17 juin 2019.
Les Francos de Montréal battent leur plein. C’est dans la seule journée de promo de l’été de Vincent (Loulou pour les intimes) que son attachée de presse a réussi à trouver 45 minces minutes pour notre entretien. L’artiste a de la broue dans le toupet – au sens propre comme au figuré.

Douce brise tiède, soleil ardent: l’entrevue se déroule à l’extérieur, beau temps rarissime de juin oblige. Assis devant moi à une petite table bancale, en plein milieu de la place des Festivals, le jeune homme de 23 ans qui termine hâtivement sa crème glacée, c’est aussi la Révélation Radio-Canada en chanson 2019-2020 et l’artiste que tous les programmateurs semblent convoiter.

Bien qu’il soit ultraconscient de tout ce qui lui arrive, Vincent ne se la joue pas. «On sort un album, on parle ensemble pour un magazine, je suis au top de certains palmarès, mais en même temps, le monde n’arrête pas de tourner quand je sors dehors, lance-t-il en boutade. Je ne suis pas Prince. Je me pose beaucoup trop de questions pour me prendre au sérieux. De toute façon, c’est quand tu commences à te trouver bon que tu stagnes. Ce qui me ferait chier, par exemple, ce serait d’avoir pogné mon peak à 23 ans.»

Les Louanges

Photo: Richmond Lam

Cette phrase, c’est du Vincent Roberge tout craché: un  gars brillant doté d’un langage coloré. Un diamant brut pas encore poli. Un artiste inimitable que personne n’est venu à ce jour formater.
«Je n’ai pas de plan de carrière ni de grand agenda, poursuit-il, mais il s’est passé plein de trucs dans ma vie dont j’avais envie de parler. Tant qu’à attendre de lancer un nouvel album, j’ai voulu faire Expansion Pack, qui est un complément au disque. Il n’y a donc pas de virage à 180 degrés, même si ce EP est quand même plus électro. Il sonne plus comme la chanson Tercel que comme La nuit est une panthère, mettons. J’ai eu du fun à le créer sans avoir à me réinventer à 100 %.»

Parlant de Tercel – nommée au Prix de la chanson SOCAN 2019 –, cette pièce est devenue plus grande que nature, touchant bien plus de gens que Vincent aurait pu l’imaginer. «Après un show à Drummondville, il y a une mère de trois jeunes enfants qui est venue me dire que lorsqu’elle trouve la semaine difficile, son mantra, c’est: “C’est pas la fin du monde, me semble, même si on n’y arrive pas à la fin de la semaine.” Puis, il y a une autre femme, haut placée au CHUM, qui a fait découvrir mon album à ses employées. L’une d’entre elles est venue me voir après un spectacle pour me confier que, quand sa boss fait des choix de vie ou de mort, elle pense à ma chanson. Quand même! (Rires) Pourtant, de mon bord, j’étais tellement kid quand j’ai écrit ça. C’est juste l’histoire d’un gars qui n’aime pas aller au cégep et qui ne sait pas ce qu’il va faire de sa vie. Mais j’avoue que ça vient de quelque part de vrai. C’est sûrement pour cette raison que les gens peuvent s’y identifier et l’adapter à leur réalité.»

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