Il n’est jamais trop tard pour devenir une pop star. Ruth Bader Ginsburg, qui est décédée vendredi, à 87 ans, incarnait, depuis son poste de juge à la Cour suprême des États-Unis, la résistance à Donald Trump. Surnommée de ses initiales RBG, parfois précédées de l’épithète « Notorious » (en hommage au rappeur Notorious B.I.G.), la juge est devenue l’héroïne des progressistes, outrés de s’être fait voler l’élection présidentielle de 2016, sans leader désigné et inquiets pour les droits civiques et la démocratie. « Tiens bon RBG ! » pouvait-on ainsi lire sur nombre de pancartes lors des  « Women’s March ».

Chaque mois, ou presque, émergeait une nouvelle consécration de cette icône. L’humoriste Kate McKinnon l’imitait régulièrement au « Saturday Night Live ». Son coach a sorti un ouvrage, « The RBG Workout », relatant son impressionnante routine sportive : vingt pompes par jour, plus divers exercices. La plus grande librairie new-yorkaise, Strand Bookstore, imprime toutes sortes d’objets dérivés (mugs, T-shirts, tote bags…) à son effigie, synthétisée par trois éléments distinctifs : ses lunettes, ses boucles d’oreilles, sa collerette de juge.

Hollywood, enfin, s’est intéressé à elle : un biopic avec Felicity Jones (et Armie Hammer dans le rôle de son mari) est sorti en 2019, tandis que le documentaire « RBG », a battu des records au box-office américain. Réalisé par Julie Cohen et Betsy West, celui-ci retrace son parcours d’ancienne avocate et professeure de droit, nommée à la Cour suprême en 1993 par Bill Clinton, et des éléments de sa vie privée, notamment son mariage heureux avec un homme rencontré à 17 ans (et décédé en 2010) et ses deux cancers vaincus. Mais on y découvre surtout ses combats les plus emblématiques : pour l’égalité salariale, le mariage gay ou le droit à l’avortement.

Tandis que se sont tenues les houleuses auditions au Sénat pour la confirmation de Brett Kavanaugh, juge ultra conservateur proposé par Trump (suite à la retraite de son prédécesseur plutôt centriste), la solidité de RBG était un enjeu suprême. Car, sans sa doyenne, la plus haute institution américaine pourrait basculer très à droite pour des décennies, menaçant notamment l’accès à l’ IVG.

Cet article est d’abord paru sur elle.fr.

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