Chaque fois, je suis déchirée entre mon désir de faire mieux: «En faisons-nous assez?», «Devrions-nous diversifier davantage nos journalistes?», «Doit-on être plus à l’écoute?», et mon désir de répondre: «Avez-vous feuilleté et lu ELLE Québec durant la dernière année?»*

Lorsqu’on tourne les pages d’ELLE, on voit que, pour nous, la femme est asiatique, blanche, noire, inuite, latina, arabe… [Cette énumération est non exhaustive.] Elle est hétérosexuelle, queer, trans, non binaire… Elle a 20 ans, 35 ans, 55 ans, 82 ans… Elle a les cheveux blonds, bleu marine, crépus, gris… Elle mesure 5 pieds, 6 pieds…

Récemment, pour une entrevue que j’ai accordée à La Presse +, j’ai demandé qu’on achemine à ses bureaux tous les dossiers et les couvertures qui montrent que l’inclusion fait partie des valeurs profondes d’ELLE Québec. Ce gros dossier – bien trop lourd pour l’envoyer par courriel! – est rempli d’images fortes, de sujets de société qui poussent à réfléchir, de femmes courageuses, belles, inspirantes. Cet exercice m’a permis de constater qu’il y a aussi une grande diversité dans les idées et les opinions. J’ai alors éprouvé une certaine fierté. Rien de mieux que «des bottines qui suivent les babines». Je salue ici le travail de mon équipe, composée de femmes** sensibles, intelligentes et ouvertes. Elles font de moi une meilleure personne, c’est clair!

L’édito de Sophie Banford: À l'écoute!

Je nous lance des fleurs, mais c’est un travail continu. Et nous avons encore du chemin à faire, notamment en ce qui a trait à la diversité corporelle. Nos pages mode manquent de corps différents.

Une partie de l’explication réside dans ceci: les échantillons des designers qui illustrent les tendances sont conçus pour être portés par les mannequins au cours des défilés. Comme nous travaillons en amont (nos magazines sont conçus au moins trois mois avant la parution), nous devons utiliser ces échantillons à taille unique bien avant qu’ils soient confectionnés pour être vendus en magasin. Il est quasi impossible de trouver des échantillons de grandes marques qui offrent des tailles diversifiées. C’est toute une industrie qui doit revoir sa façon de penser. Et, sans mauvais jeu de mots, ce n’est pas une mince affaire!

L’édito de Sophie Banford: À l'écoute!

En attendant de trouver une solution à ce problème, ELLE Québec s’engage tout de même à vous présenter plus de diversité dans les corps, à combattre le capacitisme (soit la discrimination contre les personnes vivant avec un handicap), à faire preuve d’encore plus d’inclusion, page après page, numéro après numéro.

Continuez à nous challenger, à nous indiquer nos angles morts. Nous voulons que vous vous retrouviez chères lectrices, dans les pages que nous imaginons avec passion chaque mois.

Bonne lecture!

* KO Média, la compagnie que je dirige avec Louis Morissette, a fait l’acquisition des titres ELLE Québec et ELLE Canada il y a un peu plus d’un an.
** Il n’y a pas de gars dans notre équipe éditoriale. Je ne reçois presque pas de candidatures masculines… Est-ce de la discrimination inversée? Messieurs, levez la main, vous êtes les bienvenus.

ELLE QUÉBEC - OCTOBRE 2020

ELLE QUÉBEC - OCTOBRE 2020LEEOR WILD

Photographie LEEOR WILD Stylisme LU-PHILIPPE GUILMETTE Direction de création ANNIE HORTH Maquillage et coiffure: Geneviève Lenneville (Folio Montréal, avec les produits RMS et Oribe). Production: Estelle Gervais. Assistant au stylisme: Quinn Lowsky. Assistants à la photographie: Mitchell Wright, Sierra Nallo. Assistante sur le plateau: Manuela Bartolomeo. Veste brodée en soie (Louis Vuitton), chemisier en coton (Lecavalier), cravate en tulle (Christian Dior).

Le numéro d’octobre d’ELLE Québec est disponible en kiosque et en version numérique. Il est aussi offert en abonnement.