À Val Thorens comme à Val d’Isère, on est cernées par la beauté des montagnes et bercées par un art de vivre décontracté, qui invite au lâcher-prise. Et qu’on se rassure: être championne de la glisse n’est pas du tout un préalable pour aspirer aux bouffées de bonheur que procure la contemplation des panoramas grandioses de la Savoie.

Carolyne Parent

Val Thorens: la sérénité prend de l’altitude

Je suis arrivée à la station en pleine tempête de neige. Ce même après-midi de mars dernier, sur la piste, je n’y voyais rien au bout de mon bâton. Il m’aura donc fallu attendre le ciel dégagé du lendemain pour constater que Val Thorens est entièrement ceinturée de massifs. Oh, le beau vertige !

Créée dans les années 1970 à 2300 m d’altitude, Valtho, comme l’appellent ses habitués, est la plus haute station de ski d’Europe. C’est aussi le pinacle des Trois-Vallées, le plus vaste domaine skiable du monde avec 600 kilomètres de pistes reliant sept stations, dont Les Menuires, Méribel et Courchevel. À la Cime de Caron, on est perché à 3200 m d’altitude; du sommet du versant Plein Sud, on aperçoit jusqu’au mont Blanc! Mais au-delà des statistiques et des superlatifs, Valtho se distingue par cette proposition nouvelle: profiter de son séjour à la montagne pour viser… la sérénité.

C’est un médecin, le Dr Philippe Rodet, spécialiste de la gestion du stress et du «management bienveillant», qui a eu l’idée, lors d’un séjour à l’hôtel Pashmina, de valoriser le paysage et l’air pur alpins aux fins de reconnexion avec soi-même. «Avec lui, on a élaboré une approche de bien-être pour démontrer qu’à côté des sports, où on se donne à fond, on pouvait aussi s’adonner à des activités zen», explique Emilie Rouzaud, chargée du programme My Serenity à l’Office de tourisme de Val Thorens.

Lancé par la station à l’hiver 2018 et bonifié d’année en année, le programme est destiné tant à ceux qui y travaillent qu’à ceux qui s’y amusent. Attitudes à adopter, expériences à vivre et activités auxquelles prendre part pour atteindre son mieux-être sont suggérées dans un beau carnet de papier velouté, Votre guide anti-stress et bienveillant, distribué à tous. Des exemples? Vivre le moment présent lors d’une sortie de ski de randonnée assortie d’exercices de Qi-gong avec la praticienne de médecine chinoise Caroline Vincent; s’offrir un smoothie riche en antioxydants pour contrecarrer l’effet du stress sur notre organisme; apprendre à mieux respirer sur la piste avec Annie Breyton, ex-championne de ski de vitesse! «On souhaite amorcer une prise de conscience à poursuivre à la maison», ajoute la chargée de projet.

Cela dit, à Val Thorens, c’est connu, on skie et on fait la fête (l’âge moyen de ses vacanciers est 36 ans). « On ne va pas changer l’identité de la station; My Serenity est un complément», précise-t-elle.

Ça tombe bien: nous, on veut tout!

Un Igloo-Pod de l'hôtel Pashmina

Un Igloo-Pod de l'hôtel PashminaGérard Cottet

Nos plans sereins

ON S’INSTALLE à l’hôtel-boutique Pashmina Le refuge. On aime son emplacement, à l’orée des pistes; la présence, dans les chambres, de meubles d’appoint chinés dans les fermettes de Savoie et du Piedmont voisin; ses Igloo-Pods (photo ci-dessus), dômes géodésiques romantiques, posés sur un toit et chauffés au poêle à bois; ses petits déj santé à la Serenity (bonjour, baies de goji!); ses concerts près de la cheminée; son spa, ses cours de yoga… bref, son aura de bonheur. hotelpashmina.com

ON MUSARDE à l’Alpen Art. C’est un lounge, un restaurant, une épicerie fine et une galerie d’art, en un mot un concept store inspirant. alpenart.fr

ON MAGASINE chez Supernova, une boutique de vêtements et d’accessoires assortie d’un café. L’établissement appartient à Amélie Simond, valthorinoise et ex-skieuse hors piste professionnelle.

ON TRINQUE sur la terrasse de La Folie douce, avant la dernière descente. Né à Val d’Isère, ce concept de clubbing en plein air a un succès fou!

ON DÎNE à La Laiterie, à même l’hôtel Altapura, pour se régaler de fondues et raclettes qui font honneur aux fromages du terroir. altapura.fr

ON S’INFORME sur valthorens.com. On rejoint Caroline Vincent (lenergiedubienetre.wordpress.com) et Annie Breyton (ski-cool.com).

Val d’Isère: comme dans un livre d’images

Peu à peu, la vallée se resserre et se rétrécit jusqu’à ce que les massifs étreignent Val d’Isère. Au fond d’un majestueux cul-de- sac, dans un petit village de haute montagne, des chaumières de pierre et de bois, groupées autour d’une fière église, se fondent à l’environnement et participent à sa féérie.

