«Born and raised à Montréal», d’un père anglophone et d’une mère francophone («en français, je fais des anglicismes, et en anglais, je dis des mots francos qui n’existent pas. Je suis la définition même du franglais!»), Zoe Sanders rêve d’une grande carrière de chanteuse dès l’âge de six ans. La fillette a toujours baigné dans un environnement musical. Il faut dire qu’il y a des exemples inspirants autour d’elle. «Betty Bonifassi est une amie de la famille, dit Zoe. Elle a été un pilier dans ma vie. Elle m’a permis d’écrire une de mes premières chansons. Je suis vraiment choyée, car j’ai grandi entourée d’artistes de tous les genres. Ce métier ne m’a donc jamais semblé inaccessible. Quand j’ai vu Betty aux Oscars pour Les Triplettes de Belleville, ça m’a prouvé que tout est possible si on travaille fort.»

Et travailler fort, cette femme de 27 ans n’a pas raté de le faire pour aboutir à son premier album, Viral Education, qui paraîtra sous l’étiquette Audiogram le 18 septembre prochain. Les singles Stay et Foolish, parus au cours de la dernière année, ont été de délectables avant-goûts de cet opus, et la pièce Silver Boy, sortie le jour même de notre entretien, est d’autant plus convaincante qu’elle se savoure sur plusieurs plans. «Je voulais que cette chanson dansante soit un hymne au célibat. Depuis notre tendre enfance, on lit des contes de princes et de princesses, on regarde des films à la Bridget Jones’s Diary, dans lesquels il y a toujours une quête d’amour faite dans le but de se compléter, soi. Pourtant, tout le monde le sait, pour être vraiment complet, il faut d’abord s’aimer soi-même. On n’a pas nécessairement besoin de quelqu’un dans sa vie. Il vaut toujours mieux être seule que mal accompagnée. Plusieurs de mes chansons abordent ce thème, car c’est important pour moi de partager ce message.»

More than a pretty face

Quand je demande à Zoe comment elle se définit comme artiste, un ange passe. «Si je dois absolument me mettre une étiquette, répond-elle hésitante, je vais dire que je suis une chanteuse pop, mais, pour moi, ça ne signifie plus grand-chose, car tout ce qui est populaire, tout ce qui se trouve dans le Top 40 à la radio, c’est de la pop. Et je dois aussi avouer que je trouve ça difficile de me comparer à d’autres chanteuses. Tu sais pourquoi? Parce qu’il me semble qu’on compare trop rapidement deux femmes qui chantent, et souvent en passant des commentaires sur leur physique, ce qu’on ne fait pas ou presque pas avec les hommes. Ça m’énerve!»

Elle poursuit: «Oui, j’ai un passé de mannequin, mais je fais de la musique pour les oreilles, pas pour les yeux. Mes premiers singles ont été vraiment bien reçus. Moi qui n’avais aucune attente, je suis blessed. Mais j’ai aussi conscience qu’on vit dans un monde superficiel et que je corresponds aux standards de beauté. La beauté, c’est cependant un couteau à double tranchant. Je sais que ç’a peut-être déjà pu m’ouvrir certaines portes, mais, une fois la porte ouverte, il faut quand même bûcher fort pour réussir à garder sa place.»

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