L’engouement pour le travail à temps partiel ne cesse de croître au Québec, révèle l’Institut de la statistique(ISQ). Entre 2000 et 2010, il a augmenté de 33% et serait volontairement choisi dans 77% des cas. Parmi l’ensemble des salariés à mi-temps, les deux tiers sont des femmes, et la moitié de ces dernières ont fait ce choix pour prendre soin de leurs enfants.

Julie est de celles qui ont choisi le temps partiel pour faciliter la conciliation travail-famille. Pour cette enseignante et mère de deux enfants atteints de dyspraxie, travailler trois jours par semaine était l’unique solution pour réduire son essoufflement quotidien. «Les journées que je récupère servent à accompagner mes enfants à leurs thérapies et autres séances de réadaptation. Travailler quelques jours par semaine me permet de me réaliser professionnellement et de rencontrer des gens», raconte-t-elle, en précisant que sa décision a entraîné une baisse salariale importante, mais que ce choix s’imposait d’une certaine façon.

Une décision à planifier financièrement
Si cette option professionnelle fait tant d’adeptes, c’est qu’elle permet de réduire le temps de travail pour mieux s’investir ailleurs: passer des moments en famille, retourner aux études, mettre sur pied sa propre entreprise, s’offrir une retraite progressive ou encore prendre soin d’un parent vieillissant. Mais le travail à mi-temps est-il à la portée de toutes les bourses? Quel est le prix à payer pour se le permettre?

Pour Hélène Thériault, conseillère en finances personnelles à la Caisse Desjardins de Montréal-Nord, choisir de travailler à temps partiel n’est jamais sans conséquence. Avant de faire le saut, elle recommande d’assainir ses finances, de dresser un bilan et un budget. L’objectif: savoir où on en est, pour dégager un montant mensuel qui compensera la baisse de salaire. «On peut ainsi centraliser certains emprunts pour diminuer le nombre de paiements et réduire les dettes en payant moins d’intérêts. Si on est propriétaire d’une maison, il est possible d’envisager un refinancement hypothécaire qui intégrerait les dettes personnelles.»

Le temps partiel: un prix à payer
Contrairement au travail autonome ou au télétravail, qui permettent de faire des économies de taille sur le revenu imposable, l’habillement et le coût du transport, le travail à mi-temps n’est pas très avantageux, croit Hélène Thériault. Prendre congé une ou deux journées par semaine n’élimine pas l’obligation de débourser des sommes pour les vêtements, les déplacements, les services de garde et les camps de jour des enfants. «Et il ne faut pas trop compter sur une baisse d’impôt, avertit la conseillère. Les taux d’imposition sont établis selon des tranches de revenu imposable. Pour qu’on paye moins d’impôt, il faudrait que notre diminution de salaire ramène celui-ci au palier inférieur. Par exemple, si l’on gagne entre 42 700$ et 80 000$, le taux d’imposition combiné aux paliers provincial et fédéral, est de 38, 4%. Comme les tranches de revenu sont assez larges, le taux risque de demeurer le même.»

Et la retraite?
L’autre aspect à ne pas négliger est la planification de la retraite. Pour évaluer l’impact de ce choix sur la qualité de vie de nos vieux jours, Hélène Thériault recommande fortement de consulter un professionnel. Par exemple, si on désire travailler à temps partiel pour quitter le milieu professionnel de façon progressive, notre revenu à la retraite risque d’être affecté. «Le régime de notre employeur calcule-t-il notre future rente en se basant sur le salaire moyen de nos meilleures ou de nos dernières années? S’il ne prend que les dernières en compte, c’est un pensez-y-bien!»

Si le couple n’est pas marié, une bonne planification financière du travail à temps partiel devrait aussi inclure un contrat de vie commune, croit Hélène Thériault. Ce document établira le partage des responsabilités pécuniaires, des biens familiaux et des régimes de retraite en cas de séparation. «Selon la loi, le statut de conjoint de fait ne donne pas les mêmes droits et recours que celui de personne mariée. Si la décision d’opter pour temps partiel a été prise pour le bien-être de la famille, il faut s’assurer qu’en cas de rupture, les conséquences financières ne retombent pas uniquement sur celui ou celle qui a le moins travaillé», conclut la conseillère.