Vous connaissiez-vous avant de jouer ensemble dans À perdre la raison?

Émilie Dequenne: Non. On s’est rencontrés sur ce plateau. Grâce à ce film.

Comment avez-vous réussi à créer une chimie crédible entre vous deux?

Tahar Rahim: Émilie n’est pas seulement une comédienne très douée, c’est aussi une super camarade de plateau. Pour moi, cette camaraderie constitue un élément essentiel pour offrir une bonne performance. Elle instaure la confiance entre les partenaires.

Ce long métrage s’inspire d’un fait divers, tout comme La fille du RER, dans lequel Émilie incarnait aussi une femme qui existe vraiment. Vous n’avez jamais eu d’appréhension à l’idée d’interpréter le rôle de personnes réelles, qui iront sans doute voir vos films?

ÉD: Non, parce qu’à mes yeux, je ne joue pas quelqu’un qui existe réellement. Mon personnage possède son propre nom, et on suit un scénario «scripté» du début à la fin. Moi, c’est dans cette optique-là que j’aborde mon rôle. Je ne vois pas ce film comme une docufiction ni comme un documentaire. Je n’ai pas essayé de devenir cette femme-là.

TR: Il faut dire que contrairement à lorsqu’on tourne un biofilm, où on jouerait par exemple une personnalité publique connue de tous, dans ce cas précis, on a la liberté de s’éloigner de celui qu’on incarne, de créer son propre personnage.

 

Tahar, tout comme dans Un prophète, vous interprétez le rôle d’un jeune homme sous l’emprise psychologique d’un individu contrôlant et cruel, incarné par Niels Arestrup. Vous sentiez-vous à l’aise à l’idée de le retrouver sur le plateau dans ce même rapport de bourreau-victime?

TR: En fait, j’éprouvais un certain confort, parce que depuis Un prophète, Niels est devenu un ami. Je n’ai pas dû apprendre à le connaître. Ça facilite beaucoup le processus en début de tournage.

ÉD: Moi, ça m’a franchement aidée qu’ils se connaissent très bien. Parce que, mine de rien, je débarquais, un peu comme mon personnage: je devais m’adapter à une dynamique qui existait déjà entre eux.

 

Quand le film débute, Murielle et Mounir viennent de tomber amoureux et vivent une idylle parfaitement innocente. Puis, à mesure que l’histoire avance, ils sombrent en enfer. Comment avez-vous rendu cette rupture de ton?

TR: Avant les scènes les plus dures, on cherchait d’abord à se détendre, à rigoler ensemble, plutôt qu’à se plonger dans un état d’esprit sombre.

 

Vous jouez les parents de quatre bambins. Comment était-ce de tourner avec de petits enfants?

ÉD: Magique! On a vécu des moments de grâce sur ce plateau. Et ça représente un beau défi d’acteur, parce que c’est à nous de jouer avec eux, de leur renvoyer la balle… et d’essayer de les distraire pour éviter qu’ils regardent la caméra! (rires)

TR: Puis de leur expliquer pourquoi ils doivent soudainement m’appeler «papa»…

 


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