• AMOUR

L’amour s’envole, mais les écrits restent… et les billets doux que s’échangent Juliette et Roméo nous révèlent des discours fort différents l’un de l’autre. Philippe Brenot, psychiatre, sexologue et auteur de l’essai De la lettre d’amour, a analysé des centaines de correspondances amoureuses de grands écrivains (Ovide, Voltaire, Balzac, Simone de Beauvoir…), et son constat est éloquent: «Les hommes se nourrissent du souvenir de la chair, et les femmes, de la nature de la relation qu’elles entretiennent avec cet homme», résume-t-il. Ainsi, le lexique amoureux masculin est très charnel et explicite.

Dans ses lettres, l’amant vénère le corps de la femme, le décrit avec entêtement et a besoin de sa présence pour exprimer un manque, un désir immédiat, et pour conjurer une absence souvent intolérable. Le discours féminin, lui, est plus sentimental et suggestif. Le corps de l’homme y est quasiment absent: on l’évoque peu, sinon par des détails: les yeux, les mains ou la voix. Encore aujourd’hui, bien que le statut de la femme ait profondément évolué, ces variations dans les registres persistent dans la plupart des cas.

  • AUTOMOBILE

Selon Jean-Marc Antoine Ballet, docteur en psychologie spécialisé en conduite automobile et auteur du livre Le volant rend-il fou?, les femmes sont plus prudentes que leurs compagnons et adoptent une façon de conduire défensive. Le respect des règles de sécurité est presque inné chez les membres de la gent féminine. Outre leur instinct maternel, cela est principalement dû à leur peur quasi phobique des blessures corporelles, notamment celles qui affectent le visage.

Les hommes considèrent leur voiture comme un prolongement de leur personnalité, et les femmes, comme un des multiples objets de leur quotidien. Les mâles se servent aussi du véhicule comme d’un exutoire à leur stress professionnel ou familial. Plus sûrs d’eux que le sont les femmes, ils surestiment leurs capacités en tant que conducteurs, sous-estiment les dangers et relativisent leurs fautes au volant. Cependant, ces différences entre les sexes semblent s’estomper peu à peu avec l’évolution de la société, et ce sont maintenant les conductrices qui tendent à adopter un comportement masculin plutôt que l’inverse…

Quant à la célèbre formule «femme au volant, mort au tournant», elle n’est pas confirmée par les statistiques. Il serait plus juste de la remplacer par «homme au volant, engueulade au tournant». En effet, une étude du Royal Automobile Club de Grande-Bretagne, publiée en 2006, sur l’attitude des automobilistes britanniques révèle que lorsque les hommes sont perdus, ils attendent environ 20 minutes avant de se résoudre à demander leur chemin, tandis que les femmes le font après seulement 10 minutes en moyenne. Résultat: 64 % des couples avouent s’être déjà disputés à ce sujet au cours d’un trajet!

  • BIGOREXIE

C’est au tour des hommes d’être soumis à la dictature de la beauté. Ces messieurs ne seraient pas insensibles aux images de mâles musclés qui pullulent dans les médias et bousillent leur estime de soi. Ils sont de plus en plus nombreux à se préoccuper de manière excessive de leur apparence physique. Leur plus grande obsession? Les muscles. Si les femmes sont en quête de minceur, parfois au point de se rendre malades, les hommes, eux, souffrent davantage de bigorexie (obsession de la musculation), une anorexie mentale dite inversée.

Contrairement aux anorexiques, qui se trouvent toujours trop gros, les bigorexiques se croient sous-développés, pas assez musclés. Comme les femmes, ils ont une perception erronée de leur corps, sont victimes du trouble du comportement alimentaire, abusent de substances artificielles et de médicaments, et s’adonnent à l’exercice physique excessif.

Une étude récente sur le stress causé par la quête de la musculature parfaite et ses conséquences, réalisée auprès de 285 étudiants américains âgés en moyenne de 19 ans, dévoile que la plupart des jeunes hommes ressentent une pression sociale (médias, pairs, famille…) par rapport à leur apparence et que l’image du physique masculin idéal est celle d’un corps parfaitement musclé. Il ressort que 83 % des hommes sont insatisfaits de leur silhouette, et 72 %, de leur musculature. Parmi ces derniers, certains ont recours à des suppléments nutritionnels et à des stéroïdes pour augmenter leur masse musculaire, d’autres (31 %) suivent des régimes déséquilibrés. Faut-il s’étonner que la demande pour les implants pectoraux soit en hausse?

