Étant une gourmande pour qui voyager à l’étranger signifie d’abord et avant tout goûter la cuisine du pays, j’avais hâte de me délecter sur place des plats régionaux de la Scandinavie. J’avais déjà bu de l’aquavit, cette eau-de-vie souvent aromatisée au cumin ou aux fruits. Je connaissais également le gravlax, le fameux saumon mariné à l’aneth, et le smorgasbord, ce buffet où les convives emplissent leurs assiettes de poissons fumés, de charcuteries, de boulettes de viande, et couchent un morceau d’anguille sur un pain noir, ou encore une part de fromage sur un pain au sésame (le smorgasbord est vraiment le festival de la tartine!).

J’ignorais cependant à quel point les pâtisseries scandinaves me réjouiraient. Quand on s’attable à un resto là-bas, il faut toujours avoir en tête de se garder une petite place pour le gâteau scanien aux pommes, le rødgrød (soupe de fruits rouges) ou les amusantes chokladbollars. Ces petites boules sucrées, de la taille d’une balle de golf, sont très faciles à faire et délicieuses. Je remercie mon amie Françoise, qui vit à Stockholm, de m’en avoir donné la recette.

RECETTE DE CHOKLADBOLLARS
(Donne environ 20 boules)

– 250 ml (1 t) de sucre
– 150 g (1/4 lb) de beurre
– 500 ml (2 t) de flocons de céréales Corn Flakes grossièrement écrasés
– 125 ml (1/2 t) de noix de coco râpée
– 67 ml (4 1/2 c. à soupe) de cacao non sucré
– 5 ml (1 c. à thé) d’essence de vanille
– 30 ml (2 c. à soupe) de café ou d’alcool (arak, rhum ou ce qui vous tente)

Mélanger le sucre et le beurre. Ajouter les céréales, la noix de coco, le cacao, la vanille et le café ou l’alcool. Façonner la pâte en petites boules. Rouler celles-ci dans de la noix de coco râpée ou des copeaux de chocolat. Réfrigérer jusqu’au moment de servir.

Photo: www.imagebank.sweden.se (c) Pål Allan/Swedish Institute.

 

DOUCE COPENHAGUE
Qu’ont en commun le cinéaste Lars Von Trier, la romancière Karen Blixen et le conteur Hans Christian Andersen? Ils sont tous nés au Danemark, le pays le plus au sud de la Scandinavie. Située entre l’Allemagne et la Suède, sur l’île de Sjælland, Copenhague ressemble à une carte postale empreinte de douceur, avec tous ses canaux et ses jolis parcs. C’est cette tendresse voilée de nostalgie qu’affiche le visage de la Petite Sirène (vraiment petite) sur les rives de l’Yderhavnen. Cette sculpture de l’héroïne du conte d’Andersen est toujours aussi courtisée par les touristes qui, après l’avoir admirée, vont souvent visiter le Kunstindustrimuseet, ou musée des arts décoratifs, avant de rejoindre le coeur de la ville. Une ville où on se sent parfaitement en sécurité, où on peut flâner en admirant le château de Christiansborg, la bibliothèque royale, les élégantes maisons du 18e siècle, les jardins de Tivoli, les galeries d’art et la place Kongens Nytorv, qui s’ouvre sur les quais où tanguent des péniches. Tout ça en grignotant des raisins achetés dans une échoppe.

Une des plus agréables façons de visiter Copenhague, c’est de se fondre dans les petites rues où se multiplient les restaurants et les boutiques (comme ils sont souvent en demi-sous-sol, il faut marcher lentement afin de ne rien rater). Mon coup de coeur? Les châles de Tekstilgalleriet. J’ai longuement hésité entre une écharpe en dentelle de laine noire, aérienne, féminissime, et un châle rouge au tissage original. J’ai choisi le châle, mais je regrette aujourd’hui de ne pas avoir rapporté les deux.

Tout près du musée de l’érotisme s’étend sur quatre étages la maison Bodum (Østergade 10), connue dans le monde entier pour sa célèbre cafetière. Sur la rue Kronprinsensgade, il faut s’arrêter chez A.C. Perch’s, un vénérable salon de thé tenu par la même famille depuis 1835. En y entrant, on a l’impression de pénétrer dans une maison de poupées.

LE BON GOÛT DE LA MER
C’est la même impression qui nous envahit quand on pousse la porte de Puk, un des plus vieux restaurants de Copenhague (on y on sert des repas depuis 1750!). Le sourire de la serveuse n’a pas faibli de la soirée même si elle était seule sur le plancher. Autour de moi, les convives oubliaient la pluie en dégustant un cocktail de crevettes (semblables à celles de Matane, mais plus douces), un subtil gravlax (plus fin que le nôtre, d’un beau rose pâle) et du renne fumé.

