Les fantasmes ajoutent du piquant à la vie sexuelle, mais ils ne doivent pas tous être réalisés pour autant, croit Sylviane Larose, sexologue clinicienne et psychothérapeute. «Certaines personnes veulent les assouvir parce qu’elles ont le sentiment qu’il leur manque quelque chose ou que tout le monde le fait. Si on ne sent pas le besoin de vivre un fantasme ou que l’idée de le voir se concrétiser créé de l’inconfort, on le laisse dans son jardin secret.»

Le choc de la réalité

Si les fantasmes stimulent la vie sexuelle, leur concrétisation n’est pas toujours sans conséquence. «Les réaliser peut apporter de la fantaisie et de la nouveauté dans le couple, mais peut aussi occasionner des déceptions, des blessures psychologiques et parfois même une rupture amoureuse», prévient la sexologue.

Cindy Cinnamon, chroniqueuse coquine et propriétaire de boutiques érotiques, se souvient de la confidence d’un client désillusionné. «Un homme m’a raconté avoir vécu son fantasme de partager sa femme avec un étranger. En 10 ans, il n’avait jamais trouvé le point G de sa conjointe, mais l’inconnu, plus habile et délicat que lui, y était parvenu en moins de 10 minutes. À la suite de cette expérience, il s’est senti diminué, a été de moins en moins performant au lit et a fini par ne plus être capable de faire l’amour à sa femme.»

Un deuxième fantasme concrétisé qui a tourné au vinaigre: celui d’un homme qui rêvait de regarder sa conjointe se faire caresser par une autre femme. «Pour le réaliser, explique Cindy Cinnamon, le couple a fait appel aux services d’une escorte. Quand la demoiselle est arrivée, les partenaires ont constaté qu’elle était âgée de 20 ans de moins que la conjointe de monsieur, qui s’est soudainement sentie moins belle et désirable. Dans le feu de l’action, l’homme a accordé plus d’attention à l’étrangère qu’à sa femme, ce qui a terriblement blessé celle-ci. D’autant plus que, selon l’entente de départ, il ne devait pas participer aux ébats.»

Des pièges à éviter

Ce choc entre le rêve et sa concrétisation est très fréquent, selon Sylviane Larose. «Les fantasmes sont excitants parce qu’on en contrôle tous les paramètres. Mais dans la réalité, on ne décide pas de tout. On peut avoir froid, mal ou se sentir humilié. Avant de vivre un fantasme, il faut en verbaliser tous les paramètres, discuter de la progression de sa réalisation et parler de ses limites. En cours de route, il peut arriver qu’un des deux partenaires change d’idée. Cela doit être possible et accepté», explique la sexologue.

Les fantasmes devraient être vécus par étapes, croit Cindy Cinnamon. «Qu’il s’agisse de faire l’amour dans un lieu public, d’essayer l’échangisme ou de pratiquer l’amour anal, il faut y aller en douceur pour que l’expérience soit agréable. Si notre conjoint accepte de se prêter à un jeu de rôles et d’être ligoté, on ne doit pas faire des nœuds trop serrés et le laisser grelotter une heure, le temps de se servir une coupe de vin et de parler au téléphone», explique-t-elle en riant.

Si la réalisation d’un fantasme implique la participation d’une autre personne que notre partenaire, Cindy Cinnamon suggère de recruter quelqu’un à l’extérieur du cercle d’amis. «On va vivre des émotions et des sensations avec cet homme ou cette femme. Les souvenirs et les images qui nous reviendront en tête peuvent créer un malaise et briser l’amitié. Le risque n’en vaut pas le coup!»

Le rôle de la pornographie

Les fantasmes sont souvent alimentés par la pornographie. Il est facile de croire que ce qui est pratiqué à l’écran est plaisant et que le tout le monde le fait. «C’est ridicule, lance Cindy Cinnamon. Quand on regarde un film d’action et qu’on voit un cascadeur sauter d’un pont en feu, l’idée d’accomplir la même chose ne nous passe pas par la tête. C’est de la fiction, et on le sait. Idem pour la porno. Les acteurs de ce type de cinéma sont des cascadeurs de la fesse. La fille est payée très cher pour subir une pénétration anale extrême qui l’empêchera de marcher pendant une semaine. La pornographie, ce n’est pas la réalité!»