Le souk – qu’on avait l’habitude d’appeler le souk @ sat jusqu’à l’an dernier – est le passage obligé de tout Montréalais sensible à l’art de vivre. Dans l’effervescence des festivités de fin d’année, les amateurs d’achat local y font des trouvailles pour la cuisine, la garde-robe et la maison; les férus de design y viennent à la recherche d’objets exclusifs tout en découvrant les nouveaux venus de la communauté; et les curieux se laissent étonner par l’étendue du talent québécois.

«Le souk fait partie de la tradition montréalaise », affirme Azamit, qui a notamment travaillé comme styliste à ELLE Québec pendant près de 20 ans et a lancé In Toto, une entreprise de narration visuelle qui met en scène le design contemporain dans des expériences esthétiques captivantes. C’est sous cette ombrelle que sont nés les projets de boutiques éphémères Azamit Pop-up Home et Montréal à Milan.

L’instigatrice de ce marché public, qu’elle orchestre depuis 2003, n’avait pourtant rien planifié. «Le souk est né d’une initiative personnelle, alors que je voulais aider une amie créatrice de bijoux à exposer ses échantillons. Dans ce processus, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de plateforme pour réunir les designers contemporains d’ici et la clientèle intéressée à ces créations.»

La Société des arts technologiques (SAT) s’est présentée par un concours de circonstances, et ç’a été la vitrine parfaite pour le projet, qui consistait à aménager un appartement à la scénographie minimaliste inspirée de tatamis japonais, tout en mettant en valeur le local. «Je croyais faire une seule année. Mais à l’automne suivant, je me suis retrouvée à l’organiser une deuxième fois, puis une troisième fois… si bien qu’aujourd’hui je le vois comme ma responsabilité auprès de la communauté», raconte Azamit.

Aujourd’hui, le marché rassemble une sélection d’artistes émergents et établis qui redéfinissent la scène du design d’ici tout en le démocratisant. «Depuis cinq, sept ans, ce n’est pas seulement un événement shopping, c’est aussi un laboratoire pour les designers et un lieu de recherche pour les professionnels. La qualité des projets a monté d’un cran, et le souk a su briser la barrière de la langue en réunissant les créateurs anglophones et francophones, de même qu’en donnant naissance à des collaborations inédites.

Depuis 2004, c’est un jury, renouvelé chaque année, qui choisit les candidats en s’assurant de garder un équilibre entre les différentes sections: «Tout le monde peut participer, tant que le produit est local et qu’il respecte des critères d’esthétique, de créativité, d’innovation et de maîtrise technique.»

La cuvée 2019 sera marquée par diverses expériences, dont une collaboration avec Nicolas Fonseca, de Mister Jaune, créateur des expériences gastronomiques In the Mouth. «De plus, ajoute Azamit, nous préparons des discussions sur le design thinking et sur le design local. Nous organiserons une activité pour les enfants sur l’avenir du design. Puis, nous revoyons la manière de magasiner pour le secteur de la mode. En somme, nous souhaitons miser surtout sur l’engagement et les conversations qui existent déjà au souk. Mon rêve est que l’achat et la création locale fassent partie de l’art de vivre au quotidien, pas seulement pendant les fêtes.»
soukmtl.com

Loïc & Monique

Il est ébéniste et designer de mobilier. Maniant de main de maître l’art du bois comme celui du crayon, Loïc Bard étonne par son style unique, à la fois minimaliste et voluptueux, qui lui a valu une mention au Design Parade Hyères 2018. Monique Ste-Marie, une passionnée de la fibre, est une designer textile qui conjugue le passé au présent et applique des techniques traditionnelles pour créer des objets contemporains d’une finesse exemplaire. Ses fameuses corbeilles en chanvre en sont la preuve. Leur collection SAND, une petite série de brosses et de balais, est née de leur amour commun pour l’utilitaire, de même que pour les formes dépouillées et les matériaux nobles qui distinguent leurs pratiques respectives. Résultat de cette collaboration? Des accessoires domestiques qu’on voudrait exposer à la vue de tous.
loicbard.com

