il faut être vigilant.

Comment est-ce qu’on peut être cette même «bonne gardienne» de notre équilibre, hors des médias sociaux?

Sophie et Geneviève abordent le sujet dans leur discussion: il est primordial de trouver la bonne formule pour nous-mêmes afin de se sentir bien dans SA peau, sans validation extérieure – même si c’est parfois difficile. Et ça passe effectivement par le fait de poser des gestes au quotidien qui nous font sentir solides: bien dormir, bouger, manger assez pour se sentir énergique, voir des gens qu’on aime, faire des choses qui nous font plaisir, etc. Ainsi, lorsqu’un coup de vent survient – une vague d’anxiété par rapport à notre image corporelle, par exemple – on est mieux outillées pour y faire face.

Et si on n’arrive pas à y faire face seule?

C’est possible! Lorsqu’on sent que nos questionnements, nos angoisses par rapport à notre corps, notre diète ou notre routine d’exercice prennent énormément de place dans notre tête, dans notre quotidien, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Surtout si ces ruminations nous empêchent de faire certaines activités – comme profiter d’une journée à la plage ou d’une sortie entre amis – ou de bien fonctionner. De nombreux organismes sont là pour nous aider ou nous diriger vers les bonnes ressources.

Pour en savoir plus
Bien avec son corps
ÉquiLibre
ANEB

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