Qu’est-ce que le microbiome?

Selon les dires de la Dre Karen Nelson, microbiologiste américaine, le microbiome, chez l’humain, pèse à lui seul 1,5 kg. Et, fait encore plus éloquent, 50 % des cellules du corps humain s’avèrent des cellules microbiennes. Elles sont donc présentes par milliards en chacun d’entre nous! Le microbiome, logé dans l’intestin comme dans l’épiderme, est constitué de près de 200 différentes espèces de bactéries, de levures, de champignons, de virus, de microbes… Mais qu’on se rassure au lieu de grimacer d’emblée: il s’agit davantage d’alliés beauté que d’ennemis à éradiquer. «En termes simples, le microbiome cutané, c’est l’ensemble des microorganismes qui composent l’écosystème de la peau», explique le Dr Jean-François Tremblay, dermatologue québécois et directeur médical de la clinique montréalaise MédIME. «C’est un peu l’équivalent d’un mur végétal: il vit en symbiose avec la peau. Ses bactéries y évoluent, s’y nourrissent et s’y multiplient, mais elles rendent aussi service à l’épiderme en l’aidant à renforcer sa barrière cutanée, à main- tenir son hydratation et à combattre ses agresseurs inflammatoires.» Ces bonnes bactéries sont sur un pied d’alerte à la surface de la peau et s’élèvent contre les bactéries pathogènes susceptibles de la mettre à mal ou, pire, de l’intoxiquer. On comprend donc que c’est lorsque tout cet écosystème de défense s’affaiblit et perd son équilibre que les infections cutanées surgissent et nous accablent, de l’eczéma à la dermite séborrhéique, en passant par l’acné et le psoriasis.

Garde du corps naturel

Au lieu de déclarer systématiquement la guerre aux bactéries de l’épiderme, les cosméticiens, scientifiques et médecins se sont mis à s’y intéresser de près il y a une dizaine d’années. (Le microbiote du cerveau et celui de l’intestin faisaient l’objet d’études depuis longtemps déjà, à cause de la recrudescence de pathologies chroniques comme la sclérose en plaques et le côlon irritable.) Une évidence a vite surgi: un microbiome cutané équilibré, sain et diversifié était garant d’une peau en santé, car il empêchait la prolifération des bactéries pathogènes.

Mieux vaut donc préserver et restaurer notre flore bactérienne, plutôt que de chercher à l’éradiquer à tout prix! Elle a tout naturellement le pouvoir de soigner, de revitaliser et de protéger l’épiderme. C’est ni plus ni moins qu’un bouclier, pour ne pas dire un garde du corps! Car comme le précisait, lors du sommet parisien, le professeur Thomas A. Luger, qui dirige le Département de dermatologie de l’université de Münster, en Allemagne, «les bonnes bactéries ont des pouvoirs antimicrobiens naturels, capables de tenir à distance quantité d’atopies».

Unique en son genre

Ce qui rend complexe l’étude du microbiome, c’est son individualité. À l’image de l’ADN, chaque être humain possède une flore microbienne qui lui est propre. Gènes, style de vie, alimentation, hygiène, âge et état de santé sont autant de facteurs susceptibles de la façonner. Il semble même que les gens (et les animaux!) avec qui on vit, aient aussi une incidence sur la composition de notre microbiome. D’où, sans doute, la popularité sans précédent des concoctions sur mesure (crèmes, sérums, etc.) et l’intérêt grandissant des maisons de beauté pour les diagnostics cutanés (propulsés par l’intelligence artificielle) et la cosmétique personnalisée.

Bonnes et mauvaises bactéries

Évitons de nous assommer avec les noms des bactéries, d’origine latine, qui sont quasi imprononçables et archicompliqués à écrire. Pour mieux comprendre ce qui différencie les alliés des intrus, le dermatologue Jean-François Tremblay nous simplifie les choses: «Les bonnes bactéries, admet-il, soutiennent les fonctions biologiques et protègent la peau, alors que les mauvaises lui nuisent en ouvrant la porte à l’inflammation cutanée, aux infections de toutes sortes et à l’accentuation de pathologies telles que l’eczéma, le psoriasis ou la rosacée, pour ne nommer que celles-là.»

