En 2020, on ne parle plus de célibat, mais d’être «en couple avec soi-même» (self-partnership). D’être bien seule et de valoriser le célibat assumé (voir notre texte sur le sujet, page 52). D’être heureuse à l’idée de ne plus faire de compromis, pas même celui de faire le café de son chum le matin! Cet article cite le professeur anglais Paul Dolan, qui affirme que les femmes qui demeurent célibataires et sans enfants vivent plus longtemps, plus heureuses et en meilleure santé que les femmes mariées.

PERMETTEZ-MOI D’EN DOUTER.

D’abord, parce qu’une célèbre étude, la Harvard Study of Adult Development dit exactement le contraire. En examinant et en suivant depuis 1938 les vies de 724 hommes, de leur adolescence jusqu’à leur vieillesse et leur mort, les chercheurs concluent qu’il «suffit» de nouer des relations proches et sur lesquelles on peut compter pour être en santé et heureux. Les personnes les plus satisfaites dans leurs relations à 50 ans étaient celles en meilleure santé à 80 ans. A contrario, l’étude démontre qu’en couple ou célibataire, la solitude est toxique.

TOXIQUE. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les chercheurs de Harvard. Ensuite, parce que le feedback de notre partenaire fait œuvre utile, nous fait grandir en matière de rapports sociaux. Car on va se le dire: par peur de nous blesser, la plupart des gens ne nous disent pas vraiment ce qu’ils pensent. Tout le contraire de ce que font la plupart des amoureux que je côtoie. Dans le but de se comprendre, pas de se pointer du doigt. Comment devenir un humain ouvert sur les autres quand on n’a pas à s’ajuster à qui que ce soit?

Je ne parle pas ici d’endurer une relation malsaine ou de demeurer en couple par peur de la solitude. La solitude, il faut savoir l’apprivoiser avant de s’engager avec l’autre.

Bien sûr qu’il faut s’aimer soi-même! Bien sûr qu’on ne se réalise pas uniquement dans notre rapport amoureux! Et si on ne s’aime pas soi-même, si on ne sait pas vraiment qui on est, comment définir ses attentes envers l’autre? Mais quand on aborde la relation en demandant: «Que peux-tu m’apporter?», est-ce qu’on ne devrait pas aussi pouvoir répondre à: «Que puis-je t’apporter?»

Si on peut voir dans le couple une «valeur ajoutée» – appelons ça ainsi –, doit-on pour autant mettre sur les épaules de l’être aimé toute la pression du bonheur, et s’attendre à ce qu’il nous rende heureux/heureuse sans y mettre un effort de partage et de générosité?

Il faut arrêter de chercher la perfection. Elle n’existe pas. Le bonheur, en couple, on le construit ENSEMBLE. À trop vouloir éviter les compromis, on se tire (tous les deux) dans le pied.

Comme l’écrivait Mark Twain: «On n’a pas le temps, si brève est la vie, pour les chamailleries, les excuses, l’animosité, les appels à rendre des comptes. On n’a que le temps pour aimer et pas un instant de plus.»

ELLE Québec - Février 2020

ELLE Québec - Février 2020Alexis Belhumeur

En kiosque le 16 janvier.