«Avec ces constructions qui lui donnent son cachet, Val d’Isère est un lieu mythique, estime Valérie Boulenger, directrice de l’hôtel Les Barmes de l’ours. Importante étape de la Coupe du monde de ski, le village a vu grandir le champion olympique Jean-Claude Killy. Même Les Bronzés ont fait du ski ici…» On se souviendra de Josiane Balasko et de sa réplique culte: «La neige, elle est trop molle pour moiii!»

Créée en 1934 à la fois pour tirer la localité de son isolement hivernal et pour prendre avantage de son enneigement exceptionnel, la station s’est depuis imposée à l’échelle mondiale. Jumelé à Tignes, le domaine skiable compte 300 kilomètres de pistes (dénivelé de 1900 m) et deux glaciers. Il porte le nom d’Espace Killy, en l’honneur de l’athlète olympique.

En elle-même, la station a de quoi séduire tous les calibres de skieurs. Cap sur les vallons du Fornet pour s’élancer dans la poudreuse; sur le massif de Solaise pour de la glisse contemplative ou familiale; et sur la face de Bellevarde, où ont eu lieu les épreuves de vitesse masculines des Jeux olympiques d’Albertville, pour des descentes sportives.

Hors piste, on se promène à pied de boutique en bar et de bar en bistro, ou on emprunte la navette gratuite qui relie le cœur du val aux autres secteurs de la station. «J’aime beaucoup l’ambiance décontractée, authentique, qui règne ici», me confie Alexandra Verret, une restauratrice de Magog croisée au village. À ce sujet, Caroline Perrin, une habituée venue d’Évian, ajoutera: «C’est parce qu’à Val d’Isère, on vient pour skier, pas pour frimer!»

Nos plans de rêve

ON S’INSTALLE au pied de Bellevarde, aux Barmes de l’ours (en patois savoyard, le mot «barme» désigne une caverne). On aime tous les styles de ses chambres (choisirons-nous «Chalet d’alpage» ou «Loft contemporain»?). On aime aussi la chaleureuse Table de l’ours, étoilée au Michelin; la salle de quilles mini, qui assure des fins de soirée rigolotes; et le spa de rêve. Au village, Oh Crazy Barm’s, la librairie-salon de thé de l’hôtel, est un douillet cocon. (hotellesbarmes.com) Dormir là-haut, à 2550 m d’altitude, en dortoir ou en chambre, est également possible au tout nouveau Refuge de Solaise (lerefuge-valdisere.com).

Dormir à 2550 m d'altitude au tout nouveau Refuge de Solaise

Dormir à 2550 m d'altitude au tout nouveau Refuge de SolaiseGracieuseté du refuge

ON MAGASINE chez Mountain Girl pour des vernis à ongles bios, des bandeaux tricotés par une instructrice de ski du coin et des cachemires (mountaingirl.fr), ainsi qu’à l’antre des beaux objets déco qu’est Seccotine, au cœur du hameau.

ON TRINQUE chez Jules, sur la place centrale, à l’heure de l’après-ski. À La Cave à vin, on déguste de bons crus de la Savoie. Et miam, le chocolat chaud et la tarte à la myrtille à la pâtisserie du «meilleur ouvrier de France», Patrick Chevallot (chevallot.com)!

ON MANGE impérativement à l’Atelier d’Edmond (deux étoiles Michelin). On y va le midi, en sortant du téléférique à la base du Fornet: un menu gastronomique du marché, en cinq services, nous y attend pour 55 €! (atelier-edmond.com).

ON SORT à l’église (!), où on vit un moment de grâce le temps d’un concert d’extraits d’œuvres classiques célèbres, en janvier et en mars. (festival-classicaval.com).

ON S’INFORME sur valdisere.com (et on télécharge l’appli!).

En passant par Lyon

Pour se rendre en Savoie, on atterrit à Genève, en Suisse, ou à Lyon, en France. Dans un cas comme dans l’autre, on n’est plus qu’à 240 km de Val d’Isère et Val Thorens. Mais avouons qu’une halte dans la capitale française de la gastronomie est… alléchante! D’autant plus qu’on y trouve un service d’autocars (altibus.com) qui dessert les deux stations.

Pour profiter au maximum de cette étape, on se pose à la Cour des Loges. Cet hôtel-boutique réunit quatre bâtiments érigés entre les 14e et 17e siècles; il comprend même une «traboule», ce passage qu’empruntaient jadis les travailleurs de la soie lyonnais pour livrer les étoffes d’une rue à l’autre. Outre son emplacement au cœur du Vieux-Lyon, on aime son cadre historique empreint de mystère et son brunch gourmand. (courdesloges.com)

Carolyne Parent