Un autre entretien zoom. Une impression pesante de déjà-vu s’empare de moi lorsque j’arrive dans la salle d’attente virtuelle. Puis, toute cette lassitude s’évanouit. Antoine apparaît, souriant et visiblement ravi d’être convié à parler de son nouveau projet, soit l’adaptation télévisuelle du roman Manuel de la vie sauvage, de l’auteur – et de son bon ami – Jean-Philippe Baril Guérard. Antoine tient le rôle principal (Kevin Bédard) de cette minisérie troublante, qui dépeint de façon tout sauf lisse l’univers d’une start-up technologique.

Antoine me confie d’entrée de jeu que ce rôle ne lui était pas destiné au départ. «Quand j’ai appris que le projet allait se faire, je n’avais aucune attente, car je savais qu’un autre acteur était pressenti pour jouer Kevin. Un gars plus vieux que moi, un gros nom, qui a plu rapidement au diffuseur. Mais cet acteur s’est désisté quelques mois avant le début du tournage.»

Jean-Philippe Baril Guérard, aussi scénariste de l’adaptation télévisuelle, a alors milité pour qu’Antoine, son ami de longue date, obtienne le rôle. Un militantisme de bien courte durée, car son idée a tôt fait d’être approuvée à l’unanimité par les décideurs du projet. «J’ai été flatté qu’on me choisisse pour interpréter ce rôle; ça m’a donné un boost de confiance, dit Antoine, en toute transparence. Mais ce qui m’excitait le plus, c’était l’idée de jouer du J-P, car je savais que ce serait un happening!»

Même si je sais pertinemment où Antoine veut en venir – surtout après avoir eu le privilège de regarder les trois premiers épisodes de la minisérie –, je lui demande: «Un happening? Dans quel sens?» «D’abord, c’est une histoire assez champ gauche: les personnages ne sont pas gentils du tout, et ça en fait un show un peu alien, dans le bon sens du terme. Je trouve essentiel de faire des téléséries qui se différencient des autres au Québec. On a tendance à ne pas prendre de risques pour ne pas déplaire, à ne pas dépasser les bords. Donc, quand il y a des perles comme celle-là, il faut en être fier.» 

Jouer avec le boss

En plus d’interpréter le personnage principal d’une télésérie pour la toute première fois, l’acteur de 28 ans ajoute un nouvel élément à sa feuille de route, soit celui de partager l’écran avec le producteur de la série, Louis Morissette. Une entreprise délicate et singulière? Plutôt tout le contraire, selon Antoine. «C’était ma-la-de!, insiste-t-il. Louis, quel homme extraordinaire! C’est un bon producteur, un excellent leader, et il a fait une super job d’acteur sur la série. Je dois avouer que j’étais un peu stressé au départ, car mon personnage est en conflit avec le sien. C’était d’être frondeur avec le boss du show.» Antoine pousse un rire timide et poursuit: «Grâce à Louis, j’ai aussi eu droit à quelques petits passe-droits lors du tournage. Il m’a permis de faire une autre prise, alors que le temps manquait, prise que personne sur le plateau n’aurait autorisée s’il n’avait pas été là. Il souhaitait que je sois satisfait du résultat. C’est un homme d’une grande sensibilité.»

Manuel de la vie sauvage, à voir dès maintenant, à 20 h, à Séries Plus.

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