Pourquoi avez-vous lancé Coco Rocha Model Camp?

Au début de ma carrière, je n’ai pas eu de mentor. Tout ce que j’ai appris, ou presque, a été le résultat d’essais et d’erreurs. Il y a huit ans, j’ai commencé à donner des leçons de pose à certaines mannequins, comme Kendall Jenner, à la demande de leur agence. J’ai beaucoup aimé l’expérience et j’ai décidé de lancer Coco Rocha Model Camp en 2018. Le succès est tel que j’organise désormais des formations toutes les deux semaines! Je sélectionne chacune des candidates, dans l’optique de faire du camp un microcosme de l’industrie de la mode comme j’aimerais qu’elle soit. La diversité est tellement importante pour moi.

À propos de diversité, pensez-vous que le secteur est réellement capable d’évoluer sur ce plan?

Seul le temps nous dira si c’est une simple tendance ou un changement significatif. Des créateurs comme Jean Paul Gaultier et Christian Siriano, qui sont tous deux des amis à moi, accueillent la diversité et l’inclusion. L’amour que Gaultier a pour les femmes, quelles que soient leur taille et la teinte de leur peau, est sincère, authentique. D’autres marques tentent l’expérience en faisant défiler des mannequins de couleur ou une top aux courbes généreuses
le temps d’une saison, mais ça ne mérite pas d’être célébré. L’inclusivité n’est pas là pour faire sensation.

Quel est le plus grand défi que vous ayez rencontré au cours de votre carrière?

Il y a près de 10 ans, j’ai dénoncé les abus dans le milieu de la mode et, à l’époque, j’ai été mise à l’écart, voire bannie, pour l’avoir fait. Je n’étais pas la seule; d’autres mannequins ont aussi vu leur carrière détruite pour avoir agi comme moi. Huit ans avant le mouvement #metoo, on a nommé les prédateurs en espérant que les choses évoluent. Comme j’ai parlé de ce sujet quand j’étais très jeune, ça a au moins eu le mérite de me protéger d’une certaine façon des pires prédateurs. Je pense qu’ils avaient peur de travailler avec moi parce qu’ils savaient que je pouvais les dénoncer. Encore aujourd’hui, même en étant protégée par mon équipe et par un contrat qui dit explicitement que je refuse de poser nue, on s’attend quand même à ce que je fasse fi de mes principes. À 31 ans, je subis la même pression que lorsque j’avais 15 ans. Il y a tellement de choses que j’aimerais voir changer.

cocorochamodelcamp.com


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