1. Vous êtes un artiste reconnu dans le monde de la mode québécoise. Au tout début de votre carrière, auriez-vous imaginé connaître un tel succès un jour?

Quand on me posait la question: «Qu’est-ce que tu veux faire plus tard?» je ne savais pas vraiment quoi répondre, mais je savais que je voulais être un artiste. Durant mon parcours, j’ai découvert que j’aimais la mode, la littérature et l’art. Pour moi, la création est LE moyen de m’exprimer en mettant de l’avant mes idées et mes inspirations.

2. Décrivez-nous la marque Jean-Claude Poitras en quelques mots…

J’aime poser un regard sur le passé et revisiter les tendances d’autrefois. La nostalgie (sans être péjoratif) m’inspire. Mes souvenirs avec ma grand-maman sont une grande source d’inspiration. Je me rappelle notre rituel du samedi matin, qui consistait à feuilleter ensemble le Jour de France, un magazine français dans lequel j’admirais les robes de Haute Couture signées Christian Dior ou Balenciaga. Ça m’a marqué et j’ai eu envie de fouiller le côté historique de la mode. Je crois que mon style a toujours été empreint d’élégance, de pureté et des courbes.

3. Au cours de votre carrière, avez-vous une phrase ou mantra qui vous a suivi?

«La mode passe, le style reste», tel que le disait Yves Saint Laurent. J’adore la mode, mais j’ai horreur d’être à la mode.

4. Quel est le plus gros défi professionnel que vous avez rencontré?

J’ai eu à relever des défis à chaque période de ma vie. J’ai toujours su me réinventer, mais j’ai aussi souvent trébuché, notamment, lorsque je travaillais avec un manufacturier qui a fait faillite. Tout bascule du jour au lendemain et on doit alors repartir à zéro. Ça m’est arrivé à plusieurs reprises (soupir) et j’ai du me remettre en question pour pouvoir avancer et faire perdurer ma carrière.

5. Avez-vous des mentors ou des gens qui vous allument?

L’artiste Léo Chevalier a cru en moi. Doté d’une incroyable générosité, il a été mon mentor en m’aidant, par exemple, à intégrer l’Association des dessinateurs de mode du Canada. Je l’admire car il a tracé la voie entre les manufacturiers et les designers afin qu’ils collaborent davantage.

6. Qu’est-ce qui vous réjouit encore après plus de 40 ans de création?

De pouvoir continuer à faire ce que j’aime passionnément: créer.

7. Où puisez-vous votre énergie créative, votre inspiration?

Mon premier voyage à Bali m’a incroyablement bouleversé. Lorsque je suis revenu de ce séjour, j’ai voulu changer les choses, casser le moule comme on dit et amener les gens ailleurs. Je me suis inspiré de l’environnement exotique et coloré de ce périple pour créer. À l’époque, le monde de la mode m’avait catégorisé: «Le design derrière Jean-Claude Poitras, c’est un style masculin et féminin aux lignes épurées.» J’ai surpris l’assemblée avec ma collection en 1980 où l’on découvrait des vêtements drapés en toute fluidité. Les voyages m’ont apporté et m’apportent encore aujourd’hui une énergie et une source d’inspiration inépuisables.

8. Quand vous avez besoin d’une pause, que faites-vous pour vous changer les idées?

Je peins beaucoup et je dessine. J’aime aussi écrire. Un livre fait d’ailleurs partie de mes projets. Et puis j’adore voyager bien sûr, c’est essentiel pour moi.

9. À quoi doit-on s’attendre de votre exposition rétrospective?

En plus d’y exposer mes créations, j’y explique ma démarche artistique et je dévoile mon univers créatif aux adeptes d’art, de design et de mode.

Pour plus d’informations, consultez le www.ville.repentigny.qc.ca/cadd