– Durant un baiser de 10 secondes à peine, 80 millions de bactéries sont échangées.

– Il y a plus de microbes dans le corps humain que d’étoiles dans la Voie lactée.

– Un linge à vaisselle contient 6 fois plus de bactéries qu’une chasse d’eau. Un téléphone cellulaire? 18 fois plus!

– 100 différents types de bactéries coexistent sous nos aisselles.

Les bactéries sont partout!

Les recherches récentes de La Roche-Posay sur la science du microbiome ont permis d’établir un lien entre l’émergence des poussées eczémateuses et une chute marquée de la diversité bactérienne. Quand plus de 30 % de l’écosystème cutané est colonisé par une seule et même bactérie – en l’occurrence, le staphylocoque doré –, la peau se dessèche à la vitesse grand V, des démangeaisons sont ressenties dans la foulée et des plaques d’eczéma – accompagnées de desquamations – surgissent, s’installent et se régénèrent encore et encore. Pire: futé et bien organisé, ce staphylocoque, pour se protéger, s’agglutine et forme une pellicule coriace, appelée biofilm, qui empêche les crèmes de bien pénétrer dans les pores et d’apaiser l’épiderme eczémateux.

Flore bactérienne et rituels cutanés

Comment faire, alors, pour traiter notre épiderme aux petits soins, le réconforter et l’embellir sans chambouler son microbiome? «En tournant le dos aux produits trop abrasifs et très desséchants, et en se protégeant le mieux possible contre les assauts environnementaux susceptibles d’altérer le pH cutané», dit le Dr Tremblay. En clair, comme la peau est plutôt acide, avec son pH avoisinant 5,5, on évite d’entrée de jeu les démaquillants, les savons et les nettoyants aux formules trop alcalines ou détergentes. Les agents de conservation chimiques, présents en grande quantité dans certains soins, tendent aussi à malmener le microbiome en l’aseptisant. On s’abstient donc autant que possible de les utiliser. On exfolie la peau une seule fois par semaine, sinon on risque de gommer aussi au passage les bonnes bactéries de notre flore microbienne. On préfère l’eau tiède à une eau trop chaude, qui irrite la peau en la desséchant. Et si nos mains sont sujettes à l’eczéma ou au psoriasis, on se garde d’employer à outrance des antibactériens et autres désinfectants alcoolisés.

La cosmétique probiotique et prébiotique

Véronique Delvigne, docteure en pharmacie et spécialiste de la biologie cutanée, a été directrice internationale de la communication scientifique chez Lancôme pendant une vingtaine d’années. Elle prête aujourd’hui son savoir à La Roche-Posay en chapeautant la direction scientifique internationale de la marque. Interviewée à Paris, elle nous a fourni cette explication ô combien éclairante: «Les bienfaits des probiotiques sur la santé ne sont plus à démontrer, et des milliers de publications scientifiques l’attestent. En plus de mieux outiller le système immunitaire dans sa globalité, ils renforcent la fonction barrière de la peau de façon à ce qu’elle soit plus résistante aux éléments pathogènes et au vieillissement prématuré.» Pas étonnant, alors, de voir de plus en plus de marques de cosmétiques inclure des probiotiques dans leurs petits pots. Ces microorganismes (levures et bactéries en tête) sont des coachs cutanés à nuls autres pareils: ils entraînent les cellules épidermiques à mieux faire face aux assauts de la vie urbaine contemporaine (stress, pollution, insomnie, écarts climatiques, virus, etc.). Quand on les intègre à notre routine beauté, la peau devient plus confortable, mieux hydratée, plus pulpeuse et tonique à long terme.

