Beyoncé Giselle Knowles-Carter a fait du titre de sa chanson Run the World la devise de sa stratégie d’affaires, et c’est pourquoi elle doit se lever tôt. À exactement 5 h du matin, elle arrive au Mimoda, un sobre studio de danse situé à Los Angeles. L’endroit, simple et dépouillé, colle bien à son look sportif matinal: vêtue d’un maillot de sport blanc, d’une veste blanche en maille, sans souliers ni accessoires, ses cheveux bouclés à la Flashdance, elle a l’air d’une véritable athlète. D’une femme qui est ici pour travailler. Entourée de trois danseuses – les mêmes qui la suivent depuis des années -, elle pratique devant la caméra une version décélérée des chorégraphies qui, nous l’apprendrons plus tard, feront partie du vidéoclip de sa nouvelle chanson, Formation. Dans certaines séquences de la chorégraphie, elle danse seule, avec autorité et confiance, en regardant sans même cligner une seule fois des yeux. L’ambiance dans le studio est plutôt décontractée. Tout le monde est de bonne humeur, Beyoncé échange des blagues et rit avec ses danseuses. Mais ne vous méprenez pas: il s’agit d’une véritable organisation, menée d’une main de fer.

Une organisation dirigée, du tout
 au tout, par une superstar en chef
 qui, selon le magazine Forbes, valait quelque 250 millions de dollars en 2015. Parmi les plus récentes innovations de cette organisation, on compte une toute nouvelle maison de disques (une branche de la compagnie de Beyoncé, Parkwood Entertainment, fondée il y a huit ans) grâce à laquelle la chanteuse fera bientôt découvrir au monde de jeunes artistes qui ont pu bénéficier de son aide personnelle pour mettre au point leur son et leur image. En collaboration avec Topshop, elle travaille également, depuis plusieurs années, à la création d’une ligne de vêtements de sport, Ivy Park. Et elle fait plus qu’endosser les vêtements de la marque. Parce que, quand Beyoncé s’investit dans quelque chose, elle met la main à la pâte. Elle façonne et dirige chaque projet auquel elle est associée, et s’attend à ce que sa participation engendre plus qu’un impact financier. Pour Beyoncé, Ivy Park n’est pas qu’une simple collection de sweat-shirts à logo, de chandails de basketball en filet, de justaucorps aux détails en résille et de leggings au style recherché; c’est une façon d’aider les femmes à se sentir bien, de mettre un frein à la course à la perfection, de promouvoir la force au lieu de la beauté et de motiver les femmes à (selon les mots mêmes de la compagnie) «travailler avec leur corps, et non contre lui». (Au fait, le saviez-vous? Le chiffre 4 est le chiffre chanceux de la chanteuse – c’est la date de son anniversaire, celui de son mari, Jay-Z, et celui de leur anniversaire de mariage – et il apparaît subtilement dans la collection. Même le nom de la marque, tout comme celui de sa fille, Blue Ivy, est inspiré du chiffre romain IV.) Beyoncé croit-elle qu’Ivy Park aura du succès? «Pour ma part, dit-elle, ce ne sera pas réel avant que j’aie vu des femmes porter les vêtements de la collection au gym, au parc ou dans la rue. Qu’elles suent dans ces vêtements et qu’elles aiment ça.»

Le mythe entourant Beyoncé – son talent, sa personnalité, sa musique – grandit à chaque étape de sa carrière. Et ce n’est pas pour rien: elle a remporté 20 prix et a été nommée 53 fois au Grammy Awards, ce qui fait d’elle l’artiste féminine ayant reçu le plus de nominations de toute l’histoire de ce gala. Et puis, elle a vendu plus de 120 millions d’albums solos. Comme elle le dit elle-même dans Formation: «Sometimes I go off, I go hard/Take what’s mine, I’m a star/’Cause I slay.» («J’y vais fort / Je prends ce qui m’appartient, je suis une star/Parce que je suis une vraie tueuse.»)

Mais ce mythe grandissant est aussi dû à son silence. Comme l’a dit la professeure Daphne A. Brooks, de l’Université de Yale, dans un article du New York Times l’an dernier: «Elle a atteint cet incroyable degré de célébrité qui fait qu’elle peut jongler habilement entre l’hypervisibilité et l’inaccessibilité.» Depuis trois ans, Beyoncé laisse son travail parler de lui-même et se fait discrète dans les médias. Elle cultive une aura de mystère qui, à l’ère où toutes les stars sont accessibles sur une multitude de plateformes, devient presque exotique. Cette retenue démontre bien tout le pouvoir qu’a la chanteuse – qui diffuse toutefois des parcelles bien choisies de son intimité en publiant sporadiquement des photos (souvent sans description) sur Instagram.

