«Tu te relèves toujours. Quand tu trébuches, tu parviens toujours à te relever. À t’élever. Tu es tellement forte. Tu représentes bien la communauté noire. Tu es une belle et inspirante femme… noire.»

En lisant ces phrases qu’on m’a déjà dites, certaines personnes s’attendront sans doute à ce que je me défoule sur le fait d’être noire au Québec, de devoir constamment être forte et de militer pour prouver que les communautés noires ont trop longtemps été déshumanisées. Mais j’ai plutôt envie d’aller ailleurs.

Tous ces bons mots sur moi – sur le fait que je suis forte – peuvent faire du bien à l’ego, au cœur et même à l’âme. Ils m’ont d’ailleurs souvent aidée à traverser des moments difficiles, où la résilience était ma seule alliée. Mon oxygène.

Car derrière l’être lumineux que voyaient les gens se cachait une personne qui voulait vivre librement et avoir le droit de faire des erreurs. Qui souhaitait pouvoir se défouler lorsque la peine, la rage ou un sentiment d’incompréhension l’habitait.

À force de ne pas écouter cette voix intérieure qui me hurlait de lui accorder de l’importance, j’ai fini par me perdre et ne plus savoir qui j’étais. Comme je ne voulais pas déplaire, être jugée ou encore faire du mal aux autres, j’ai continué à incarner l’image de la femme noire parfaite.

Jusqu’au jour où j’ai compris que personne d’autre que moi-même n’était responsable de cette pression. Je croyais faire la bonne chose en agissant ainsi, même si toutes les particules de mon corps réagissaient fortement à mes décisions. 

J’ai grandi dans un foyer religieux, mais c’est lorsque j’ai décidé de poursuivre mon propre chemin spirituel que j’ai compris que mon être allait connaître une grande transformation. C’était la première fois de ma vie que je prenais une décision qui allait décevoir des personnes de mon entourage.

Ce que je ne savais pas, c’est que, derrière ce choix, il y avait de l’amour. L’amour que je m’apprêtais à me donner. J’ai découvert que s’écouter était l’une des plus grandes preuves d’amour qu’on pouvait s’accorder. J’ai aussi appris que choisir de s’aimer pouvait également dire ne pas être aimée par les autres.

La femme noire lumineuse, inspirante, courageuse et chaleureuse existe, et est à la base de ce que je suis. Elle ne me quittera jamais. Elle est imprégnée dans mon âme. Dans ma peau. Par contre, elle est loin d’être parfaite. Elle a des moments de doute, de colère, d’impuissance et de vulnérabilité.

Oui, je suis noire, mais je suis avant tout un être humain qui prend à cœur sa visite éphémère sur Terre. Je remercie la facette rayonnante de ma personne de m’avoir accompagnée dans toutes les étapes de ma vie, mais je lui dis maintenant qu’elle peut se reposer, crier, pleurer, rire, se choisir et se foutre de la pression sociale ambiante. Elle peut plutôt chercher à être en paix avec ce qu’elle ressent.

Les prochains chapitres de mon existence seront inspirants, légers et paisibles. Je me le promets. 

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