Ce pouvoir enivrant, les nez Honorine Blanc et Amandine Clerc-Marie ont su le traduire en flacon. Comment? C’est ce que nous raconte, de la première à la dernière note, Honorine Blanc, la maître parfumeuse française connue pour ses opus à succès (dont Women, de Calvin Klein, Fever, de Jimmy Choo, et Black Opium, d’Yves Saint Laurent).

Quel a été le processus créatif de Voce Viva?

L’inspiration de départ tournait vraiment autour de la marque Valentino. Son côté moderne, couture et audacieux. Après, c’est la vision de Pierpaolo Piccioli [le directeur artistique de la maison], très engagé tout au long de l’élaboration, qui nous a guidées, Amandine et moi. Mais c’était à nous deux de décider où on voulait aller pour composer ce jus, auquel nos trois voix se sont mêlées.

Saviez-vous d’emblée que Lady Gaga serait l’ambassadrice du parfum? 

Pas au début! Mais dès qu’on l’a su, on a travaillé autour de ce que la star incarne et des messages qu’elle véhicule dans ses chansons.

Comment décririez-vous le premier pschitt de Voce Viva? Comment évolue- t-il au cours de la journée?

Je voulais qu’il s’ouvre sur une explosion des notes naturelles de la bergamote, fraîche et lumineuse. Qu’il exprime par la suite sa facette minérale et sensuelle. Puis, quand ressortent ses notes boisées, qu’on se demande «Qui est cette personne [qui le porte]?» C’est intéressant et pas trop intellectuel.

On brise de plus en plus les codes masculins et féminins. En quoi cela influence-t-il votre démarche?

Ce qui m’intéresse dans l’idée de jouer avec les codes, c’est la liberté d’utiliser ce qu’on veut pour créer. J’adore explorer des territoires interdits. Prendre des matières en les sublimant pour aller outre les codes genrés. À mon sens, ce qui distingue les jus traditionnellement féminins et masculins, c’est la texture. Ceux élaborés pour les hommes sont énergiques, secs. Et ceux destinés aux femmes sont plus doux et sensuels – même si la peau des femmes est légèrement plus salée! Aujourd’hui, chacun a le droit de porter ce qu’il veut. Tout est dans la façon de le faire. D’ailleurs, comme l’a affirmé Pierpaolo à propos de Voce Viva: «Qui a dit que c’était un parfum féminin? Tout le monde peut le porter!»

Le nom du parfum évoque la voix et la musique…

Oui, car il y a beaucoup de similitudes entre la musique et la parfumerie: il est question de dissonance, de polyphonie, d’accords… Élaborer un parfum est aussi complexe que de créer une pièce musicale. Ce qui change, c’est l’équilibre entre les ingrédients qui fera naître de nouvelles émotions. Vous savez, à partir de cinq matières premières, je peux créer 40 notes pouvant vous rendre heureuse, vivifiée ou apaisée! Un parfum, c’est un souvenir, une image, une émotion qu’on tente toujours de retrouver…

Les trois facettes de Voce Viva

Couleur
La bergamote de calabre, radieuse et pétillante, s’allie à la douceur de la mandarine italienne et au piquant du gingembre frais.

Couture
L’Absolue de fleur d’oranger rayonne en majesté au cœur de ce bouquet haute couture, piqué de gardénia doré et de jasmin à grandes fleurs d’inde.

Cool
La mousse de cristal, réservée traditionnellement à la parfumerie masculine, est réchauffée par le bois de santal et l’absolue de vanille de madagascar.

Photo principale: Lady Gaga, toute vêtue de rouge – la couleur fétiche de la maison Valentino –, incarne les valeurs de Voce Viva, de Valentino (165 $ les 100 ml d’eau de parfum; valentino.com).

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