 

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  • CERVEAU

Les femmes sont incapables de lire une carte routière, et les hommes sont naturellement doués pour les maths, dit-on. Faux! déclare la neurobiologiste Catherine Vidal, directrice de recherche à l’Institut Pasteur, à Paris, et coauteure de Féminin, masculin – Mythes et idéologies. «Nous avons tous des cerveaux différents. On peut observer des différences anatomiques entre hommes et femmes, mais au même titre qu’on va voir des différences entre le cerveau d’un violoniste et celui d’un footballeur. Le volume, la forme, le mode de fonctionnement du cerveau diffèrent tellement entre individus du même sexe qu’il est impossible de dégager des traits propres à un cerveau féminin ou masculin.

D’ailleurs, nos circuits de neurones sont largement fabriqués au gré de notre histoire personnelle: seules 10 % des connexions sont établies à la naissance, et 90 % de celles qui restent vont se construire progressivement en fonction des influences de la famille, de la culture, de la société.» Quant aux performances inégales entre les sexes concernant le langage et l’orientation dans l’espace, elles seraient favorisées, dans les sociétés occidentales, par le fait que les garçons pratiquent des jeux collectifs – le football, par exemple, qui stimule l’apprentissage de moyens de se repérer dans l’espace -, alors que les filles jouent davantage à la maison, situation plus propice à l’utilisation du langage.

 

  • CLITORIS

Ce petit bouton rose que nous appelons clitoris n’est en réalité que la partie visible d’un organe bien plus long qu’on l’imagine (il mesure entre 10 et 11 cm au total). Comparable au pénis, il est de même origine embryonnaire et comporte un gland (partie externe) recouvert d’un capuchon (prépuce), un corps spongieux et deux corps caverneux qui s’étendent de chaque côté du vagin. Plus innervé qu’aucun autre organe humain, y compris la verge, il est tout aussi érectile que cette dernière. Cependant, notre cher clitoris est uniquement voué au plaisir et, après un orgasme, il n’a pas de période réfractaire brusque, ce qui rend possible la multiorgasmie chez la femme.

 

  • COSMÉTIQUES

«Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus beau?» Épilation, manucure, maquillage, soins… Les néomâles investissent sans complexe l’univers de la beauté, un bastion jusqu’ici presque exclusivement féminin. De 1997 à 2002, le marché mondial des cosmétiques pour hommes (parfums, produits d’hygiène et soins) a progressé de 43 %. En 1990, seuls 4 % des hommes utilisaient régulièrement un soin pour le visage. Aujourd’hui, ils sont près de 28 % à le faire. Et selon une enquête de L’Oréal, ce chiffre atteindra 50 % en 2015.

 

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  • NAISSANCE

Donner le jour à un garçon ou à une fille ne suscite pas les mêmes réactions selon les cultures. Dans certaines régions du Pakistan et de l’Afghanistan, la naissance d’une fille s’accompagne de rituels de deuil.

En Inde, certaines fillettes portent le prénom féminin indien Nakusha, qui signifie «l’indésirable». Et là-bas, les sages-femmes reçoivent une rémunération deux fois plus élevée qu’à l’ordinaire si elles aident à la mise au monde d’un garçon. Dans ce pays, avoir un fils est presque une obligation religieuse, parce que lui seul peut allumer le bûcher funéraire de ses parents et qu’il est l’unique garant de leur réincarnation. Avoir une fille, c’est une malédiction, qui condamne les parents à verser une dot au futur époux de cette enfant.

En Chine, la naissance d’un héritier mâle est accueillie avec joie et soulignée par des pétards, car ce sont les garçons qui assurent la continuité de la lignée familiale et le culte des ancêtres. La fille n’est que de passage chez ses parents. Une fois mariée, elle se dévouera à la famille de son époux.

Dans les sociétés qui préconisent l’égalité entre hommes et femmes, en revanche, on note une légère préférence à l’égard du sexe féminin depuis les deux dernières décennies. Au Québec, aux États-Unis, en Europe et en Australie, les futures mères enceintes d’un premier enfant désirent plus souvent une fille qu’un garçon, et on note une augmentation de 8 % dans la préférence des futurs pères pour une fille (alors que ceux-ci ont généralement envie que leur premier enfant soit un garçon). Ces phénomènes sont sans doute attribuables à l’émancipation des femmes et à un nouveau contexte social plus égalitaire entre les sexes, souligne Jean-François Saucier, psychiatre à l’hôpital Sainte-Justine.

  • SÉDUCTION

Haro sur la croyance répandue selon laquelle c’est à l’homme que revient l’initiative de la séduction. Deux scientifiques américains ont passé des centaines d’heures dans les bars à observer les manoeuvres d’approche entre les sexes. Ils ont constaté que ce sont les femmes qui font les premiers pas (dans 70 % des cas) en attirant l’attention par des signaux discrets: balancement du corps, mains dans
les cheveux, mouvements de tête, sourires enjôleurs, gloussements… Le mâle serait plutôt responsable de la deuxième étape: l’approche. Sauf que, là encore, c’est en général la femme qui initie un contact physique en se hasardant à effleurer «fortuitement» l’avant-bras ou la main de l’homme.

