C’est fascinant de constater à quel point un bâtonnet de plastique peut évoquer quelque chose de plus grand que le simple objet en polymère qu’il est. «Enceinte de 2-3 semaines», c’est ce que j’ai lu sur ledit bâtonnet le lundi 19 octobre 2020… Moi, Valérie Roberts, j’étais enceinte.

Je l’avoue, j’ai immédiatement été prise d’un grand vertige. Après m’être lancée dans les bras de mon mari, qui allait être papa pour la troisième fois, j’ai réalisé que je portais la vie. La vie! Un jour, quelqu’un m’appellerait maman. Même en écrivant ces lignes, plusieurs mois plus tard, quand je regarde mon ventre bien arrondi, je trouve ça complètement surréaliste.

Au début de l’adolescence, j’étais certaine que je voulais être mère. Je visais même le début de la vingtaine, me disant que j’allais mettre mon plan à exécution aussitôt que je trouverais un papa. À 20 ans, j’ai gagné le concours VJ Recherchée, à Musique Plus, et j’ai commencé à vivre mon rêve… Le bébé allait attendre. Deux ou trois ans, tout au plus.

C’est pourtant à 34 ans que je porte mon premier enfant, le plan de devenir maman ayant toujours été reporté au lendemain. Quand j’ai rencontré mon amoureux, en 2015, j’ai été immédiatement persuadée qu’il serait le père de mon enfant, si j’en avais un, un jour. Le problème dans cette situation était le «si»: je n’étais plus aussi certaine de vouloir donner la vie.

Le plan bébé, je l’ai souvent remis à plus tard, trop occupée à bâtir une carrière, qui ne vole pas encore aussi haut que je le souhaiterais. Dans les dernières années, je me suis convaincue que j’étais carriériste. Que j’allais me concentrer sur mes accomplissements professionnels, pour continuer de partager avec d’autres ce qui me fait vibrer. De toute manière, côté familial, j’étais choyée. Je côtoyais les deux filles de mon chum, Simone et Léonie, que j’ai rencontrées quand elles étaient encore toutes petites. Et avec la garde partagée, j’avais Martin et la vie à deux, sans trop de responsabilités. Le meilleur des deux mondes, quoi! 

Là, je ne peux pas vous dire précisément ce qui s’est passé. Je pense que j’ai compris, avec les défis de 2020, que j’étais capable de tout. J’étais capable de poursuivre le cheminement de ma carrière, capable d’avoir un enfant qui m’appellera maman et deux autres qui me donnent le surnom de Valou. Capable d’être une épouse attentionnée pour l’homme de ma vie. Capable de tout.

Donc, je suis en train de créer un être humain dans mon ventre. Depuis septembre dernier, je lui fais un squelette, des organes, des yeux, un petit nez trop mignon et des lèvres pulpeuses – je le sais, j’ai vu tout ça sur les échographies! Je continue de m’accomplir au travail et de concevoir des projets. Je n’ai jamais été aussi amoureuse.

Et un dernier aveu: j’ai précieusement conservé le bâtonnet. Le grand vertige a fait place à un grand enthousiasme. Une petite fille va bientôt m’appeler maman.