Connaissiez-vous la maison CHANEL avant cette aventure ?
Depuis la sortie du «Fabuleux Destin d’Amélie Poulain» et même avant, j’avais eu la chance qu’ils me prêtent des robes et j’entretenais avec eux des rapports fidèles et très chaleureux. Ce sont des gens très généreux et qui l’ont toujours été avec moi, même avant que je ne connaisse un succès assez important.

Connaissiez-vous Karl Lagerfeld ?
Oui, je ne me souviens plus de la première rencontre mais c’était lors d’une séance photo. Bien sûr, je connaissais le personnage.
– Comment l’aviez vous appréhendé ?
C’est quelqu’un de très impressionnant, moi en tout cas il m’impressionne beaucoup. Il est extrêmement charismatique, c’est un être unique, tellement brillant… Je suis souvent intimidée par les gens qui ont beaucoup d’esprit, de culture mais c’est quelqu’un qui est très généreux avec ça.

Qu’est ce que ça vous fait d’être l’égérie du N°5 ?
Je réalise que ce n’est pas forcément un mot qui m’est venu à l’esprit, je ne l’ai pas réalisé et je ne le réalise pas encore maintenant, parce que je crois que la grande différence avec cette histoire là et ce parfum là est la façon dont les choses se sont organisées: le fait que ce soit un film réalisé par Jean-Pierre Jeunet, le fait que ce soit CHANEL N°5, je crois que cela dépasse mon image et ma personne.

J’ai plutôt l’impression de m’inscrire dans l’histoire de ce parfum et dans mon histoire cinématographique avec Jean-Pierre Jeunet plutôt que de devenir l’image ou l’égérie de ce parfum. Pour moi, CHANEL N°5, je dirais qu’il est mythique à lui tout seul, on peut le porter, le proposer, le faire partager mais il transcende toutes les femmes qui l’ont incarné avant moi.

Suite: AudreyTautou à propos du cliché de la Parisienne

audrey-film.jpg À voir en vidéo: l’entrevue avec la nouvelle égérie de Chanel 

Les égéries du N°5 avant vous ont été entre autres, Catherine Deneuve, Carole Bouquet et plus récemment Nicole Kidman. Quel est votre sentiment sur le fait d’appartenir maintenant à une telle dynastie ?
Ce n’est pas mal… Je me demande même ce que je fais là… Non, c’est étrange mais je vois ça comme une nouveauté, je ne me compare pas à ces grandes actrices, je ne me vois pas dans leur lignée. Je me vois plus proche du parfum en lui même, de son histoire et je dirais même de Coco Chanel, plutôt que de toutes ces femmes célèbres qui l’ont porté, je pense à Marilyn Monroe… Ce n’est pas ce qui me vient à l’esprit. Je suis très flattée et très honorée, ou alors j’ai envie de dire que j’ai peut-être une image de moi qui n’est pas exactement celle que d’autres ont…

Vous êtes trop modeste ?
Non, je suis heureuse. Je vais peut-être vous paraître prétentieuse mais je trouve que c’est une bonne idée de m’avoir choisie. C’est un parfum qui est très français, je ne fais pas du chauvinisme de base mais dans le raffinement, l’élégance, la délicatesse – je ne suis pas en train de me définir mais c’est souvent ce que l’on me dit des Françaises, en tout cas de l’image que les étrangers ont des Françaises, en tout cas du cliché de la Française ou de la
Parisienne… Je suis heureuse que ce soit… moi.

Vous n’aviez jamais fait de publicité, pourquoi ? Pourquoi avez-vous accepté celle-ci ?
J’ai toujours refusé de faire de la publicité, j’ai toujours refusé d’être l’image d’un parfum jusqu’à présent parce que je voulais d’abord me réaliser en tant qu’actrice et j’avais besoin qu’il y ait une sincérité dans mon «oui». J’avais besoin d’avoir un rapport sincère et authentique avec «l’objet» dont je suis censée faire la promotion, si je puis dire, en tout cas en être l’image. J’étais très exigeante. Je n’aurais pas pu être l’image d’un parfum dont je n’aime pas l’odeur et ça m’est arrivé de refuser à cause de ça.

J’avais besoin que ce soit un vrai rendez-vous et je crois que cette combinaison entre Jean-Pierre Jeunet, la Maison CHANEL que je connaissais depuis longtemps et vraiment qui a toujours été extrêmement bienveillante à mon égard, et ce parfum tellement exceptionnel, c’était vraiment un cocktail savoureux.

Photo-12.jpgCliquez pour voir le storyboard du film de Jean-Pierre Jeunet! 

 

 

Coco Chanel disait : «une femme sans parfum est une femme sans avenir». Vous trouvez ça vrai ?
Non, je ne trouve pas ça vrai.

Considérez-vous le parfum comme une extension de votre personne ou comme un simple accessoire ?

Pour moi, une femme qui se parfume c’est l’ultra féminité. Plus que le maquillage ou même les vêtements, on porte un parfum comme on porte un secret, on ne va pas le faire partager à n’importe qui, on le fait partager à quelqu’un qui va s’approcher, c’est comme un baiser. Une femme qui révèle un souffle agréable, en tout cas mystérieux, ça apporte quelque chose de plus à la femme…

La mémoire olfactive est très puissante… qu’en pensez vous ? Avez-vous des souvenirs particuliers, liés aux parfums, aux senteurs ?
Bien sûr. Des parfums me rappellent des hommes que j’ai connus, des lieux… C’est une mémoire, ce sont des souvenirs inoubliables et surgissant. C’est comme une rafale en plein visage, le souvenir arrive avec cette même violence, cette même force. Même des parfums que j’ai portés plus jeune ont marqué des moments de ma vie. J’avais un parfum enfant, un autre quand j’étais adolescente…

Ce qui est amusant et tout-à-fait vrai, et ça tombe bien puisqu’il se trouve que je suis dans cette Maison : je porte des parfums CHANEL depuis plusieurs années. Par exemple, pour faire encore un petit lien avec Jean-Pierre Jeunet : quand je tournais «Un long dimanche de fiançailles», je me parfumais tous les matins avec «Chance». J’en adorais la senteur mais c’était lié à une petite superstition car le tournage était difficile et je l’ai porté longtemps. Puis j’ai porté Coco Mademoiselle très longtemps aussi.

