Pourquoi le Musée McCord a-t-il fait appel à vous?

J’avais déjà fait quelques contrats pour la maison Dior, lors des collections haute couture, au temps où John Galliano était directeur artistique de la griffe. On m’appelait alors pour mon expertise ou pour travailler sur un modèle précis (notamment à la réalisation d’un corset, d’une robe drapée et d’un veston à motif pied-de-poule emblématique de la marque). Le Musée McCord m’a demandé de recréer les robes Arthénice, Bella et Dolorès en respectant les techniques de l’époque.

Le processus a-t-il été compliqué?

Ça n’a absolument rien à voir avec les robes qu’on conçoit aujourd’hui! Pour la robe Dolorès, par exemple, tout est cousu dans un seul morceau de satin duchesse, long de 3 mètres; et pour le modèle Arthénice, il a fallu faire un ourlet de 45 centimètres, qui ajoutait du poids à la jupe, mais qui ne devait pas se voir. Ç’a été complexe, d’autant plus que toutes les robes Dior sont montées sur un corset. En tout, j’ai travaillé plus d’un mois sur les trois créations.

Qu’avez-vous retenu de cette expérience?

Qu’on peut concevoir des chefs- d’œuvre avec une machine à coudre et nos 10 doigts. J’ai aussi appris qu’il y avait une manière de réaliser ces créations, et que si on ne la respectait pas, le rendu n’était pas beau. Tout est là pour une raison. À l’époque de Christian Dior, chacun était d’ailleurs spécialisé dans un domaine précis: on pouvait passer 30 ans à placer des agrafes, et il n’y avait pas la polyvalence qu’on voit aujourd’hui. L’opportunité que j’ai eue a été un vrai plaisir et une grande responsabilité. Et, surtout, c’est un véritable cadeau pour la mode montréalaise.

Croquis originaux des trois robes

Croquis originaux des trois robesMusée McCord