Entre mer et lagon, Palm Beach est la vitrine d’un âge d’or états-unien à des années-lumière de la vulgarité d’un Donald Trump, le paradoxe étant pourtant… qu’il y réside, dans ce manoir baptisé  Mar-a-Lago! 

Cet âge d’or correspond à l’époque des « dynasties » qui ont façonné la localité à leur image – des Lauder aux Kennedy en passant par les Vanderbilt, sans oublier les Flagler. Car c’est Henry Morrison Flagler, un magnat du pétrole, qui a fondé Palm Beach.

De Jacksonville à Key West, ce propriétaire d’un chemin de fer a fait construire un chapelet d’hôtels luxueux destinés aux passagers de ses trains. Dans l’île, côté lac Worth, son Royal Poinciana voit le jour à la fin du 19e siècle et donne le coup d’envoi à la destination. Puis, en 1901, côté Atlantique, il inaugure The Breakers pour satisfaire une clientèle exigeant de plus en plus « une chambre down by the breakers, au pied des brisants ».

The Breakers

D’abord érigées en bois, les deux premières moutures de l’hôtel furent détruites par le feu, le dernier incendie ayant été causé… par un fer à friser.

Datant de 1926 et inspiré de la Villa Médicis, à Rome, l’établissement actuel est grandiose. Il compte 538 chambres et suites, 10 restaurants dont Henry’s, quatre piscines, une plage privée, un super gym avec vue sur l’océan, des espaces publics pleins de charme, comme Palm Court, ainsi que terrains de tennis et parcours de golf. Ses vastes halls et salons aux riches tentures et lustres monumentaux lui confèrent par ailleurs un air de parenté avec les palaces Fairmont en sol canadien, ceux-là même où descendaient jadis les passagers du Canadien Pacifique d’un bout à l’autre du pays.

« The Breakers, c’est bien sûr une histoire, mais ce qui rend l’endroit excitant, c’est qu’on y investit à hauteur de 25 millions $ annuellement, ce qui fait que nos hôtes y trouvent toujours quelque chose de nouveau », fait valoir Sarah Flight, porte-parole de l’hôtel.

The Breakers

The BreakersThe Breakers Palm Beach

The Breakers

The BreakersThe Breakers Palm Beach

Le Musée Flagler 

Whitehall est un National Historic Landmark et c’est certainement, avec Monticello, le domaine de Thomas Jefferson en Virginie, l’une des plus somptueuses résidences historiques que nous ayons visitées aux États-Unis!

Édifiée en 1902, celle-ci se voulait le cadeau de noces de Henry à son épouse, Mary Lily Kenan. Des 75 pièces de la demeure, nos préférées sont la salle de musique et ses pianos mécaniques, de même que le dressing de madame (elle se changeait sept fois par jour, selon le guide!). À voir aussi : le Railcar No. 91, une voiture de train datant de 1896 que M. Flagler utilisait pour inspecter son empire ferroviaire.

Musée Flagler 

Musée Flagler The Flagler Museum

Cour intérieure, Musée Flagler 

Cour intérieure, Musée Flagler Carolyne Parent

Worth Avenue

Alignant boutiques de luxe et bonnes tables, c’est l’épicentre du chic de Palm Beach. Ici, à l’heure du lunch, des mannequins font irruption dans les restaurants pour montrer LA tenue de la saison, LE sac de la demi-heure. Une bonne adresse locale? Le bistro Le Bilboquet, dont la cuisine s’inspire des couleurs et saveurs du sud de la France. Le soir, on y va pour sa cour intérieure intime, la gentillesse du personnel, son crudo du jour, son plat phare, le poulet cajun, sa belle carte des vins et ses habitués, parfois excentriques, qui se donnent en spectacle! 

Worth Avenue

Worth AvenueDiscover The Palm Beaches

Le mannequin Sky Meadow Palma, défilant sur Worth Avenue

Le mannequin Sky Meadow Palma, défilant sur Worth AvenueCarolyne Parent

The Colony

À trois pas, la vie en rose du Colony se poursuit depuis 1947. Érigé pendant le boum immobilier de l’après-guerre, alors que les voyageurs découvraient Palm Beach, et restauré à grands frais, l’hôtel iconique de 89 chambres préserve ses trésors d’époque – papiers peints ludiques signés de Gournay, chinoiseries, boîtes aux lettres en laiton. Il est aussi bien de son temps, sa nouvelle boutique, The Colony Edit, mettant en vedette Vilebrequin et autres marques de l’heure.

Chez Swifty’s at The Colony, on déguste une tartine ou le Billionaire’s bacon and meatloaf en zyeutant la faune qui s’ébat dans la piscine ou se détend sous les parasols. Une vraie scène de film! 

