D’aussi loin que je me souvienne, ma peau a toujours été fidèle à ses habitudes: une fâcheuse prédisposition à l’acné, une zone T trop grasse à mon goût et des plaques sèches à temps partiel sur mes joues. Passé les bouleversements hormonaux de la puberté, rien de nouveau sous le soleil.

Du moins jusqu’à il y a environ un an, quand TOUT a changé. Du jour au lendemain, des rougeurs sont apparues et ma peau a commencé à tirailler et à peler comme jamais auparavant. Comme je vivais alors beaucoup de stress, je me suis dit que c’était sans doute en réaction à ça. Puis, ma peau s’est mise à picoter, signe sans équivoque que ma barrière cutanée était fragilisée et abîmée. Convaincue d’avoir juste mis un peu trop l’accent sur l’exfoliation, j’ai supprimé tous les actifs de ma routine de soins et j’ai passé les deux semaines suivantes à m’en tenir au strict nécessaire: un nettoyant doux, une crème hydratante nourrissante et une protection solaire pendant la journée. Je croyais avoir trouvé le remède à tous mes maux. Bientôt, j’allais pouvoir réintroduire mes ingrédients bien-aimés, comme la vitamine C (pour l’éclat) et les rétinoïdes (pour stimuler le renouvellement des cellules de la peau).

Eh bien, non. L’irritation s’est estompée, mais la sécheresse a résisté à l’attirail de produits soi-disant ultra-hydratants dont je m’étais tartinée. Après des mois de déni, il était temps de me rendre à l’évidence: ma peau avait changé et ma bonne vieille routine ne me convenait plus.

«Effectivement, la peau se dessèche et subit de nombreux changements avec le temps et pour diverses raisons», dit la Dre Geeta Yadav, dermatologue et fondatrice de la clinique torontoise Facet Dermatology. Les hormones y sont pour quelque chose: la peau des femmes qui ont leurs règles est très différente de celle des femmes ménopausées ou post-ménopausées. D’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte avec l’âge, comme la perte de collagène et d’élasticité de la peau, qui se traduit par un épiderme moins ferme et rebondi.

Selon la Dre Renita Ahluwalia, dermatologue en chef au Canadian Dermatology Centre, à Toronto, des éléments externes peuvent aussi endommager la barrière cutanée. L’exfoliation excessive peut provoquer de l’irritation, tout comme les changements de saison. «Dans notre climat, où les saisons changent vite, il est difficile de suivre le rythme, explique-t-elle. Notre corps est intelligent. Il essaie de nous protéger, mais il lui faut du temps pour s’adapter naturellement. Si on fait fi de ces changements et de nos besoins, qui évoluent tout aussi rapidement, la barrière cutanée peut être perturbée.» Inutile de dire qu’au cours d’un hiver comme celui qu’on vient de passer, où il fait -30 °C une journée et près de 10 °C le lendemain, notre peau risque d’en payer le prix!

Par ailleurs, à mesure qu’on vieillit, l’imprévisible devient plus… prévisible! Selon la Dre Ahluwalia, si ma peau demeurait obstinément sèche, c’est qu’elle n’arrivait jamais à se remettre complètement des dommages accidentellement infligés à la barrière cutanée — comme elle l’aurait fait dans ma jeune vingtaine, disons. La dermatologue ajoute qu’il n’est pas rare de développer une intolérance aux produits qu’on utilisait jusque-là. Si on applique constamment des formules contenant des allergènes potentiels (de la cire d’abeille, par exemple) sur une barrière compromise, on augmente le risque de réaction et il devient alors difficile de se sortir du cycle de l’irritation.

Enfin, il faut écouter ce que notre peau nous dit. Si elle est simplement irritée, elle devrait vite revenir à la normale — peu importe ce que cette «normale» signifie pour nous. Mais si le changement persiste, il est temps de s’adapter. «J’entends souvent dire: “Mais voyons, je n’ai rien fait de différent!” ou “Ça ne m’est jamais arrivé avant”, raconte la Dre Yadav. C’est un peu comme l’hypertension artérielle: on ne naît pas avec, mais tout le monde peut en souffrir un jour ou l’autre. On peut dire la même chose des problèmes cutanés.»

Notre peau s’est métamorphosée et on a besoin d’une boussole pour s’y retrouver? Voici les conseils des Dres Ahluwalia et Yadav.

Revenir à l’essentiel

Les deux dermatologues sont unanimes: si on pense avoir endommagé la couche protectrice de notre peau, il vaut mieux adopter une routine de soins minimaliste pendant un certain temps. La Dre Yadav conseille de procéder par élimination, en suivant la méthode prônée par la Dre Sandy Skotnicki, dermatologue canadienne. Cette approche consiste à supprimer tous les actifs de notre routine, puis à les réintroduire un par un, afin de mieux cerner le coupable. On doit donc renoncer aux ingrédients comme le rétinol et les exfoliants agressants jusqu’à ce que la peau prenne du mieux. On les réintègre ensuite progressivement et à petite dose, en donnant à la peau une ou deux semaines pour s’adapter à chaque nouveau produit. Une fois que notre routine est rétablie, on met le paquet côté hydratation. On combine alors des agents humectants (comme l’acide hyaluronique ou la glycérine), qui procurent de l’eau à la peau, et des émollients riches en ingrédients bénéfiques (comme les acides gras et les céramides), qui régénèrent la barrière cutanée.

Graduellement, mais sûrement

Si notre peau ne réagit plus à notre routine comme avant, il se peut qu’on doive la modifier pour y intégrer des produits plus doux. «Si votre principal problème est la sécheresse, essayez de passer d’un gel nettoyant à une crème nettoyante», indique la Dre Yadav. «Troquez votre rétinoïde sur ordonnance contre un rétinoïde en vente libre — à moins que vous ne tolériez plus du tout ce genre de produit! Toutes ces substances sont susceptibles d’exacerber la sécheresse ou l’irritation de la peau.» La Dre Ahluwalia recommande, quant à elle, de tenir compte du pH des produits. Notre peau a un pH naturel de 5,5, mais bien des formules sont beaucoup plus basiques ou acides et peuvent avoir un effet très abrasif — surtout quand la barrière cutanée est déjà compromise.

Penser saisonnier

La météo a beau être capricieuse, on a une bonne idée du moment où elle s’apprête à changer radicalement. Selon la Dre Ahluwalia, il faut préparer sa peau à ces variations saison- nières. «Avant le début de l’hiver, on intensifie l’hydratation. Quand il commence à faire plus chaud, on peut y aller un peu plus mollo et miser sur un bon sérum à la vitamine C pour protéger la peau. Et on s’assure d’appliquer un bon écran solaire toute l’année.» Elle ajoute que le temps chaud se prête davantage à l’utilisation d’ingrédients plus puissants et desséchants, comme le rétinol, l’humidité ambiante accrue étant alors notre alliée. 

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