Alors le fait que, deux semaines après sa séance photo pour le ELLE, la chanteuse ait lancé Formation sans faire une miette de promotion au préalable n’est pas du tout surprenant. C’est la façon de faire de Beyoncé. Après tout, pourquoi faire de la promo pour un vidéoclip quand on peut récolter plus de 7 millions de vues sur YouTube en 24 heures sans s’en donner la peine? Le clip de Formation est rempli d’images fortes: Beyoncé debout sur une voiture de police de la Nouvelle-Orléans en train de couler; un jeune homme noir qui danse devant des policiers blancs, armés jusqu’aux dents; Blue Ivy (la fille de Beyoncé) qui se déhanche sur les paroles «I like my baby heir, with baby hair and Afros/I like my Negro nose with Jackson 5 nostrils» («J’aime ma petite héritière, avec des cheveux de bébé et des afros/J’aime mon nez de nègre avec des narines à la Jackson 5»). Immédiatement, la vidéo a alimenté le discours au sujet du racisme et de la réforme de la justice pénale aux États-Unis. Si certains policiers ont accusé Beyoncé de les critiquer, d’autres l’ont plutôt défendue. À l’annonce de la tenue d’un concert de la chanteuse à Tampa, en Floride, les policiers de la ville se sont tournés vers Twitter pour manifester leur soutien sur leur compte officiel: «What?! @TampaPD officers have been in #formation for days signing up to keep the #Beehive [sic] safe! #Truth #Fact» («Quoi? Les officiers de @TampaPD sont en #formation et se portent volontaires depuis des jours pour garder la #beehive [sic] en sécurité! #vérité #faits»). Comme cela arrive chaque fois que Beyoncé fait quelque chose – changer la couleur de ses cheveux, écrire une chanson d’amour à son mari -, tout le monde avait son mot à dire sur ce qu’elle devrait ou ne devrait pas faire.

Avec Formation, la chanteuse se présente comme une artiste qui utilise son pouvoir pour provoquer des dialogues difficiles, mais nécessaires, sur des questions qui déchirent l’Amérique. En d’autres mots, celle qu’on surnomme Queen B ne fait pas que porter la couronne: elle travaille fort pour continuer à la mériter. Dans cette entrevue, elle nous parle de l’incompréhension des gens par rapport à son travail et nous révèle pourquoi créer une collection de leggings peut être un acte féministe.

Commençons par Ivy Park, ta toute nouvelle ligne de vêtements de sport. Depuis combien de temps travailles-tu à ce projet?

Je magasine chez Topshop depuis près de 10 ans. C’est un des seuls endroits où je peux faire du shopping sans être accompagnée, et ça me fait sentir comme une adolescente! Chaque fois que je vais à Londres, c’est comme un rituel pour moi: j’enfonce un chapeau sur ma tête et je prends du bon temps en me perdant dans les rayons. En vieillissant, et en étant maman, je m’intéresse de plus en plus à la santé et au fitness. Et j’ai réalisé qu’il n’existait pas de marque de vêtements de sport pour des femmes comme moi, ou pour mes danseuses ou mes amies. Rien que ma fille ne puisse réellement porter, plus tard. Quand j’ai pensé à cette collection, j’ai imaginé un lieu idyllique pour des femmes comme nous. J’ai contacté Topshop et j’ai rencontré sir Philip Green (propriétaire de la compagnie Arcadia, affiliée à Topshop).

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Au départ, je crois qu’il pensait que je voulais seulement m’associer à Topshop, comme l’avaient fait d’autres célébrités, mais je voulais plutôt que ce soit une entreprise commune. Durant notre première réunion, je lui ai présenté le concept de la collection, son mandat, son objectif, la stratégie marketing… et je crois que ça l’a impressionné! Il a accepté qu’on soit partenaires d’affaires.

Tu as déjà créé des lignes de vêtements. Qu’as-tu appris en créant celle-ci?

J’ai appris qu’on doit être bien préparé. Et que, quand on a une idée en tête, on doit s’engager totalement et travailler fort pour la réaliser. On a eu un nombre incroyable de réunions; on a cherché et fait passer des auditions à des designers pendant des mois. Le développement des tissus et des coupes était notre priorité. On a pris notre temps, et on a conçu nos propres en essayant de repousser les limites dans ce domaine. Et comme je passe ma vie à m’entraîner et à répéter mes chorégraphies, je savais exactement ce que je voulais. Je sue, je saute, je danse… alors on a créé un legging à taille haute qui est flatteur et confortable même quand on bouge beaucoup et qu’on se dépasse.

De quels détails de la collection
 es-tu la plus fière?

