La notion d’écart de jouissance

L’écart de jouissance est un concept de plus en plus mis en lumière par les femmes qui souhaitent reprendre le pouvoir de leur épanouissement sexuel. Il suffit de quelques clics sur les moteurs de recherche en ligne pour trouver une tonne d’informations à ce sujet. Une étude réalisée par l’Université de l’Indiana à Bloomington sur les attitudes et comportement sexuels rapporte par exemple que 91% des hommes ont eu un orgasme lors de leurs derniers rapports sexuels contre seulement 64% des femmes. D’où cet écart provient-il?

Des scénarios sexuels mal adaptés

Cet écart témoigne d’une grande inégalité et serait dû en partie à une méconnaissance générale du fonctionnement du corps des femmes. La deuxième et principale cause viendrait de scénarios sexuels, véhiculés dans la culture populaire, mal adaptés à leurs besoins. Alors que 1 femme sur 5 seulement peut atteindre l’orgasme grâce à la pénétration, 9 femmes sur dix peuvent atteindre l’orgasme grâce à une stimulation externe et directe du clitoris. Cela étant dit, les rapports sexuels auxquels nous sommes habitués sont généralement beaucoup trop phallo-centrés. Les femmes auraient besoin de plus de ce qu’on appelle les « préliminaires »… et de sexe oral!

Mais où est donc… le sexe oral?

Le sexe oral, pratique visant à stimuler les organes génitaux de son ou sa partenaire avec la bouche; la langue; les lèvres ou la gorge, serait davantage performé par les femmes. Une étude réalisée par The Journal of Sex Research a d’ailleurs rapporté que les hommes et les femmes voient le sexe oral différemment. On considère cette pratique comme étant plus significative lorsqu’il s’agit d’offrir un cunnilingus. Les mêmes études sur le sujet dévoilent qu’il est plus facile pour les hommes de recevoir du sexe oral que d’en offrir et aussi, que les femmes sont plus enclines à en donner qu’à en recevoir.

Comment cette différence s’explique-t-elle?

Les hommes, comme les femmes, auraient une vision plutôt négative des organes génitaux féminins tant au niveau esthétique qu’au niveau hygiénique. Alors qu’une certaine proportion d’hommes se sentent préoccupés par la taille de leur pénis, il a été relevé par plusieurs études que les femmes sont encore plus nombreuses à se préoccuper de l’apparence de leur vulve. Selon une étude Britannique réalisée par la compagnie pharmaceutique MedExpress, il s’agirait de plus de 36% d’entre elles. Ces idées préconçues proviendraient entre autres de la représentation qui en est faite dans les médias et dans l’industrie de la pornographie. En effet, on y retrouve très peu de diversité tant au niveau des scénarios sexuels (souvent plus de fellations que de cunnilingus), qu’au niveau des corps et des organes génitaux  On rapporte même une augmentation considérable des chirurgies esthétiques au niveau des organes génitaux féminins dans les dernières années. Cela contribue définitivement à définir et établir des scénarios laissant de côté le plaisir féminin en lien avec le sexe oral. D’un autre côté, il est également possible de retrouver des discours négatifs en lien avec l’hygiène féminine; discours que l’on peut considérer renforcé par la grande diversité de produits spécialisés pour les parties intimes des femmes. L’offre de produits destinés aux organes génitaux masculins est elle beaucoup plus restreinte.

Mais, il y a de l’espoir.

Malgré tout, les études mentionnent qu’il ne faut pas perdre espoir. Elles rapportent qu’avec l’âge, cette mentalité tend à changer. Plus on avance dans les groupes d’âge, plus le sexe oral est pratiqué puisque les gens adhèrent moins aux scénarios sexuels véhiculés et s’ouvrent davantage à de nouvelles pratiques. C’est donc en accordant beaucoup moins d’importance aux discours erronés qui concernent les organes génitaux féminins et en continuant de déconstruire les mythes entourant la sexualité des femmes que les doubles standards en lien avec le sexe oral finiront par disparaître… un cunnilingus à la fois!

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