Rose-Marie, qu’est-ce qui te plaisait à l’idée d’incarner Victoire Du Sault au cinéma? 

C’est un personnage féminin fort, une femme qui sortait des sentiers battus dans tous les aspects de sa vie. Elle avait l’ambition d’être cordonnière. C’était la seule femme de son village qui avait un désir de la sorte. Et même si tous les hommes autour d’elle lui disaient qu’elle ne pouvait pas y arriver, elle a mené à bien son entreprise. C’était une visionnaire, une femme d’affaires accomplie. Et on peut dire la même chose de sa vie sentimentale. Elle a vécu des amours passionnelles, chargées de secrets. Elle a suivi son cœur dans tous les aspects de sa vie, même si ce n’était pas ce qui était prescrit aux femmes à cette époque.

Comment t’es-tu préparée à ce rôle? 

On devait tourner un an avant la pandémie, mais finalement, le tournage a été reporté. Donc, j’ai eu beaucoup de temps pour penser à Victoire. Je suis aussi allée rencontrer un cordonnier. Un homme qui, encore à ce jour, fait de la cordonnerie à la manière ancienne, un peu comme ce que Victoire pouvait faire à l’époque. Ça m’a aidée à développer un petit côté manuel et à faire en sorte qu’on croie à la façon dont Victoire manie le cuir et prend les objets. Elle est très physique: elle fonce, elle touche et elle possède une sensualité que j’adore.

L’histoire se déroule au 19e siècle. Jusqu’à quel point le costume d’époque influence-t-il le jeu d’une comédienne?

À mon avis, le costume vient compléter le travail que j’ai fait en amont. Les femmes de l’époque portent des corsets. Victoire veut être libre, mais elle souffre des contraintes qu’on lui impose. Elle est littéralement «corsetée», cette femme-là. Et c’est une image très significative parce qu’elle veut s’émanciper. Le rituel d’enfiler le corset le matin, puis de l’enlever à la fin de la journée, je trouvais ça fort comme symbole.

C’est un récit fascinant sur le plan tant humain qu’historique, n’est-ce pas? 

C’est un beau portrait du Québec des années 1850, mais ce n’est pas un film poussiéreux. Victoire est habitée par les mêmes envies et les mêmes aspirations que plein de femmes d’aujourd’hui. C’est une histoire très universelle, malgré l’époque où elle se déroule.

Le film La cordonnière sera en salle dès le 17 mars. 

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