Les tables en bois, les longues banquettes, de même que les poutres apparentes et les gravures anciennes créaient une ambiance bon enfant et chaleureuse. Même atmosphère au formidable (et très couru) Husmann’s Vinstue, où j’ai enfin dégusté mes premiers harengs marinés à la lueur des chandelles, entourée des samovars qui décorent ce lieu depuis 1888. Pour qui a un bon appétit, il faut choisir le trio de harengs – à la crème, au vinaigre et frits –, suivi de la plie et de sa sauce tartare, du boeuf et de sa sauce rémoulade ou des travers de porc au chou rouge, le tout arrosé de bière ou d’auquavit. Tout y était délicieux et abordable, pour cette ville si chère. Dans un cadre beaucoup plus chic, le long des canaux, je me suis régalée de la cuisine du Skipper Kroen. La sole au citron et la bouillabaisse de saumon tenaient leurs promesses, mais j’ai failli m’étouffer devant le prix de la bouteille de sancerre: 60$ CA. Dans un cadre plus intimiste (avec une cour agréable quand vient l’été), il y a Zeleste, tout en racoins, calme et très agréable, où le homard (exorbitant) est à l’honneur. Après avoir dévoré des pains craquants et moelleux au seigle et à la farine de blé, j’ai jeté mon dévolu sur une énorme salade de crabe accompagnée d’un grand verre de chablis à… 16 $! Preuve qu’il vaut mieux boire de la bière dans les pays nordiques.

Photo: www.imagebank.sweden.se (c) Nicho Södling/Swedish Travel & Tourism Council.

 

GOURMANDE STOCKHOLM

Capitale de la Suède, Stockholm mérite bien son surnom de Venise du nord, avec toutes ses îles où on se rend en bateau durant la belle saison, puis à pied ou en métro (magnifique) sous le frimas. Comme l’hiver suédois est aussi long et plus sombre que le nôtre (le soleil s’y lève plus tard et s’y couche plus tôt que chez nous), les habitants de ce pays se remontent le moral en dégustant tous les jours des gourmandises sucrées.

Cela dit, Stockholm n’est pas une ville pour les fanas de restos, mais pour les maniaques de déco, de meubles contemporains et d’objets design. Toutefois, à force de chercher, on trouve. De fort jolis salons de thé, entre autres. Il faut impérativement s’arrêter chez Sturekatten (4, rue Riddargatan), un établissement bourgeois du début du 20e siècle, pour déguster de somptueuses et délectables pâtisseries accompagnées d’un thé ou d’un chocolat chaud. Il y a même des gâteries pour les gens allergiques au gluten!

En arpentant les larges avenues de City, le quartier névralgique, ou les ruelles étroites de Gamla stan (la vieille ville), on s’arrête ici et là pour faire bombance. On se régale de hareng sous toutes ses formes chez
Tysta Mari, un resto de style cafétéria au coeur des halles
d’Östermalms Saluhall. Dans ce marché, les amateurs de gastronomie trouveront enfin leur bonheur. Imaginez des étals regorgeant de fromages, de charcuteries et de poissons fumés (il faut goûter l’anguille fumée de Lisa Elmqvist et ses harengs à la crème, à la lime et à la vodka), dont on fait provision pour se régaler le soir dans la chambre d’hôtel.

On peut aussi se perdre dans le marché intérieur d’Hötorget, où les habitués font la queue devant les comptoirs de poissons marinés, d’épices et de viandes avant d’acheter des fruits ou des fleurs à l’extérieur. Tout près, il y a le grand magasin
PUB, où l’actrice Greta Garbo a travaillé dans les années 20, et City
Åhléns, où la gastronomie et le shopping sont rois. On s’y restaure avant de prendre d’assaut le fameux
NK, sorte de Galeries Lafayette.

Pour une soirée dans un décor datant de 1722, il faut réserver chez
Den Gyldene Freden, où les murs chargés d’histoire, les chaises en bois vert forêt (un peu raides), l’argenterie, les verres fins et les napperons en lin bien empesés servent de cadre à une délicieuse cuisine. Les habitués y accourent tous les jeudis midis pour la fameuse soupe aux pois. Il faut aussi essayer l’exquis tartare de saumon ou les fricadelles, ces boulettes de porc servies avec une compote d’airelles, une purée de pommes de terre crémeuse et des concombres marinés.

Côté boutique, j’ai été totalement séduite par
Knits, où la laine se décline sur tous les modes et tous les tons. J’ai adoré
Aurea Vita pour les serviettes en lin, les lainages et les jolis chaussons pour enfants, ainsi que
Ekovaruhuset pour ses longs t-shirts fantaisistes et ses chaussures originales. En fait, tout le quartier de Gamla stan est un festival pour les yeux: beaux vêtements, jolis accessoires, bijoux aux lignes pures, etc. On y croise même des lutins, des elfes et des sorcières qui rappellent les légendes nordiques…

Article publié originalement dans le magazine ELLE QUÉBEC en octobre 2008.

Photo: Stockholm. www.imagebank.sweden.se (c) Nicho Södling/Swedish Travel & Tourism Council.