La diminution de notre consommation de produits jetables s’est faite graduellement. Les mots d’ordre? Lentement et sûrement! C’est ainsi que je suis passée de maman tout court à maman zéro déchet.

Lors du passage remarqué de l’Américaine d’adoption Béa Johnson à l’émission Tout le monde en parle, en 2014 – où elle a fait connaître aux téléspectateurs le mode de vie zéro déchet –, j’ai réalisé que ma famille et moi posions déjà plusieurs gestes pour réduire notre empreinte écologique. À l’époque, j’utilisais des couches et des débarbouillettes lavables pour ma fille, ainsi que des vêtements de bébé prêtés ou donnés par mon entourage. Je me procurais des produits nettoyants et certains aliments dans les boutiques de vrac de mon quartier et j’étais abonnée à un service de paniers de fruits et légumes locaux. J’ai la chance de vivre dans un endroit où ces ressources sont offertes et j’en ai toujours profité. Je me souviens que mon premier geste, lorsque j’ai commencé à tendre vers un mode de vie zéro déchet de façon plus délibérée, a été d’acheter pour ma famille des brosses à dents en bambou, durables et compostables. Quand elles sont trop usées, on peut en changer les poils sans jeter le manche et les réutiliser pour bricoler ou identifier ses fines herbes, par exemple. Sans nous fixer de but ultime, mon conjoint et moi avons modifié peu à peu nos habitudes pour consommer de façon plus responsable.

Tranquillement, nous avons commencé à nous rendre à la boulangerie et à la fromagerie avec nos sacs en tissu et nos contenants réutilisables. Pour moi, ce fut une étape importante que j’appréhendais avec une certaine inquiétude. J’avais peur de déranger, d’être jugée. Heureusement, j’ai vite réalisé qu’il n’y avait pas de quoi s’en faire. Jusqu’ici, tous les commerçants ont été compréhensifs et souvent enthousiasmés par notre initiative. Non seulement se sont-ils toujours fait un plaisir de nous accommoder, mais certains d’entre eux ont même effectué des changements pour réduire le gaspillage dans leur commerce! Ces dernières années, deux épiceries zéro déchet ont d’ailleurs ouvert leurs portes dans mon quartier, et plusieurs établissements du genre commencent à bourgeonner un peu partout dans la province.

J’achète le shampoing et le dentifrice en vrac, mais je m’amuse parfois à tester diverses recettes, par exemple de rince-bouche (dont j’ai fait vérifier l’efficacité par mon dentiste), de déodorant et de produits cosmétiques. Certains essais sont plus fructueux que d’autres, mais s’il est une chose sur laquelle je ne fais pas de compromis, c’est la facilité. Après tout, ce n’est pas une compétition! La vie de famille comporte son lot de défis sans qu’on la complique davantage. Pour qu’on décide d’adopter une nouvelle habitude, il faut qu’elle soit simple et agréable. Selon moi, c’est la seule façon d’implémenter des changements durables. Aujourd’hui, par exemple, je cuisine toujours mon lunch pour le travail. Si je prévois manger à l’extérieur, je traîne mes couverts réutilisables, et j’ai en tout temps une gourde avec moi. En famille, quand nous allons dans un restaurant qui ne propose que des ustensiles en plastique, nous nous servons de nos propres couverts et serviettes de tissu.

Ma fille, qui a maintenant cinq ans, nous a vus magasiner en vrac et mettre nos légumes dans des sacs de tissu toute sa vie. Pour elle, c’est normal. À l’école, ses collations sont emballées dans des sacs réutilisables. Son père et moi lui expliquons, avec des mots simples, les raisons pour lesquelles nous faisons certains choix. Puisqu’elle est encore toute petite, nous faisons attention de ne pas la culpabiliser; on ne veut pas qu’elle se sente responsable à elle seule de la conservation de l’environnement! On apprend avec elle, au jour le jour, et on la laisse nous poser des questions. Au moment de faire le plein de fournitures scolaires, on choisit du papier recyclé et on tente de dénicher des articles qui vont durer. Elle sait que pour chaque jouet qui entre à la maison, un autre devra en sortir pour être donné aux plus démunis. Je lui achète toutefois beaucoup de livres, et les passe au suivant quand on ne les lit plus. À sa fête et à Noël, on essaie de lui offrir des activités plutôt que des objets. De toute façon, aucun jouet ne la fait sourire comme une journée à la plage à enterrer son papa dans le sable!

Notre mode de vie zéro déchet a transformé notre existence. En plus d’être fiers de nos habitudes, nous avons appris à vivre beaucoup plus simplement. Nous sommes moins dépendants des choses qui s’achètent et un peu plus autosuffisants. Consommer n’est plus une priorité, et nous privilégions la durabilité à la nouveauté. Les objets n’ont tout simplement plus autant d’emprise sur moi. J’arrive à économiser davantage, et faire du ménage me prend beaucoup moins de temps!

Je n’ai jamais voulu me considérer comme un exemple à suivre, mais je le suis devenue malgré moi par l’entremise de mon blogue Lauraki, maman zéro déchet dans lequel je partage mes trucs et mes essais-erreurs. Aujourd’hui, je constate que j’ai rendu plus accessible l’idée du mode de vie zéro déchet. Certains de mes proches m’écrivent pour me parler des gestes écoresponsables qu’ils ont posés en me disant: «Tu aurais été fière de moi!» Je suis heureuse de voir que mon expérience touche des gens et les incite à réfléchir à leurs habitudes. C’est une très belle surprise!

Selon moi, réduire sa production de déchets n’est pas une performance, mais plutôt une suite de choix, chacun d’eux ayant une valeur. Bien que notre vie d’aujourd’hui soit telle que nous n’engendrons qu’une toute petite quantité de rebuts, je n’ai toutefois jamais fait de fixation sur le poids de mon sac-poubelle; il a organiquement diminué sans que j’aie l’impression d’être obsédée par le sujet. Je ne ferai pas d’insomnie parce que j’ai dû jeter un truc ou qu’un soir, trop crevés, nous avons commandé une pizza! Avant tout, je crois au respect de son propre rythme, de ses limites et de sa qualité de vie. Un geste – ou un déchet! – à la fois.