Votre livre m’a renversée pour deux raisons paradoxales: il est révolutionnaire et profondément simple. Qu’est-ce qui explique qu’on ait besoin de réapprendre à respirer?

Ce sont des chercheurs qui m’ont fait comprendre qu’on a repensé notre alimentation afin de l’adapter à notre mode de vie actuel, tout comme on a dû se mettre à l’exercice pour contrebalancer notre mode de vie sédentaire. Il est donc logique d’étudier comment les stresseurs de notre environnement ont transformé la manière dont on fait appel à notre principale source d’énergie: le souffle. Il s’est avéré qu’on utilise de moins en moins nos voies nasales: l’humain respire trop, et par la bouche.

Pourquoi est-il néfaste de respirer par la bouche?

Parce qu’il n’existe aucun système dans la bouche pour filtrer l’air qui y entre. En inspirant par le nez, on force l’air à voyager dans une série de structures à travers lesquelles il s’échauffe, il s’humidifie, il est filtré, pressurisé et conditionné avant d’atteindre les poumons, ce qui facilite grandement son absorption. On absorbe 20 % plus d’oxygène en respirant par le nez.

L’anxiété est le mal de ma génération. Qu’avez-vous découvert sur la connexion entre la respiration et notre état psychologique?

Que 80 % des échanges entre le corps et le cerveau proviennent du corps. En inspirant doucement par le nez, on envoie au cerveau le message qu’on est calmes et en sécurité, ce qui a pour effet de réguler les hormones de stress. Plusieurs études ont démontré qu’une respiration lente contribue à multiplier les connexions entre les diverses régions du cerveau liées à la prise de décision, ce qui nous permet d’avoir une meilleure maîtrise de nos réactions. La respiration est la seule fonction automatique du corps sur laquelle on peut activement jouer un rôle!

Lors de ma lecture, j’ai été étonnée d’apprendre que même les deux narines remplissaient des fonctions différentes!

Tout à fait! En inspirant et en expirant par la narine droite, on appuie sur la pédale d’accélérateur: le rythme cardiaque, les pensées et la circulation sanguine augmentent. En bloquant la narine droite pour ne faire appel qu’à celle de gauche, on calme le système nerveux et on stimule le côté créatif du cerveau.

Le livre déborde d’informations à propos des impressionnants bienfaits de la respiration lente et nasale sur la santé globale, de la qualité du sommeil jusqu’à l’amélioration considérable des performances sportives. Par où commence-t-on pour changer un geste qu’on accomplit depuis la naissance?

La respiration ne règle pas tous les problèmes, mais elle fait partie de la base d’une bonne santé. Il s’agit de faire de petites modifications à son mode de vie, par exemple de placer un bout de ruban adhésif entre nos lèvres pour entraîner notre cerveau à fermer la bouche pendant la nuit ou encore de respirer consciemment en voiture ou en joggant. On explore ces avenues avec patience, curiosité, et avec l’intention d’installer une nouvelle habitude dans notre quotidien.