Julie, qu’as-tu pensé en visionnant la conversation entre les deux femmes?

«Ce que j’ai aimé, c’est qu’elles parlaient du concept de progression. De comment, pour aller mieux – ou, ici, pour dormir mieux – il faut faire des petits gestes au quotidien qui nous aideront à remonter la courbe. Ça ne se fait pas du jour au lendemain. Si on souffre d’insomnie, on ne peut pas, en le temps de le dire, commencer à faire des belles nuits complètes de huit heures. Mais on peut y travailler, et y arriver… avec du temps et de la patience!»

Souvent, les gens qui souffrent d’insomnie arrivent mal à s’imaginer bien dormir. Ça semble un peu sans issue.

«Oui, effectivement, mais ce ne l’est pas. Ce qui se passe, c’est qu’il y a une relation birectionnelle entre les troubles de santé mentale comme l’anxiété ou le stress, voire la dépression, et le sommeil. C’est-à-dire que plus on est stressé, moins on dort. Et moins on dort, plus on est stressé. C’est comme une roue qui tourne. Pour s’en sortir, on peut évidemment changer des choses dans son hygiène de vie: bouger plus, boire moins (d’alcool et de café), faire de la méditation et des exercices de respiration, tout ça. Mais, le plus important… c’est de lâcher prise! Ce n’est pas pour rien qu’on dit « tomber dans les bras de Morphée »: ça exige de tomber, de se laisser aller. Le pire qu’on puisse faire pour son sommeil, c’est d’obséder avec son sommeil.»

Et comment fait-on, justement, pour atteindre ce lâcher-prise?

«Il faut être dans l’acceptation. On peut prioriser son repos, prendre de bonnes décisions pour mieux dormir, tout en acceptant que pour le moment on ne dort pas bien. Si on traverse une mauvaise passe (problèmes financiers, familiaux, ou professionnels), on ne dormira pas parfaitement bien pour un petit bout de temps. Mais on peut tout mettre en place pour tenter de dormir le mieux possible dans cette situation Je ne connais personne – moi y compris, et je suis une experte du sommeil! – qui ne traverse pas des périodes d’insomnie. C’est tout à fait normal et humain. C’est quand on commence à être stressé par son sommeil, à se fixer l’objectif de bien dormir à tout prix, que ça peut dégénérer. Il faut accepter qu’il y ait des moments de notre vie où l’on dort un peu moins, ou moins bien, simplement.»

Y a-t-il des outils, des béquilles qu’on peut utiliser pour nous aider à mieux dormir?

«Ce qui fonctionne à long terme, c’est la thérapie cognitivo-comportementale. Ça nous équipe pour la vie, pour les prochaines passes où on dormira moins bien. Malheureusement, ce n’est pas accessible à tous, on le sait. Mais si on a la chance de pouvoir profiter des services d’un psy, ça vaut la peine. Sinon, si, vraiment, on a besoin de repos et qu’on n’y arrive pas, je conseille de parler à un professionnel de la santé plutôt que de prendre des somnifères vendus en pharmacie – ou un petit verre de vin ou deux avant de dormir! Notre docteur pourra mieux nous conseiller, trouver ce qui fonctionne vraiment pour nous, à ce moment-là de notre vie.»

Julie parle de «faire la crêpe dans son lit» quand elle fait de l’insomnie. Que doit-on faire quand ça nous arrive?

«Quand ça fait une trentaine de minutes qu’on essaie de s’endormir et que ça ne fonctionne pas, je conseille de quitter le lit. On se lève, et on fait une activité assez relaxante pour ne pas nous activer, mais assez prenante pour ne pas laisser entrer les pensées obsessives. Ça peut être du casse-tête, du Sudoku, du yoga doux, de la lecture. Personnellement, je joue au Scrabble sur ma tablette. C’est juste assez plate pour m’aider à m’endormir! (rires) Puis, quand on se sent somnolent, on retourne au lit. Et on recommence, si on n’arrive pas encore à s’endormir! Rester dans son lit à «faire la crêpe» ça augmente notre frustration et notre stress. On évite!»

Et quand est-ce qu’on consulte un expert du sommeil?

«Évidemment, si nos problèmes d’insomnie sont persistants et affectent notre vie quotidienne, on doit chercher de l’aide. Si on se sent fatigué et somnolent durant la journée malgré le fait que l’on dorme le 7 à 9 heures recommandées pour les adultes, on peut consulter pour voir si, comme Julie, on ne souffre pas d’un trouble du sommeil – comme l’apnée du sommeil, l’hypersomnie, ou la dépression. On est mieux de trouver quelqu’un de compétent pour nous aider à reprendre du poil de la bête!»

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