Jimmy, j’ai toujours dit que tu étais le meilleur pour dessiner les femmes. Pourquoi crois-tu qu’on peut se reconnaître dans tes illustrations, même les plus coquines?

Eh bien, ce n’est pas à moi de le dire! (Rires) Mes dessins sont plus branchés sur le monde réel que la majorité des dessins, peut-être? Viendraient-ils plus de l’émerveillement que du fantasme? En fait, je dessine des personnes et non des sortes de trophées…

Te souviens-tu de la première femme que tu as vue nue?

Très jeune, j’ai détaché une affiche de Bo Derek cul nu sur un cheval dans Le Lundi. Je la trouvais belle et j’ai accroché l’affiche au mur de ma chambre, entre celles de Goldorak et de Superman, comme si de rien n’était. En voyant ça, ma mère a fait une immense colère. Je ne comprenais pas pourquoi. Elle a arraché l’image du mur et l’a déchirée en dix mille particules devant moi.

En prenant finalement de l’âge toi-même, vas-tu aussi illustrer le corps de femmes vieillissantes?

Oui, sans doute. C’est en effet rare pour l’instant. Je trouve la diversité dans mes dessins encore bien limitée. J’y travaille, mais ça fait souvent forcé, et mon dessin s’écroule dès que je pousse trop. C’est comme forcer le désir. Ça ne marche tout simplement pas.

As-tu l’impression de prendre part au male gaze, un concept proposé par la cinéaste et critique de cinéma Laura Mulvey qui désigne le fait que la culture visuelle dominante impose au public la perspective d’un homme hétérosexuel?

Je me pose énormément de questions là-dessus. Le fait que je réserve souvent cette partie de mon travail à un tirage limité n’est pas étranger à ces doutes. Le fait que mes couvertures soient rarement cochonnes aussi. Je continue parce que je n’ai pas le choix: la création l’exige. Je vous crois quand vous me dites que ma proposition se démarque du lot; je reçois de nombreux messages de femmes qui me remercient de dessiner le corps comme je le fais; elles disent que ça les réconcilie avec leur propre corps, que ça les fait se sentir «déifiées» (je ne niaise pas, on m’a déjà dit ça); puis, il semblerait que ça enlève chez certaines un souci de perfection dans la chambre à coucher…
jimmybeaulieu.bigcartel.com

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