De tout temps, les cheveux ont été un symbole puissant permettant aux femmes d’affirmer qui elles sont. En 3500 avant notre ère, les membres du peuple Himba, en Namibie, se tressaient les cheveux afin d’afficher leur appartenance à une tribu ou d’indiquer leur âge, leur statut marital ou financier, ou encore leur religion. Les Flappers des années folles ont popularisé le bob, qui rompait avec les normes traditionnelles de genre. Et que dire de la tendance «coupe Longueuil», qui revit son heure de gloire avec la popularité montante du mullet et du shag depuis le début des années 2020? Ce style, que des gros noms comme Miley Cyrus et Rihanna ont relancé, est une façon d’afficher son côté badass et l’entière unicité de son identité dans une période de grands changements sociaux. On peut transmettre beaucoup d’émotions – un sentiment d’empowerment, de la sensualité – par une simple coupe de cheveux ou une nouvelle couleur. Ce n’est pas pour rien que perdre sa crinière peut être aussi anxiogène et affligeant: on a l’impression de perdre du même coup une partie de son identité, de sa façon de s’exprimer. 

Dani Binnington, une experte en bien-être, professeure de yoga de 42 ans établie au Royaume-Uni et cofondatrice de la brosse à cheveux Manta Healthy, ne le sait que trop bien. En 2013, elle a dû dire adieu aux longs cheveux épais et ondulés qu’elle avait depuis l’enfance quand elle a suivi un traitement de chimiothérapie pour combattre un cancer du sein. «Quand mes cheveux ont repoussé, ils étaient beaucoup plus fins qu’ils ne l’ont jamais été, dit-elle. Il y a encore des zones qui sont presque chauves sur le dessus de ma tête.» Son mari, Tim, qui est coiffeur, a été inspiré par l’expérience de Dani et a conçu la brosse Manta afin de démêler en douceur les mèches fragiles et d’éviter qu’elles cassent.

Qu’on s’attende à perdre des cheveux à la suite d’un traitement comme la chimiothérapie, qu’on essaie de s’y préparer ou que leur chute survienne sans prévenir – par exemple, dans le cas d’une maladie auto-immune –, le traumatisme qui en résulte n’est jamais négligeable. «Parfois, je suis mal à l’aise d’en parler, avoue Dani Binnington. Et à d’autres moments, je me rappelle la chance que j’ai d’avoir des cheveux, peu importe leur apparence, et d’être encore ici et en santé pour raconter mon histoire.» Il est tout à fait normal d’être aux prises avec ce sentiment d’inconfort, voire d’incrédulité, dans ce genre de situation. «La chute des cheveux est causée la plupart du temps par des facteurs sur lesquels on n’a aucun contrôle», dit la dermatologue vancouvéroise Katie Beleznay, qui est aussi instructrice clinique au Département de dermatologie de l’Université de la Colombie-Britannique. À son avis, parler à un professionnel peut aider à démystifier le problème. Pour bien des patients, c’est le premier pas vers leur rétablissement, tant sur le plan de l’apparence que de la confiance en soi.

Il est normal de perdre de 50 à 100 cheveux par jour, mais il ne faut pas sonner l’alarme tout de suite si on remarque que leur nombre est plus élevé pendant le brossage quotidien ou le shampooing. «Si on souffre d’une perte de cheveux réelle, on en perdra en continu, pas seulement lorsqu’on les manie», précise Caroline Ruggiero, trichologue certifiée et directrice générale de la clinique Truly You Hair and Scalp, à Mississauga, en Ontario. (Un trichologue est formé pour diagnostiquer et traiter les affections des cheveux et du cuir chevelu.) 