  • SEINS

Oui, les hommes aussi ont des glandes mammaires… mais atrophiées. Bien que rarissime, le cancer du sein masculin représente environ 0,6 % de l’ensemble des cancers de ce type et moins de 1 % des cancers chez les hommes. Selon une étude américaine publiée en 2004, le nombre de cas a cependant augmenté de 26 % au cours des 25 dernières années. Certains spécialistes affirment que cette hausse pourrait être imputable à l’actuelle épidémie d’obésité et à l’accroissement de matières carcinogènes dans l’environnement. Les hommes issus de familles où la prévalence de ce cancer est élevée chez les femmes semblent également plus à risque que les autres.

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  •   SHOPPING

Qui dépense le plus? Selon un sondage sur la question tenu auprès des Canadiens, les femmes le font autant que les hommes (59 % et 55 %). En revanche, elles s’en sentent deux fois plus coupables (15 %, comparativement à 8 %). Sommes-nous si différents à ce chapitre? Une étude de Saine Marketing menée en 2006 et consacrée aux comportements des Québécois en matière de consommation, révèle que le magasinage est une activité agréable pour un homme sur deux; que les critères de choix d’un supermarché, d’une boutique de vêtements, d’une pharmacie et d’un centre de rénovation sont exactement les mêmes pour les deux sexes; que les femmes utilisent davantage les bons de réduction; et que 90 % d’entre elles connaissent les mensurations de leur douce moitié, comparativement à 48 % des hommes.

Les mecs ne sont pas épargnés par le syndrome de la «fièvre acheteuse», rapporte une enquête récente sur les habitudes de nos voisins étatsuniens à ce propos. Un Américain sur vingt serait un acheteur compulsif, soit 6 % des femmes et 5,5 % des hommes de ce pays. Ces dames craquent pour les vêtements, les bijoux, le maquillage et les articles destinés à la maison; ces messieurs, pour les produits techno, les CD, les livres, les outils de bricolage et les gadgets. Ils sont aussi plus susceptibles de devenir des collectionneurs pathologiques et des accros des ventes aux enchères.

 

  • X X, XY

Selon l’état actuel des connaissances, le chromosome Y est le plus petit du génome humain: il compte seulement 78 gènes, alors que le X en compte 1098, dont plusieurs jouent un rôle dans le développement du cerveau et des fonctions cérébrales. Si un gène est défaillant sur un des deux chromosomes X de la femme, il peut être remplacé par sa copie sur le second X. Comme cette recombinaison génétique est impossible chez un garçon aux chromosomes XY, celui-ci est particulièrement vulnérable aux mutations et aux nombreuses affections héréditaires liées à des gènes du X, du daltonisme à la dystrophie musculaire de Duchenne, en passant par l’hémophilie ou l’autisme.

En outre, cette fragilité chromosomique aurait une incidence sur le taux de mortalité plus élevé des embryons mâles avant la naissance. S’il naît 105 garçons pour 100 filles sur la planète, les chercheurs estiment que ce sex ratio (rapport de masculinité) serait de 120 pour 100 à la conception. Et en temps de famine, de guerre ou de récession, les mères donneraient naissance à plus de filles que de garçons. Qui a dit que la femme était le sexe faible?

  

  • ZZZZZZ…

Décidément, le sommeil de qualité n’est pas l’apanage des femmes. Primo: elles souffrent davantage d’insomnie que les hommes. Dès l’adolescence, les filles sont plus sujettes aux troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, réveils nocturnes et cauchemars). Secundo: contrairement à leur douce moitié, elles ne tombent pas facilement dans les bras de Morphée après l’orgasme… Chez nos compagnons, la tension sexuelle chute si brutalement après le coït qu’ils ressentent inévitablement un besoin physiologique de repos.

Tertio: même si les Chinois considèrent le ronflement comme un indice de bonne santé, les femmes du monde entier le voient plutôt comme une nuisance nocturne qui perturbe leur sommeil si fragile. Que ces messieurs se rassurent: s’ils ronflent beaucoup plus – et plus tôt – que les femmes, celles-ci les rattrapent dès la ménopause. Cependant, il n’y a pas de quoi se réjouir: «Les couples aux prises avec des problèmes d’apnée du sommeil ont un taux élevé de divorce», souligne Rosalind Cartwright, chercheuse et spécialiste du sommeil. On prétend même qu’aux États-Unis le ronflement du conjoint est invoqué une fois sur dix dans les cas de divorce!

 quebecois.jpgÀ lire: On les aime, nos Québécois!