Hey, toi! Je suis tellement fière de toi. T’as eu le courage de quitter quelqu’un qui ne voyait pas ton plein potentiel, pis surtout ta valeur. Qui a voulu siphonner tout ce que t’avais de beau. C’est pas facile de se regarder dans le miroir et d’être capable de se dire: «Hey, je pense que je mérite mieux que ça.» Mais tu l’as fait. Réalises-tu? High five!

Je sais que c’est pas facile de partir. On pense toujours que ça va finir par aller mieux. Qu’il va changer, à coups de grandes promesses. Je sais que t’es tannée de recommencer; que toi aussi, t’en veux du doux, du simple, pis des beaux moments d’un couple normal qui regarde Love Actually en faisant le sapin de Noël. Mais je sais que t’as la confiance (trop) facile aussi. Que tu donnes beaucoup (trop) de chances à l’autre.

T’sé, c’était pas de l’amour quand il te lançait des phrases du genre: «Bon, tu réagis comme ça parce que tu vas être dans ta semaine?» Ou encore: «Je pense que tu devrais peut-être revoir un psy…»

Chaque fois que tu prends une décision parce que tu t’écoutes, réalises-tu à quel point tu te rapproches inconsciemment de ce que tu veux? C’est fort ça, ma fille. Bon. Oublie le moment où tu t’es écoutée et que t’as coupé toi-même ton toupet en 1995 avec des ciseaux de cuisine. Ça, c’est pas un bon exemple.

N’oublie pas que t’es hot. C’est fini, le temps où tu pensais que t’étais too much, que t’étais trop émotive, trop sensible. C’était pas de ta faute, tout ce qui arrivait.

Le pattern des manipulateurs n’a plus aucun secret pour toi. Ce sont ces gens-là qui créent le drama. Et même si tu leur donnes toute l’énergie que tu possèdes — pis, crois-moi, t’en auras jamais assez pour eux —, tu ne pourras jamais leur faire entendre raison. Le volume de leur raison est à off.

Good job. T’as cessé de tolérer la phrase: «Non, mais c’est une joke. Tu prends pas les jokes?» qu’il te lançait trop souvent après t’avoir envoyé des méchancetés. Hey, tu sais que t’as un bon sens de l’humour, fille. Tu connais l’humour. Ça fait partie de ta job. Pis «l’humour», pour un manipulateur, c’est souvent une tentative de dédramatisation pour se sortir d’une situation délicate.

«Tu devrais te faire des mèches blondes. Là, avec tes cheveux comme ça, t’as juste vraiment l’air plus vieille que tu l’es… BEN NON! C’est une blague-là, capote pas…»

Ça donne rien de te sentir coupable. Une relation toxique, c’est sneaky. Ça s’installe petit à petit, comme une petite fuite d’eau dans le sous-sol, qui se transforme graduellement en déluge du Saguenay, et toi, t’es la petite maison blanche qui essaie de tenir le coup malgré le courant.

T’es solide. C’est fini le temps où tu te taisais pour ne plus déclencher de chicanes. Acheter la paix: c’est terminé. Tu t’es rendu compte que t’étais constamment en état d’arrestation et que tout ce que tu disais pouvait être retenu contre toi. Tes faiblesses? Le jackpot du manipulateur! Tes erreurs passées? Le gros lot du samedi soir au casino, mais là, ding ding ding, les jeux sont vraiment faits.

Oh, qu’il pouvait facilement découvrir ce qui te faisait te sentir coupable, pour ensuite s’en servir à tes dépens!

«Non, mais demande-toi pas pourquoi des gens t’ont “ghostée” dans la vie; y a sûrement une raison…»

«C’est pas pour rien que toutes tes autres relations n’ont pas fonctionné…»

«J’en parlais avec du monde-là, pis de la façon que tu agis, c’est certain que tu me trompes.»

C’est simple, un manipulateur va vouloir te faire sortir de tes gonds pour mieux te contrôler. Son grand talent? Faire «shifter» la discussion de manière à créer un climat de tension et de colère pour mieux pouvoir te remettre TA mauvaise attitude sous le nez, afin que la situation qu’il a provoquée au départ se revire contre toi.

T’es hot, girl! T’as aussi compris que le gars allait t’accuser pour des choses qu’il faisait, LUI, sans que tu le saches. «J’en parlais avec du monde-là, pis de la façon que tu agis, c’est certain que tu me trompes.» C’était de la belle projection, tout ça.

Tu pouvais pas savoir que la journée où il t’a rencontrée, un manipulateur de sa trempe allait inventer à mesure son personnage, un peu sur le fly, pour faire un copier-coller de ta belle personne.

«Oh! T’es quelqu’un de spirituel? Moi aussi!»

«C’est fou, je trippe sur la même musique que toi!»

Avec le temps, t’assimiles que la personne avec qui t’es sortie, ben, elle n’a jamais existé. C’est une illusion. Un malheureux personnage de fiction.

Alors, j’ai une chose à te dire, à toi qui as toujours voulu sauver tout le monde: bien joué, t’as réussi à te sauver à temps. Et le plus important, bravo d’être tombée en amour avec un manipulateur. D’avoir ouvert ton cœur. En tombant amoureuse de lui, t’es tombée amoureuse de tes propres qualités. De tes passions. De ta générosité. De ton empathie. De ton ouverture. De ton humour. De tes valeurs.

En tombant en amour avec un manipulateur… t’es tombée en amour avec toi. Je suis très fière de toi, Joanie.

Vous vivez une histoire particulière et aimeriez en faire part à nos lectrices? Une journaliste recueillera votre témoignage. Écrivez à Laurie Dupont, à [email protected]

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