Été 2018: le temps de toutes les révoltes de la jeunesse. Greta Thunberg, 16 ans, commence à faire l’école buissonnière le vendredi pour aller brandir un écriteau portant le slogan «grève étudiante pour le climat» devant le parlement suédois. Elle devient le visage d’un mouvement naissant. À Washington, Jamie Margolin organise la première marche des adolescents pour le climat. Au Brésil, Cassia Moraes fonde Youth Climate Leaders, un réseau voué à la formation de militants dans le domaine des changements climatiques.

En 2017, Jamie a préparé le terrain de la marche pour le climat en publiant un gazouillis dans lequel elle indique chercher de l’aide pour peaufiner le concept. Elle reçoit alors quelques messages privés, dont un de Nadia Nazar, une jeune fille de Baltimore. Peu après, Zero Hour, un mouvement de jeunes activistes et d’organisateurs versés dans le numérique, voit le jour. Jamie et Nadia en sont les fondatrices. À la première marche, «1000 jeunes sont venus marcher sous la pluie… Nous avons contribué à inspirer un mouvement majeur de jeunes comme nouvelle vague de protestation.»

Au cours de la dernière année, des marches et des événements partout dans le monde, menés par Greta Thunberg, Zero Hour et d’autres organismes, ont continué à galvaniser des millions de jeunes. Le mouvement de lutte contre les changements climatiques s’est construit au cours des dernières années, et au fil des générations par le passé, mais Greta Thunberg, Jamie Margolin, Cassia Moraes et d’autres jeunes activistes lui ont insufflé un sentiment d’urgence plus que nécessaire. Selon eux, le dernier événement citoyen, la Semaine mondiale pour l’avenir (Global Week for Future), a attiré plus de 7,6 millions de participants à des marches et à des événements à l’échelle planétaire. Cette Semaine, planifiée pour coïncider avec le Sommet Action Climat des Nations Unies à New York en 2019, n’est pas seulement le fruit de la révolte de la jeunesse, mais le signe que ce mouvement a su se tailler une place auprès d’une masse critique de la population. Pour la première fois, les Nations Unies ont tenu le 21 septembre le Sommet de la jeunesse pour le climat, qui a rassemblé plus de 500 leaders novices de partout dans le monde et qui est devenu une vitrine pour ces jeunes chefs de file appelés à échanger des idées et à présenter le résultat de leurs discussions aux dirigeants de villes, d’entreprises et de gouvernements du monde entier.

C40 Cities, la coalition des maires de plus de 90 villes du monde qui acceptent de prioriser les actions environnementales, a pour sa part exprimé son insatisfaction devant les résultats du Sommet Action Climat, comme en fait foi une déclaration de sa présidente, Anne Hidalgo, mairesse de Paris. Cependant, on s’entend sur la nécessité de faire accéder les jeunes militants à des rôles décisionnels.

Anne Hidalgo, qui «verdit» sa ville en multipliant les pistes cyclables et en transformant une autoroute en parc, par exemple, participe aux marches de la jeunesse du vendredi à Paris et a annoncé la fondation de l’Académie du climat, qui vise à «former les jeunes sur ces problématiques cruciales» que sont les changements climatiques et les divers enjeux écologiques. Autre signe de reconnaissance envers les jeunes chefs de file engagés pour le climat: le groupe C40 Cities mettra sur pied la Global Youth Initiative pour lancer un nouveau pacte vert, le Green New Deal. «Demain, la jeune génération héritera de la planète, rappelle Anne Hidalgo. Les jeunes sont les gens qui se montrent le plus ouverts aux changements puisqu’ils n’ont pas encore eu le temps d’adopter de mauvaises habitudes.»

Grâce à son programme de jeunes leaders du climat, Cassia Moraes permet aux prochaines générations de s’attabler pour créer de nouvelles habitudes favorables. «Si de plus en plus de jeunes travaillent dans le domaine, dit-elle, nous serons davantage en mesure de surmonter la crise du climat.» L’année dernière, son programme pilote de formation des futurs cerveaux de l’innovation a reçu 500 candidatures en provenance de 95 pays. «Les gens se réveillent.» Certains activistes formés par le groupe des Youth Climate Leaders travaillent maintenant avec Alexandria Ocasio-Cortez, de la Chambre des représentants des États-Unis, et décrochent des diplômes dans des domaines liés aux changements climatiques.

En organisant le Sommet de la jeunesse pour le climat, les Nations Unies, ont voulu canaliser l’énergie du désespoir des jeunes, notamment chez les gagnants d’un «Billet vert», un groupe de 100 jeunes défenseurs du climat soigneusement choisis qui ont reçu une aide pour se rendre à New York de la façon la plus carboneutre possible et pour pouvoir participer au Sommet. Les bénéficiaires, sélectionnés parmi plus de 7000 candidats de 18 à 29 ans en provenance du monde entier, sont issus des milieux de la mode, de l’énergie, du génie, du journalisme, de l’élaboration de politiques et d’autres secteurs. Ils ont mis au point des solutions qui pourraient vraiment changer la donne non seulement dans leur pays, mais sur toute la planète.

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