Je connaissais évidemment le N°5, comme tout le monde, mais je n’avais jamais eu l’idée de le sentir, il faisait juste partie de ma mémoire… J’ai une image de moi, petite fille, dans la bibliothèque de ma tante qui était une jeune femme de mon âge à l’époque. Elle avait posé sur une étagère son flacon de CHANEL N°5, il me paraissait énorme à l’époque. Il symbolisait déjà le luxe, le raffinement, le mystère… Il y avait un mystère autour de cet élixir, nous avions interdiction formelle d’y toucher. Je me disais qu’à chaque fois que l’on pressait le vaporisateur c’était le comble du luxe. C’était comme un bijou que l’on expose et dont on n’a jamais fini de découvrir les saveurs, cela m’a marqué.

Pourriez-vous aimer un homme qui n’aime pas votre parfum ?
Je ne pourrais pas aimer un homme qui n’aime pas le N°5…Je ne peux aimer qu’un homme qui a du goût car j’en ai… non, je ne pourrais pas aimer un homme qui n’aime pas mon parfum, il serait au-dessous de tout.

LE FILM N°5

Que vous évoque l’idée du train de nuit ?
C’est le voyage, la découverte, le secret, le mystère, s’éveiller sur un ailleurs et respirer la nouveauté.

Croyez vous à l’histoire du film ?
Évidemment. Le coup de foudre… On connaît tous des histoires de gens qui se sont reconnus au premier regard…

Vous dites «des gens». Et vous ?
Le coup de foudre comme ça ? Si, une fois. Mais pas du tout dans un contexte aussi romantique et magnifique, je vous en épargnerai donc les détails.

Et le coup de foudre olfactif ?
Oui. On peut connaître ou reconnaître quelqu’un grâce à son parfum. Par exemple, une femme qui est vulgaire, son parfum le sera aussi, suffocant, lourd, écoeurant. La peau parle et le parfum est un révélateur de personnalité.

Pensez-vous que l’amour soit toujours quelque chose qui vous emporte de manière inattendue ?
Absolument, cela ne sert à rien de chercher…

Faites-vous confiance au destin ?
Je n’en sais rien. J’ai une assez jolie étoile, elle veille plutôt bien sur moi depuis le début, je ne sais pas si elle s’éteint bientôt, j’espère que non…

31.jpgCliquez ici pour lire la version de Jean-Pierre Jeunet!

COCO AVANT CHANEL / N°5

N’est-il pas gênant pour vous d’incarner la même année Gabrielle Chanel au cinéma et le N°5 ?
Non. Cela ne me pose aucun problème car pour moi cela n’a rien à voir, ce n’est pas la même implication. J’ai presque l’impression d’être une ambassadrice du parfum, je tiens le fil, je continue à le dérouler jusqu’à le remettre entre les mains de quelqu’un d’autre. C’est tellement exceptionnel qu’un parfum ait marqué autant, ait traversé les décennies tout en restant aussi mystérieux et à la fois présent, je suis beaucoup plus petite par rapport à tout ça.

Votre rôle dans « Coco avant Chanel » vous a-t-il inspiré dans votre rôle pour le N°5 ?

Ce que le film m’a permis, c’est de découvrir beaucoup plus Coco Chanel. C’était vraiment une novatrice, le mot n’est pas très joli, elle était une avant-gardiste, par rapport à son temps. Si on pense à son enfance, personne n’aurait pu imaginer le destin qu’elle a eu, qui est gigantesque.

Le fait qu’elle ait réussi à créer un parfum dans les années 20 qui reste aujourd’hui un parfum qui aurait pu être créé hier, c’est du même ordre d’excellence que tout ce qu’elle a pu faire dans sa vie. Quand on tournait, les figurantes engoncées dans les corsets venaient me dire : «merci de nous avoir libérées du corset !».

Elle a énormément apporté à la libération de la femme, elle n’est pas la seule, mais elle était vraiment différente des autres femmes de son époque. L’image de ce parfum est à l’image du caractère de sa créatrice : hors norme et exceptionnel. En interprétant Coco et en apprenant à la connaître, j’ai pris davantage la mesure du caractère unique du N°5.

Il n’existe donc pas de lien entre la campagne N°5 et le film «Coco avant Chanel»?
Cela n’a rien à voir, le film «Coco avant Chanel» raconte une période qui précède la création du parfum et le succès de Coco Chanel, et c’est mon travail d’actrice, ce n’est pas pareil. Là, c’est moi qui vous parle pour cet «objet» avec sincérité. Au cinéma, je joue et jouer c’est interpréter. J’ai interprété Coco Chanel, je n’ai pas cherché à rentrer dans le mimétisme, parce que l’on parle de sa jeunesse, mais j’ai essayé que l’on s’en rapproche d’une certaine manière.

2009 est une année CHANEL pour vous ?
Oui. On peut le dire. J’espère que tout va être un succès, sinon mon année CHANEL, je m’en souviendrai ! J’espère que l’année Chanel sera belle mais qu’elle ne le sera pas que pour moi car je ne suis pas la seule à être embarquée dans ces aventures là. Je vais avoir du mal à passer à côté de CHANEL en 2009, ON va avoir du mal à passer à côté de ces rencontres.

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