Si le problème persiste, une consultation avec un professionnel de la santé peut aider à trouver la cause de la perte de cheveux parmi un éventail de raisons possibles, dont l’alopecia areata (aussi appelée pelade), une maladie auto-immune. «Le système immunitaire de l’organisme peut s’attaquer au follicule pileux, ce qui entraîne la chute des cheveux, explique la Dre Beleznay. Dans ce cas, la perte de cheveux peut commencer soudainement et sans avertissement.» Joanna Auguste, infirmière praticienne et clinicienne en médecine esthétique, ainsi que propriétaire de la clinique de soins de la peau The Face Lab, à Toronto, traite beaucoup de patientes qui souffrent d’alopécie de traction, causée par certaines coiffures qui endommagent les cheveux en créant une tension répétée sur ceux-ci. «Si les cheveux sont toujours coiffés en queue de cheval ou en chignon haut, ou si on utilise des rallonges capillaires, la tension qui s’exerce sur eux peut endommager le follicule pileux et entraîner une importante perte de cheveux», dit-elle. Cela peut aussi survenir si on est fan de tresses ou de dreadlocks, parce que ces coiffures ajoutent de la tension et du poids à la chevelure.

Notre bagage génétique peut aussi être responsable d’une perte de cheveux, comme c’est le cas avec l’alopécie androgénétique, connue sous le nom de calvitie. Cette forme d’alopécie héréditaire, que Caroline Ruggiero décrit comme étant chronique ou progressive, est celle qu’elle voit le plus souvent à sa clinique et c’est l’une des plus difficiles à traiter. Cet état commence généralement par un amincissement sur le dessus du crâne, et, selon l’Association canadienne de dermatologie, elle touche environ 40 % des femmes de plus de 50 ans. «Une fois que cette prédisposition héréditaire est déclenchée, il est difficile de l’arrêter», dit-elle. La perte de cheveux ne touche pas seulement les femmes âgées; par exemple, à la puberté, les changements hormonaux peuvent occasionner l’alopécie androgénétique.»

La perte de cheveux n’est pas non plus nécessairement causée par l’ADN. D’autres facteurs peuvent mener à une autre forme d’alopécie, l’effluvium télogène, qui est une perte de cheveux temporaire. On la remarque fréquemment chez les femmes après qu’elles ont accouché, par exemple, et Caroline Ruggiero l’observe également chez les femmes en âge de procréer qui ont une carence en fer. «L’effluvium télogène se produit lorsqu’un élément déclencheur, comme une maladie, un médicament ou un événement traumatique, fait prématurément passer les cheveux à la phase de repos [ou phase catagène]», note la Dre Beleznay. Bien que la plupart des cheveux sur notre tête soient en période de croissance (ce qu’on appelle la phase anagène), ils finissent inévitablement par entrer dans la phase télogène et tomber. «Depuis l’apparition de la COVID-19 et le stress associé à la pandémie, nous avons constaté une augmentation de ce dérèglement», continue la dermatologue. 

Dans tous les cas, il faut chercher à comprendre d’où vient la chute des cheveux. Il existe des outils de diagnostic, notamment des prises de sang, qui peuvent être utilisés de pair avec une évaluation globale de notre niveau de stress et de notre alimentation, afin de déterminer les causes possibles et le traitement approprié. «On peut enduire nos cheveux d’une ribambelle de potions et de traitements en pensant bien faire, mais on ne se sera pas attaqué à la cause sous-jacente pour autant», fait remarquer Caroline Ruggiero, qui insiste sur le rôle crucial que joue la consultation.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe de nombreuses façons de traiter la perte de cheveux, mais il faut s’armer de patience, de constance et d’optimisme. «Traiter la chute des cheveux peut être assez complexe, et certains traitements conviennent mieux à certaines patientes qu’à d’autres, compte tenu de leur état de santé ou de caractéristiques particulières», affirme la Dre Beleznay. La plupart des traitements populaires et efficaces, comme le minoxidil oral ou topique (communément appelé Rogaine) et la thérapie au laser de faible intensité (LLLT), visent à augmenter la circulation sanguine vers le follicule pileux afin d’encourager la croissance active des cheveux. On peut mentionner aussi les suppléments, tels que Nutrafol et Viviscal, qui favorisent la santé des cheveux grâce à des ingrédients comme le collagène et les acides aminés. Enfin, il a été prouvé que la spironolactone, un médicament qui réduit la production d’androgènes (les hormones sexuelles mâles), ralentit la chute des cheveux et stimule la repousse. Mais pour la plupart des gens, la clé du succès réside dans la combinaison de plusieurs traitements. «Certaines données montrent que chez les femmes qui perdent leurs cheveux, l’association de la spironolactone et du minoxidil peut donner des résultats supérieurs à ceux obtenus avec l’un ou l’autre de ces médicaments utilisés seuls», ajoute la Dre Beleznay.

