5 h 30 du matin. Mei Pang (@meicrosoft sur les réseaux sociaux) se réveille et s’enfile un café. Elle saute dans la douche, lave son visage et procède à sa séance de rasage de tête devant le miroir. Ensuite, elle s’assied à son bureau et parcourt les médias sociaux en quête d’inspiration. Enfin, avec un doigté et un flair sans pareils, elle peint des fleurs roses autour de ses yeux. À 11 h 01 tapantes, elle publie le résultat sur TikTok, où 2,2 millions de fans viendront chercher leur dose quotidienne de création fabuleuse.

Voilà à quoi ressemble le rituel matinal de l’artiste maquilleuse canado-malaisienne depuis le début de la pandémie. Comme l’évoque son pseudonyme, Mei ne jure que par les dieux de l’Internet ancien (Myspace et Tumblr), genèse de ses premières influences artistiques. Elle se rappelle avoir frayé avec toutes les esthétiques possibles et imaginables qui ont marqué Tumblr: pastel goth, health goth, le mouvement Scene Kids. Mei, qui était la seule personne d’origine asiatique de son école, à Oakville, en Ontario, a d’abord eu du mal à s’intégrer, mais elle a été accueillie par un groupe de jeunes Scene Kids, qui sont peu à peu devenus ses modèles. «Ces amis, qui avaient quelques années de plus que moi, m’ont appris à être indépendante et à avoir confiance en moi, en plus de m’initier au monde des tatouages», dit-elle. À 16 ans, elle est «passée sous l’aiguille» pour la première fois. L’œuvre: un chrysanthème noir dressé au milieu de son torse représentait le divorce de ses parents. «Chaque année, mon père offrait des chrysanthèmes à ma mère pour leur anniversaire de mariage. Ce tatouage m’a aidée à guérir, à tourner la page et à grandir.» Maintenant que ses nombreux tatouages sont devenus sa signature, elle voit en cet art corporel un symbole de beauté, de courage et d’assurance. «Les gens croient que je fais ça pour attirer l’attention, mais je ne me sens pas différente des autres. Je me sens normale. Je pense que ç’a toujours été mon destin d’avoir cette apparence.»

Yang Shi

Au début de l’âge adulte, Mei a déménagé à Toronto pour échapper à la mentalité d’une petite ville. C’est en travaillant pour NYX Cosmetics dans la ville reine qu’elle s’est découvert une passion pour le maquillage: «Mon père m’a toujours dit qu’il fallait tout essayer au moins une fois dans sa vie. Si ça clique, ça clique. J’imagine qu’entre le maquillage et moi, ça a cliqué.» En 2018, l’artiste a lancé sa chaîne YouTube, qui est vite devenue virale. Pour elle, le maquillage constituait alors un acte de défi à l’égard de tous ceux et celles qui avaient tenté de la pousser à se conformer à la majorité. Depuis, son look unique a non seulement ébranlé les standards de la beauté, mais il a aussi attiré l’attention de marques très connues et les a incitées à faire de véritables progrès en matière de diversité. Mei a notamment été amenée à collaborer avec Milk Makeup, Urban Decay, Gucci et Dior. En 2021, à son grand étonnement, elle a été repérée sur Instagram par la championne de l’inclusivité en personne, Rihanna, qui l’a choisie comme mannequin pour son défilé Savage X Fenty. Et cette année, Mei a participé à la populaire émission Canada’s Drag Race: que la meilleure gagne en tant que juge invitée.

Malgré son ascension fulgurante au rang d’icône, Mei garde les deux pieds sur terre et continue de défendre la place qui lui revient dans l’industrie. Pendant notre séance photo, plusieurs fans l’ont arrêtée pour lui témoigner leur admiration. Elle a pris le temps de parler avec tout le monde et même de faire un câlin à quelqu’un.

Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’elle deviendrait un jour, à son tour, un modèle pour les autres. 

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