Et les prébiotiques? Alors que les probiotiques sont des microorganismes vivants permettant de bien réguler le microbiome cutané, les prébiotiques, eux, en sont un peu l’engrais, les nutriments. Leur mission? Stimuler la croissance et l’activité des bonnes bactéries cutanées afin qu’un microbiome diversifié continue de fleurir sainement sur notre peau. Aussi, les maisons de beauté sont de plus en plus nombreuses à faire la part belle aux prébiotiques – autant qu’aux probiotiques – dans leurs formules de soin. Et leur popularité n’est pas près de chuter, car, grâce à eux, les désordres cutanés peuvent être corrigés tout doucement, et les récidives peuvent graduellement s’espacer, sans qu’on ait recours aux corticoïdes surpuissants et potentiellement dommageables.

Terreau fertile pour l’avenir de la dermatologie

«Entre les années 1950 et 2000, l’approche médicale était surtout hygiéniste, parce que de nombreuses maladies se propageaient alors en raison des piètres habitudes d’hygiène», explique Othman Bennis, directeur international du marketing et de l’innovation pour La Roche-Posay. «On souhaitait donc mettre fin à ce fléau et traiter rapidement le problème à grand renfort d’antibiotiques, en tuant toutes les bactéries existantes. Or, depuis 2011, nous avons mené 19 études cliniques sur le microbiome auprès de 1200 patients, et publié dans la foulée 13 articles scientifiques. Nous savons désormais que la santé cutanée (et intestinale!) passe par une diversité microbienne et un équilibre bactérien. Ainsi, la communauté dermatologique tend à aborder les atopies cutanées dans une perspective bien plus biologique que par le passé.»

Le changement commence à peine à s’opérer. Dans le milieu médical, on dit du microbiome qu’il est le nouveau génome. C’est donc un sujet vaste et complexe, qui doit être étudié plus à fond pour qu’on puisse mieux le décoder et arriver à mettre au point des traitements dermatologiques plus adaptés, pointus et personnalisés que jamais. «Le microbiome, c’est une grosse boîte de Pandore qu’on vient à peine d’ouvrir, déclare Véronique Delvigne. Certains experts vont jusqu’à dire qu’il s’agit d’une révolution aussi bouleversante que celle qui s’est produite quand on a compris que la Terre n’était pas plate! Ça risque donc de modifier notre façon d’envisager non seulement la biologie, mais la vie tout entière. Car on réalise que tout est interconnecté et que la beauté de la peau est influencée autant par notre état de santé et notre bagage génétique que par notre milieu de vie, voire aussi notre psyché.» Tiens donc…

Précision sémantique

Les mots microbiome et microbiote sont souvent utilisés de façon interchangeable, car la différence entre les deux est subtile. «Le microbiote se rapporte surtout à l’ensemble des espèces qui ont colonisé notre organisme (bactéries, levures, champignons, etc.), note le Dr Tremblay. Le microbiome, quant à lui, englobe l’ensemble du génome ou des souches génétiques qui composent notre microbiote.»

Qu’on se le tienne donc pour dit!

ELLE AIME

Ce soin réapprend à la peau chroniquement sèche à mieux se protéger, apaisant du même coup démangeaisons, rougeurs et irritation.

Baume relipidant XeraCalm A.D.  d’Eau Thermale Avène (36 $).

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Un probiotique sous forme de ferment lactique qui épaule la barrière d’hydratation et stimule la régénération cellulaire.

Hydratant en gel Squalane + Probiotic, de Biossance (69 $).

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Il stimule les défenses cutanées et ralentit par le fait même le processus de vieillissement grâce à sept extraits prébiotiques et probiotiques.

Concentré activateur de jeunesse Advanced génifique, de Lancôme (99 $ les 30 ml).

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Il rééquilibre le microbiote en 15 minutes de pose, et donne une peau vite réconfortée, éclatante et hydratée.

Masque pour le visage super dose de probiotiques Hydra-Biome, de Korres (63 $).

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