Comment expliquez-vous que les ruptures relèvent le plus souvent de la décision d’une femme?

Le mariage de raison a longtemps été la norme en Occident. Ce sont les femmes qui, à partir de la fin du 19e siècle, ont réclamé de se marier par amour. Historiquement, elles ont donc plus d’attentes pour que leur relation soit fondée sur ce sentiment. Elles ne voient pas la raison de rester avec quelqu’un qu’elles n’aiment plus. Dans un sens, le mariage de raison était beaucoup plus stable, bien qu’il était plus avantageux pour les hommes: leur épouse devait rester fidèle, afin d’assurer la légitimité des enfants, tandis qu’eux pouvaient mener leur vieà leur guise et avoir des maîtresses.

 

La répartition des tâches ménagères serait une des causes des séparations. Pourquoi?

Les femmes assument encore lamajorité des tâches domestiques. De ce fait, elles ne recherchent pas nécessairement quelqu’un qui les partagera égalitairement. Elles désirent avant tout un conjoint qui les accompagnera dans leur développement personnel. Or, si l’amour s’éteint, elles en viennent à croire que leur mari reste à leurs côtés uniquement pourqu’elles soient à son service. Certains hommes se contentent de ce confort et cherchent moins souvent à quitter leur conjointe. C’est d’ailleurs quelquechose que les femmes leur reprochent: elles les trouvent lâches.

Vous définissez trois modèles de séparations. Quels sont-ils?

Le premier est traditionnel: il s’agit de femmes dont l’objectif de vie principal est deformer un couple, puis de fonder une famille. Elles mettent l’accent sur le «nous». La rupture survient lorsqu’elles ont l’impression que leur mari profite du «nous», mais investit peu dans celui-ci. Elles se sentent alors réduites à leur rôle d’épouse et de mère.

 

Le deuxième type est représentatif de lagénération Y, qui mise beaucoup sur le «je». Ces femmes cherchent un partenaire qui les accompagnera tout au long de leur cheminement. Elles rompent dès que leur conjoint n’est plus utile en tant qu’accompagnateur psychologique, même si celui-ci peut être très investi dans leur relation.

Il y a aussi de nombreuses femmes qui se trouvent entre ces deux modèles. Elles désirent investir dans leur carrière et leur développement personnel,sans pour autant renoncer au couple et à la famille. Le défi pour ces femmes est de trouver un partenaire qui visera le même équilibre, sinon il y aura rupture.

 

L’amour, qui implique une certaine dépendance, et l’individualisme vous apparaissent-ils comme incompatibles?

Non. Il est possible d’être en couple et de conserver son autonomie, accompagnée d’un degré de dépendance. Être autonome, c’est avoir son univers à soi. Or, on peut avoir son propre univers et le raconter à l’autre. Car, malgré notre désir d’individualisme, nous avons tous besoin de la validation de l’autre pour définir notre identité. Et, lorsque notre partenaire valide notre image de soi, nous devenons en partie dépendants de la perception qu’il a de nous. C’est le paradoxe de l’individualisme!

 

Bye-Bye, chéri!

Une étude américaine publiée en 2000 cassait l’image de la femme éplorée que son mari vient de quitter. On y révélait que non seulement plus des deux tiers des demandes de divorces seraient entreprises par des femmes, mais que la majorité de celles-ci seraient plus heureuses une fois séparées!

 

 

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