En face, Casa Manana, où vivait l’ancien propriétaire de l’hôtel, a été reconvertie en « villas ». Afin de donner un nouveau souffle à ces appartements, des designers stars ont été invités à les aménager parmi lesquels Aerin Lauder. Et c’est ainsi que la Villa Jasmine porte la griffe floridienne trad de la petite-fille d’Estée Lauder, la légende du monde des cosmétiques. Aussi, pour explorer le Palm Beach que la directrice style et image de Lauder a connu dès son enfance, en séjournant dans la maison de bord de mer de sa grand-mère, on consulte le très bel album qu’elle a signé chez Assouline.

L'hôtel The Colony

L'hôtel The ColonyLeslie Uruh

Le lobby orientaliste du Colony

Le lobby orientaliste du ColonyBrantley Photo

Une chambre de l'hôtel restauré

Une chambre de l'hôtel restauréLeslie Uruh

Chez Swifty's

Chez Swifty'sCarolyne Parent

Sant Ambroeus

En fait, voici déjà une des bonnes adresses d’Aerin Lauder. Ce restaurant italien, et plus spécifiquement de cuisine milanaise, réjouit l’œil de par son style Art déco. À l’extérieur, sa terrasse se répand aux abords d’un plan d’eau rafraîchissant. Le tout fait partie d’une destination shopping belle à croquer : la Royal Poinciana Plaza. À proximité, une autre adresse rétro tirée du carnet des Lauder est le glacier Sprinkles, où on se régale de glace Triple Chocolate Supreme!

La salle à manger du Sant Ambroeus

La salle à manger du Sant AmbroeusSant Ambroeus

Le chariot à gelato du Sant Ambroeus

Le chariot à gelato du Sant AmbroeusSant Ambroeus

À la Royal Poinciana Plaza

À la Royal Poinciana PlazaCarolyne Parent

The White Elephant et LoLa 41

Au White Elephant, trêve de rétro, même si l’immeuble, classé, date de 1924 et donne dans le plus pur style architectural local, à savoir le Mediterranean Revival! De fait, des œuvres d’art contemporain (bonjour, Lady of the House, par Orit Fuchs!) nous font de l’œil partout et ce, dès le hall, où on nous accueille avec un verre de champagne.

Petit nouveau de Palm Beach situé au cœur d’un quartier résidentiel, The White Elephant est un établissement lumineux comptant 32 chambres spacieuses, dont huit avec terrasse. (Si le nom ne vous est pas inconnu, c’est qu’il a aussi une enseigne à Nantucket.) 

Près de la piscine, le restaurant LoLa 41 sert sushis et burger sauce au foie gras. À l’heure cocktail, la jeunesse dorée de l’île se réunit au bar pour siroter un Concubine à base de concombre et saké.

Et c’est par où, la plage? Eh bien, c’est par là, à distance de marche. On empruntera un vélo ou une BMW afin d’explorer le reste de l’île, et voilà! 

Pour Bernhard Duerrmeier, le directeur général de l’hôtel (et un fan de Montréal), « Palm Beach, c’est la classe, l’élégance, la civilité ». Et c’est idem pour le White Elephant!

Le White Elephant

Le White ElephantChi Thien Nguyen Elkus Manfredi Architects

Le White Elephant

Le White ElephantChi Thien Nguyen Elkus Manfredi Architects

Au LoLa 41

Au LoLa 41Ovi Mustea

Une dégustation sushi-saké au LoLa 41

Une dégustation sushi-saké au LoLa 41Ovi Mustea

À ne pas manquer chez la voisine, West Palm Beach…

Le Norton Museum of Art présente A Personal View on High Fashion and Street Style – Photographs from the Nicola Erni Collection: 1930s to Now. Cette formidable expo réunit des photos de Horst, Beaton, Lartigue, Vivian Maier, Sarah Moon, Penn, Avedon, Meisel, Testino, ce cher Helmut, Demarchelier, Lindbergh, Weber, Ritts… Bref, ils sont tous là, et les supermodels aussi! (Jusqu’au 12 février prochain). À noter, le vendredi soir, c’est Art After Dark, une programmation spéciale dont on peut profiter après avoir cassé la croûte au bistro.

Au musée, à West Palm Beach

Au musée, à West Palm BeachCarolyne Parent

Photo de l'exposition

Photo de l'expositionPeter Lindbergh Foundation, Paris

Linda Evangelista, Tatjana Patitz, Christy Turlington, Estelle Lefébure, Karen Alexander, Rachel Williams pour le Vogue US, 1988

À noter
*Air Canada opère son vol saisonnier entre Montréal et West Palm Beach jusqu’à la fin d’avril 2023.

Voir d’autres possibilités d’hébergements sur booking.com.

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