Vous souvenez-vous du moment où vous avez pris conscience que votre relation était importante?

MANI — Quand on a commencé à se fréquenter, on est partis à New York avec des amis. On est allés voir un show de Noël off-off-off-off Broadway. (Sophie cherche le titre sur son téléphone.) 

SOPHIE — Oh! C’était The Sexy Nutcracker! Bref, avant le début du spectacle, on a eu une petite conversation sur notre relation. Trois mois après, Mani emménageait chez moi!

Parlez-moi des moments du quotidien où vous sentez concrètement que l’autre vous aime.

SOPHIE — Je le sens dans la façon que Mani a de faire attention à moi. Il a toujours la bonne façon de me parler et sait instinctivement quoi me donner pour me rassurer: un câlin, un bon mot, un café. Il sait presque mieux que moi comment prendre soin de moi.

MANI — Moi, je le sens de façon constante. C’est niaiseux, mais ça se passe beaucoup par textos. On travaille tellement et on est souvent loin l’un de l’autre; donc, les mains tendues au courant de la journée ont une grande importance. On s’envoie beaucoup de photos, de souvenirs, de blagues, de mots d’amour… 

SOPHIE — Beaucoup de GIF, aussi! On est toujours en contact, en fait. Cet espace virtuel est vraiment important pour nous.

Comme le travail est central dans votre vie, comment tracez-vous la limite entre vos univers personnels et professionnels?

SOPHIE — Avec le temps, on parle moins de nos projets artistiques à la maison. On ne se fait plus faire d’italiennes. Quand je t’ai vu sur scène dans Zéro, je ne savais presque rien de ton œuvre, parce que tu m’en avais très peu parlé… et je suis retombée en amour avec toi!

MANI — D’une certaine manière, on se redécouvre à travers notre art respectif. C’est beau. Pour nous, ça maintient l’admiration mutuelle.

SOPHIE — Oui, et ça nous permet de nous surprendre et de nous étonner encore.

MANI — Ça explique peut-être pourquoi on ne travaille pas ensemble. On haït ça! (Les amoureux éclatent de rire.) On fait ce qu’on a à faire à la maison, on s’occupe de notre fils. Et à côté, on s’épanouit dans notre travail, ce qui nous fait nous découvrir mutuellement dans d’autres aspects.

SOPHIE — Et quand il y en a un qui travaille plus que l’autre, il en reste un pour garder le fort. On est bons là-dedans. On prend aussi de longues vacances ensemble. En 2018, on a passé trois mois en Asie avec notre fils. Sinon, on part un mois chaque été. Ça nous permet de nous déposer, de cultiver notre grande curiosité et d’être ensemble, en trio.

Selon vous, qu’est-ce qui est le plus beau dans une relation qui dure?

SOPHIE — Je trouve ça réconfortant de savoir qu’une partie de moi est à l’extérieur de moi, avec lui. (Elle se tourne vers Mani.) Et bien sûr, le plaisir de te redécouvrir. Quand ça a fait 11 ans qu’on était ensemble, tu as chanté TOUT Notre-Dame de Paris! Je ne suis pas prête à en revenir de toi!

MANI — C’est une relation qui se déplie longtemps. Longtemps, longtemps, longtemps.

SOPHIE — Il y a des moments calmes, des moments merveilleux; parfois, on s’emmerde, puis on revient. Ce sont des cycles. On n’a pas «check in» en 2009 en se disant: «On se revoit dans 30 ans.» Ça reste tout le temps vivant. 

Sophie est en tournée avec la pièce Féministe pour Homme partout au Québec, et jouera dans la pièce Si vous voulez de la lumière à compter du 1er mars au Théâtre Prospéro. On pourra aussi la voir au cinéma dans le film Vampire humaniste cherche suicidaire consentant en 2023. Mani est le directeur artistique du Théâtre français du CNA. Il est de la distribution de la pièce Abraham Lincoln va au théâtre, présentée au TNM dès le 14 mars.

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