On s’est entretenues avec Jessica Prudencio pour mieux comprendre comment elles arrivent à naviguer dans ces eaux troubles, à garder le cap sur leurs objectifs et à continuer d’avancer vers un monde meilleur.

«Je prends la parole parce qu’il n’y a pas beaucoup de femmes noires dont on entend la voix dans les médias ou qui ont une plateforme pour s’exprimer, dit Jessica Prudencio, créatrice de contenu, foodie et activiste. Je sens que c’est mon devoir de le faire, quand j’ai le temps, l’énergie et l’envie de le faire. Présenter ma réalité aux gens parce qu’ils y ont si peu accès me paraît plus qu’important.»

Dans les réseaux sociaux, cette activiste aborde un tas de sujets chauds comme le racisme, la grossophobie et le sexisme. Et ça fait réagir! Bien qu’elle confie que sa communauté est plutôt bienveillante, elle n’hésite pas à dénoncer les personnes qui refusent de l’écouter, ou qui la «gaslightent» [le gaslighting, ou détournement cognitif, remet en question la santé mentale, les perceptions et la réalité de son interlocuteur] en lui disant qu’elle devrait se sentir chanceuse d’être en terre d’accueil comme au Québec, où, à leur avis, «le racisme n’existe pas».

«Quand on ne comprend pas certains enjeux, il faut savoir écouter, mais il y a des gens qui n’y sont pas prêts. Ils voient mes prises de position comme des attaques à leur endroit.» Jessica, qui est en vedette dans la websérie Grosse, noire et fabuleuse sur la plateforme Look du jour, ne s’empêche toutefois pas de dire tout haut ce qu’elle pense, même si ça affecte parfois sa santé mentale, puisqu’elle croit que les personnes marginalisées doivent s’exprimer, étant donné qu’elles sont invisibles au quotidien. «Les réseaux sociaux, c’est ma job, et c’est une bonne façon de faire entendre ma voix dans l’univers. C’est donc difficile de m’en détacher, mais je filtre tout de même les réponses que je reçois, même si les gérer me demande beaucoup de travail émotif et intellectuel, et même si je n’ai pas toujours le temps ou l’énergie pour ça.» Selon elle, définir ses limites en ligne est la clé du succès pour préserver sa paix intérieure. «Les chroniques qui incitent à la haine, les pages Facebook remplies de commentaires racistes, les messages problématiques: ça m’étonnerait que ça change du jour au lendemain. D’ici là, nos plateformes nous appartiennent, et on a le droit de bloquer, de supprimer, de gérer nos espaces comme on veut pour pouvoir continuer notre travail.»

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