Pour ceux qui ne souhaitent pas se médicamenter, la thérapie par plasma riche en plaquettes (PRP) pour la régénération des cheveux – un domaine d’étude scientifique en pleine expansion! –, qui traite le cuir chevelu avec une composante de notre propre sang, est une option intéressante. «La tendance est à la recherche de solutions plus “naturelles”, dit Joanna Auguste, qui propose ce type de traitement injectable à sa clinique. Et comme il ne s’agit pas d’une pilule, c’est parfois une option moins intimidante.» Comment ça fonctionne? Le sang du patient est d’abord prélevé, puis placé dans une centrifugeuse afin de séparer les plaquettes sanguines des globules rouges et des globules blancs. Le plasma ainsi obtenu est ensuite injecté dans les tissus grâce à un pistolet à injection. «Les plaquettes libèrent des facteurs de croissance, explique Joanna. Ils aident le corps à guérir et permettent à la peau et aux tissus de se régénérer.»

Quelle que soit la méthode utilisée, on doit la combiner à un traitement à domicile. Caroline Ruggiero combine les traitements de LLLT faits en clinique à l’utilisation de casques DEL à la maison et d’un patch topique, qu’on porte la nuit et qui stimule la forma- tion de kératine dans les cheveux, un processus qui se produit pendant le sommeil. La LLLT favorise la microcirculation dans le cuir chevelu, améliore les niveaux de nutriments et d’oxygène dans le bulbe pilaire et stimule la production d’adénosine triphosphate, que la spécialiste décrit comme étant la «batterie» de nos cellules. Selon elle, l’important est d’avoir un plan concret – et de le respecter! –, surtout si la perte des cheveux est progressive, car il ne s’agit pas d’un état temporaire. «Il faut se lancer en sachant qu’il n’y a pas de solution miracle, et qu’il faut faire preuve de patience et de constance dans notre traitement», rappelle Caroline.

Les délais avant d’obtenir des résultats visibles varient en fonction du type de perte de cheveux que l’on vit et du traitement que l’on suit, mais une régénérescence capillaire survient habituellement au bout de 6 à 12 mois d’efforts. Bien que les experts ne recommandent pas nécessairement les produits à base de biotine, parce qu’il existe peu de preuves de leur efficacité, tous les gestes que l’on fait pour dorloter notre cuir chevelu sont les bienvenus. Dani Binnington aurait aimé recevoir ce conseil lors de sa perte de cheveux. «J’ai essayé d’ignorer cette partie de mon corps autant que possible; j’ai fait tout ce que j’ai pu pour la cacher», dit-elle. Aujourd’hui, elle souligne le rôle important que joue un cuir chevelu sain dans le bien-être et la confiance en soi. Et elle utilise la brosse Manta, souple et flexible, pour accomplir son rituel préféré. «Un massage du cuir chevelu, même sur une tête chauve, procure une sensation incroyable, déclare cette professeure de yoga. Et c’est ce qui est le plus important, au fond: qu’on ait des cheveux ou pas, on doit trouver le moyen de se sentir bien dans sa peau, des pieds… à la tête!» 

À la racine : lever les tabous concernant la perte de cheveux

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