Elle entame un nouveau chapitre de l’Histoire des États-Unis. En montant sur la scène du Chase Center de Wilmington, dans le Delaware, ce samedi 7 novembre, Kamala Harris se présente comme la première femme vice-présidente du pays, mais aussi première femme noire et première femme d’origine asiatique à atteindre ce haut poste gouvernemental. À elle seule, cette démocrate née d’un père jamaïcain et d’une mère indienne révolutionne le système par trois fois.

Alors lorsqu’elle doit prononcer son premier discours en tant que vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris ne laisse rien au hasard. « Si je suis la première femme à occuper cette fonction, je ne serai pas la dernière. Parce que chaque petite fille qui nous regarde ce soir voit qu’il s’agit d’un pays de possibilités », a-t-elle déclaré. Une promesse faite dans une tenue réfléchie : un tailleur pantalon blanc signé Carolina Herrera et une blouse lavallière en soie assortie. Loin d’être un simple choix stylistique, elle vient appuyer les propos féministes de l’ancienne sénatrice démocrate.

Le blanc, hommage au mouvement des suffragettes

La tenue portée par la vice-présidente fait écho à celles portées par les militantes féministes du début du XXe siècle, qui avaient pour habitude d’arborer des robes blanches lors de manifestations pour le droit de vote des femmes. Couleur des suffragettes et de la National Organization for Women (NOW), elle continue d’être portée régulièrement par les femmes politiques américaines comme clin d’œil au combat pour l’égalité homme-femme. En février dernier, les membres démocrates du Congrès avaient toutes revêtu des vêtements immaculés pour le discours sur l’état de l’Union de Donald Trump. Avant elles, Hillary Clinton avait elle aussi revêtue un tailleur pantalon blanc lors de la convention d’investiture démocrate à Philadelphie, dans le cadre des élections américaines de 2016.

Pendant son discours, Kamala Harris a d’ailleurs rappelé le combat des femmes pour arriver à l’égalité. « ll y 100 ans avec le 19e amendement, il y a 55 ans avec la loi sur le droit de vote et maintenant, en 2020, avec une nouvelle génération de femmes qui ont déposé leur bulletin dans l’urne et ont poursuivi le combat pour le droit fondamental de voter et d’être entendues ».

La blouse lavallière, clin d’œil aux propos sexistes de Donald Trump ?

La vice-présidente élue a choisi d’associer une blouse lavallière à son tailleur immaculé, un style de chemisier très apprécié des femmes dans les années 80, alors que de plus en plus d’entre elles commençaient à occuper des postes à responsabilités. L’intransigeante Première ministre britannique Margaret Thatcher l’arborait d’ailleurs régulièrement pour faire face à ses homologues masculins.

Un vêtement du pouvoir que l’on appelle aussi « pussy bow » en anglais, autrement dit « nœud de chatte ». Un détail qui a son importance lorsqu’on sait que Melania Trump l’arborait en octobre 2016 pour le second débat Clinton-Trump. Deux jours auparavant, le « Washington Post » dévoilait une vidéo de son mari où l’on pouvait l’entendre dire « Quand vous êtes une star, les femmes vous laissent faire, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, les attraper par la chatte ». Une séquence sexiste qui avait fait le tour de la planète et provoqué un tollé général aux États-Unis. Dans ce contexte, le choix vestimentaire de Melania Trump avait été analysé par beaucoup comme une possible façon de dénoncer les propos de son époux, au point que la campagne du candidat républicain s’était vu dans l’obligation d’affirmer qu’il s’agissait d’un choix « non intentionnel ».

Alors lorsque Kamala Harris est apparue sur scène vêtue d’une blouse lavallière, nombreux internautes l’ont applaudie, certains qu’il s’agissait d’une façon subtile de critiquer Donald Trump. Parfois, un choix vestimentaire peut s’avérer plus percutant que les mots.

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