Jacques & Anna

Né en 2014, l’entreprise de luminaires Jacques & Anna est composée de Jacques Pharand, ingénieur civil à la retraite qui a travaillé en Amérique, en Europe et en Afrique, et d’Anaïe Dufresne, qui a fait ses armes au théâtre comme écrivaine et scénographe. Pour sa première présence au marché souk, le duo père-fille expose une nouvelle série de luminaires combinant l’acier, la céramique et le bois. «Nos inspirations prennent assises dans le travail d’architectes contemporains tels que Tadao Ando et Adam Khan, dans les arches lumineuses de Georgia O’Keeffe et les collages colorés de Matisse. La joaillerie touareg, dont nous avons toujours aimé les motifs, et l’artisanat de l’Afrique centrale, qui a bercé mon enfance – j’y ai grandi –, sont aussi rappelés dans ces créations»,raconte Anaïe. Fascinée par la lumière, la jeune femme
se laisse influencer par l’architecture et la sculpture pour concevoir des éclairages bien connus des designers d’intérieur.
jacquesetanna.com

Verre d’Onge

Verre D’onge est un jeune studio qui dévoile au souk sa première collection d’objets en verre soufflé. La série Vases déclinés, confectionnée par Jérémie St-Onge, est inspirée des techniques traditionnelles et se caractérise par ses couleurs sable et ses textures irrégulières. Comme chaque vase est unique par sa forme et sa taille, choisir un modèle ou en sélectionner plusieurs devient un agréable exercice d’agencement. Autre particularité: les prix des accessoires sont calculés au poids, un clin d’oeil qui nous transporte dans l’atmosphère exaltante d’un vrai souk oriental. Instagram verre d’Onge

Formel

L’idée de Formel, qui édite des meubles et des objets fabriqués localement, a germé dans l’esprit de Mikaël Baillairgé après un stage aux Pays-Bas chez Maarten Bass et des années de travail dans l’atelier de Boisbûchet en France. Il a suivi une formation à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie de Montréal et il s’inspire aussi des grands noms du design, comme Florence Knoll. «Elle a su conjuguer la création et l’édition pour produire avec ses collaborateurs des pièces aujourd’hui considérées comme emblématiques du Bauhaus», explique-t-il. Après avoir présenté l’an dernier Folk, une collection puisant dans l’esthétique du design vernaculaire québécois, le designer nous arrive cette fois avec trois séries, les bougeoirs asymétriques Polaire, Lune (rappelant les modules Apollo) et À vue d’œil, issue d’une association avec l’artiste visuelle Cath Laporte.
formel.ca

Cybèle B. Pilon

À sa première participation au souk, Cybèle B. Pilon expose sa nouvelle collection, Fanfreluche. «Elle est inspirée de l’univers graphique kaléidoscopique du générique de Fanfreluche. Cette émission culte de la jeunesse québécoise, diffusée à l’origine de 1968 à 1971, à Radio-Canada, a été entièrement créée et interprétée par une femme artiste émérite: Kim Yaroshevskaya», rappelle la céramiste de 29 ans. D’ailleurs, chaque collection de Cybèle B. Pilon a comme prémices un artéfact du patrimoine populaire québécois (la courtepointe ou le tissage, par exemple). Fortement ornementés, ses tripodes et ses assiettes se caractérisent par un langage visuel maximaliste, organique et même d’une charmante
étrangeté par moments. Plus encore, «chaque pièce, en grès ou porcelaine, est unique», nous assure la jeune femme, qui se prépare dans son atelier rose d’Hochelaga-Maisonneuve pour le marché du design contemporain.
cybelebpilon.com

Léa & Nicolas

Partisans de la sobriété et de la simplicité, privilégiant l’argile comme média, Léa Behr et Nicolas Hoang se laissent guider par «la complexité de soustraire». Ce tandem d’artistes multidisciplinaires (partenaires à l’atelier comme dans la vie, ils combinent leurs savoir-faire en design, en architecture, en multimédia et en céramique) propose un univers épuré loin de la fabrication de masse en série, qui se distingue par la recherche des formes et une dimension sculpturale à l’équilibre parfait. La démarche de Léa & Nicolas s’inspire de la sculpture, un art qu’ils veulent d’ailleurs démocratiser. Ainsi, le couple façonne des matériaux bruts comme la céramique et le grès rouge canadien pour créer des accessoires à l’allure modeste et intrigante. De retour au souk pour une deuxième année, le duo présente des pièces pour la maison dans le style qu’on lui connaît, de la théière au luminaire, en passant par la tasse.
leanicolas.com