Pour l’avoir entendu souvent en entrevue, je la sens fragile, la voix éraillée, mais désireuse de tenir son engagement envers quelques journalistes triés sur le volet en marge de la sortie de son dernier-né, Les Testaments, qui arrive une trentaine d’années après La Servante écarlate dont l’adaptation à la télé l’a plus que jamais mis à l’avant-plan sur la scène internationale. Tant mieux pour la littérature canadienne, cette représentante n’a rien de banal.

« Ces dernières années n’ont pas été faciles… Il m’arrivait de penser de ne pas pouvoir terminer ce roman. Mais, bon, on y est, je suis très soulagée. », exprime-t-elle en anglais, préférant réserver son français – qu’elle parle plutôt bien – pour les rencontres en personne. Atwood est une perfectionniste qui tient à tout faire avec excellence, comme une première de classe. Une première de classe rebelle tout de même. Celle qui célèbrera ses 80 ans le 18 novembre n’est pas du genre à rester dans son coin à faire du tricot en ressassant ses souvenirs… Elle n’a jamais cessé d’écrire, son œuvre est imposante et majeure, reconnue partout dans le monde, suffisamment pour qu’elle soit souvent pressentie pour remporter le Nobel de littérature. Ce ne sera pas encore pour cette année…

Qu’à cela ne tienne, la Torontoise a vu neiger et préfère profiter du temps qui passe pour voyager, donner des conférences, rencontrer ses fans. Avec son agenda de star, elle n’a rien à envier aux nobélisés. C’est d’ailleurs en suscitant l’admiration qu’elle s’est livrée à une séance photo inédite avec le célèbre photographe Tim Walker pour la une de l’édition de septembre dernier du Sunday Times Style. « Quelle élégance ! », « C’est comme si elle avait fait ça toute sa vie ! », « Bienvenue aux mannequins du troisième âge », pouvions-nous lire ici et là sur les réseaux sociaux où les splendides photographies ont finalement circulé. « J’ai adoré me prêter à ce jeu. Ce n’est pas un secret pour personne, j’ai toujours aimé la mode, choisir des vêtements, les agencer, jouer avec les tissus, les couleurs… Je pense avoir été un bon modèle, je savais ce que je voulais… à mon âge ! », commente-t-elle.

Une prochaine carrière de mannequin en vue? « Oh non non non ! Je suis en train d’écrire un recueil de poésie… », précise-t-elle en recevant ma blague dans un sourire. Puisqu’elle reste une femme mystérieuse fidèle ses principes, elle n’en dit pas plus sur ce projet. On verra bien. On l’attendra toujours, elle nous a conquis depuis longtemps.

Photo: Jean Malek

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