Il y a une dou
blure invisible dans nos vêtements
 qui compresse et rehausse les 
fesses, ce qui fait que, quand on fait du vélo, quand on court ou quand on saute, tout tient en place. En tant que femme qui a des courbes – et en tant que femme en général -, j’avais une idée très précise de ce que je voulais pour que les femmes se sentent protégées, «couvertes», mais aussi sexy. Chacune de nos pièces met en valeur la silhouette féminine. On a aussi intégré dans les vêtements certaines particularités intéressantes qu’on retrouvait auparavant seulement dans la section des hommes. On a renforcé les bretelles pour les rendre plus résistantes et pour qu’elles offrent plus de soutien. Mais pour moi, la base de cette collection, c’est les coupes et la mise au point d’un tissu très technique et respirant.

Tu dis que, grâce à cette marque, tu veux aider les femmes et les filles à s’aimer plus et à se soutenir entre elles. Pourquoi est-ce important pour toi?

Parce que c’est vraiment l’essence de Ivy Park: célébrer le corps des femmes, et les motiver à devenir la meilleure version d’elles-mêmes. J’ai appelé la collection Ivy Park parce que le parc, c’est ce qu’on a toutes en commun. On peut toutes y aller, on y est toutes les bienvenues. C’est un endroit symbolique qu’on se crée nous-mêmes. Pour ma part, c’est de là que provient mon énergie créatrice. Je pense qu’on a tous un endroit où on peut aller quand on traverse une passe difficile ou quand on essaie de définir ses objectifs.

Dans le passé, tu t’es déjà prononcée sur cette pression que ressentent les femmes d’être parfaites sur tous les plans.

Oui, je veux vraiment que ça change. Tout n’est pas dans la perfection, mais bien dans l’intention. On doit prendre soin de nos corps et de la façon dont on les nourrit. Les femmes doivent se concentrer sur leur santé mentale, prendre du temps pour elles, pour se retrouver, sans se sentir coupables ou égoïstes. Les gens nous voient de la façon dont on se voit et nous traitent de la façon dont on se traite.

Comment te sens-tu à propos de ton rôle de businesswoman? Qu’est-ce que ça te fait de diriger ta propre compagnie?

C’est excitant, mais avoir le dernier mot sur chaque décision, et s’en porter garante, c’est autant un fardeau qu’une chance. Pour moi, le pouvoir, c’est avoir les ressources nécessaires pour faire avancer les choses sans demander la permission. C’est changer la perception que les gens ont d’eux-mêmes et du monde qui les entoure. Faire en sorte que les gens s’assument avec fierté.

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Est-ce que devenir mère a amplifié ce désir de contribuer à un monde meilleur?

Bien entendu. Comme n’importe quelle maman, je veux par-dessus tout que mon enfant soit en santé et heureux, et qu’il ait la possibilité de réaliser ses rêves.

Comment comptes-tu changer les choses pour la génération de ta fille?

Je voudrais aider à éliminer la pression que la société met sur les gens pour qu’ils se conforment à certains critères, qu’ils entrent dans une boîte.

Quelles leçons tes parents t’ont-ils apprises?

Il y en a tellement… ils m’ont appris à être généreuse et à prendre soin des autres. Ça ne m’a jamais quittée. Ils m’ont aussi appris que mon temps est mon atout le plus précieux, et que je dois l’utiliser intelligemment. Mes parents m’ont enseigné à travailler fort et efficacement. Les deux étaient entrepreneurs; je les ai vus en arracher, travailler 18 heures par jour. Ils m’ont toujours dit: les choses qui valent la peine n’arrivent jamais facilement. Mon père accordait beaucoup d’importance à la discipline et il était sévère. Il m’a poussée à devenir une leader et à développer ma propre façon de voir les choses. Ma mère m’aimait inconditionnellement, alors je me sentais assez en sécurité pour rêver. Grâce à elle, j’ai compris qu’il était important de respecter sa parole et ses engagements. Une des choses que j’apprécie le plus chez ma mère, c’est qu’elle est capable de sentir quand je traverse une mauvaise passe. Elle m’envoie alors des prières par messages textes juste au moment où j’en ai besoin. On dirait que je suis branchée sur son Wi-Fi émotionnel!

Durant la tournée mondiale Mrs. Carter, tu as affiché le mot «féministe» en grosses lettres roses sur les écrans des stades dans lesquels tu performais. Qu’est-ce qui t’a persuadée de t’afficher comme étant féministe?

