Pour Caroline Allard, autrice de plusieurs livres dont Les chroniques d’une mère indigne, et scénariste émérite, c’est dans une voiture stationnée devant une vue imprenable sur le lac des Italiens à l’Épiphanie vers la fin des années 80 qu’elle réalise, pour la première fois, l’impact de ses seins.

Dans les années charnières de l’adolescence, Caroline et un jeune homme de 21 ans se frenchent à grandes gueules sur le banc passager d’une voiture qui sent un peu trop fort le sent-bon. Je n’étais pas là, mais j’imagine que la chanson Africa de Toto jouait en boucle en guise de trame sonore. Sinon, c’est une soirée ratée.

« Mon amie Josée m’avait dit que tout le monde avait déjà eu des expériences sexuelles. Je savais que j’étais en retard », me dit Caroline. « Je me suis dit, d’abord, c’est ce soir que ça se passe. »

Caroline s’élance donc dans une soirée qui sera mémorable. Un fuck you tout en grandeur à l’égard de Josée. Les rapprochements vont de bon train, ou du moins, aussi bien qu’une séance de bécotage avec un homme arborant la moustache molle puisse se passer. Jusqu’à ce que Caroline décide d’enlever son chandail.

«Je savais comment une relation intime était supposée se passer, en théorie. Mais on dirait que la partie “des seins” je n’y avais jamais vraiment pensé. Je l’ai vu regarder ma poitrine, et c’est là que j’ai fait… Oh. »

Dans les yeux de son jeune amant, son buste était comme le ciel une journée d’éclipse solaire. On ne peut pas regarder ailleurs de peur de manquer quelque chose. Pas même la promesse d’une crème molle twist aurait pu lui faire détourner le regard.

Caroline réalisait pour la toute première fois qu’on pouvait éprouver du désir pour ses seins, mais aussi, une admiration sans faille. Ses seins. Ceux qu’elle avait sur le chest depuis toujours. Comment avait-elle pu passer à côté de cette information cruciale?

« C’était comme la première fois que j’ai mangé des sushis. Une expérience complètement nouvelle. C’était weird, mais pas déplaisant. »

Alors que son partenaire semble apprécier le moment et être entièrement présent, Caroline, elle, ne peut s’empêcher de se sentir à l’extérieur de son corps, comme une scientifique analysant la scène.

« Je n’ai jamais eu de gros seins, fait que je pense que les miens je ne les voyais pas comme des objets de désir et de féminité », me dit-elle. Peut-être que si j’en avais eu plus, j’aurais enlevé mon chandail avec une confiance du genre : “Et oui, les voilà! Ils entrent en piste!” »

Cette séance de necking (ses mots, certainement pas les miens. J’ai dû utiliser Urban Dictionary pour bien comprendre ce terme vintage) se termine un peu en queue de poisson. Après cette révélation mammaire, Caroline en a plein son casque. « Je suis retournée dormir chez Josée. J’ai appris beaucoup trop d’affaires en une soirée pour aller plus loin que ça. »

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