J’ai mis la définition du mot féministe dans ma chanson Flawless et je l’ai utilisée dans ma tournée non pas pour faire de la propagande ou pour me proclamer féministe, mais pour clarifier le véritable sens de ce terme. Je crois que les gens ne comprennent pas vraiment ce qu’est le féminisme, et c’est pourtant très simple. Une féministe, c’est quelqu’un qui croit à l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Je ne comprends pas pourquoi ce mot a une connotation péjorative, ou pourquoi il devrait exclure les hommes. Si un homme croit que sa fille devrait avoir les mêmes droits et les mêmes opportunités que son garçon, alors il est féministe. Les femmes et les hommes doivent comprendre qu’il y a encore deux poids, deux mesures dans le monde d’aujourd’hui, et ils doivent avoir une vraie conversation pour que la situation change. Demandez à n’importe qui, femme ou homme: «Est-ce que tu veux que ta fille gagne 75 sous alors qu’elle mérite un dollar?» Quelle sera la réponse, à votre avis? Quand on parle d’égalité des droits, il y a des enjeux qui touchent particulièrement les femmes. C’est pourquoi j’ai voulu travailler avec les organisations philanthropiques Chime for Change et Global Citizen. Elles comprennent que les questions concernant l’éducation, la santé et l’hygiène partout dans le monde affectent les femmes et leurs enfants tout au long de leur vie. Ces organismes mettent sur pied des programmes pour aider les jeunes filles qui doivent littéralement défier la mort pour aller à l’école, et pour empêcher les femmes de mourir en couches parce qu’elles n’ont pas accès à un système de santé. Travailler pour régler ces inégalités, c’est être féministe, mais c’est surtout être humaniste. Je n’aime pas les étiquettes. Je ne veux pas devenir le porte-étendard du féminisme, et que les gens pensent que je me soucie moins du racisme ou du sexisme, par exemple. Je déteste me faire mettre dans une boîte. L’égalité des sexes, c’est croire qu’un homme autant qu’une femme devrait être en mesure d’exprimer son opinion, de montrer son côté sombre, de faire part de sa douleur et de vivre sa sexualité comme bon lui semble. C’est ça, avoir les mêmes droits.

Qu’as-tu à dire à ceux qui affirment qu’on ne peut pas être à la fois féminine et féministe?

Tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Choisir d’être féministe n’a rien à voir avec sa féminité, ou même avec sa masculinité. Nous ne sommes pas qu’une seule chose: tous ceux qui croient en l’égalité des sexes ne s’habillent pas de la même façon, ne parlent pas de la même façon et ne pensent pas de la même façon. Si un homme peut faire quelque chose, une femme devrait pouvoir le faire aussi. C’est si simple! Si nos fils peuvent le faire, nos filles devraient pouvoir le faire. Et l’inverse est aussi vrai! On enseigne des choses à nos filles, comme la capacité d’exprimer leurs émotions, leur douleur, leur vulnérabilité, qu’on devrait aussi enseigner à nos hommes et à nos garçons.

Quand as-tu découvert que tu avais réellement du pouvoir?

Je pense que c’est après avoir lancé le premier album de Destiny’s Child. L’équipe du label nous sous-estimait beaucoup et ne croyait pas vraiment en nous, alors elle nous laissait libres d’écrire nos propres chansons et de trouver les concepts de nos vidéoclips. Finalement, ç’a été une chance pour moi, parce que c’est là que je suis vraiment devenue une artiste et que j’ai pris le contrôle de ma carrière. Ce n’était pas un choix conscient, à ce moment-là. Mais on avait une vision, on savait où on voulait aller, et tout le monde s’en foutait un peu. Alors on a tout créé nous-mêmes et, quand on a finalement eu du succès, j’ai réalisé qu’on était capables de concrétiser notre vision. On n’a pas eu besoin de faire appel à d’autres auteurs ou de demander au label d’organiser nos lancements: on avait le pouvoir de faire les choses nous-mêmes.

Qu’est-ce que tu sens que les gens ne saisissent pas vraiment à propos de toi, en particulier par rapport au message que tu as mis de l’avant dans Formation?

Je suis une artiste, et je pense que l’art le plus puissant est généralement incompris. Mais tous ceux qui croient que mon message dans Formation était contre les policiers ont tort. J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour les policiers, qui sacrifient leur vie pour nous garder en sécurité. Mais soyons clairs: je suis contre les injustices et la brutalité policière. Ce sont deux choses différentes. Si le fait que je célèbre mes racines et ma culture durant le Mois de l’histoire des Noirs a mis des gens mal à l’aise, alors cet inconfort existait bien avant la parution de mon vidéoclip, et même bien avant moi. Je suis fière de ce que nous avons créé et je suis fière de participer à ce dialogue nécessaire qui, je crois, fait avancer les choses de façon positive.

Qu’est-ce que tu souhaites accomplir dans la prochaine étape de ta carrière?

J’espère pouvoir créer de l’art qui aide les gens à guérir. De l’art qui rend les gens fiers de leurs combats. Tout le monde vit des moments difficiles, mais parfois, c’est nécessaire pour grandir. La souffrance n’est jamais jolie, mais je n’aurais pas pu prendre ma fille dans mes bras si je n’avais pas connu les douleurs d’un accouchement!  

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