Avec sa campagne #HairHasNoGender, lancée l’année dernière en Europe, Pantene a voulu mettre en lumière le rôle que jouent les cheveux dans la transition et l’identité de plusieurs personnes trans ou non binaire. L’initiative arrive (enfin!) de notre côté de l’Atlantique avec l’artiste multidisciplinaire canadienne Vivek Shraya qui, dans une magnifique vidéo, raconte l’impact positif qu’ont joué sa chevelure et le support de ses proches dans sa transition.

 

 

«J’étais un peu inquiète, initialement, quand l’équipe de Pantene m’a dit qu’elle aimerait inclure un de mes proches dans la vidéo. Mes parents, qui ont immigré de l’Inde, n’utilisent pas les termes “transgenre” ou “transition”, mais il y a plusieurs façons d’être ouvert et c’est ce que la campagne souhaite montrer. Juste le fait que mon père accepte de prendre part à la campagne est une façon pour lui de me témoigner son support, et de me dire qu’il accepte et qu’il aime la personne que je suis», nous explique Vivek Shraya lors d’un appel téléphonique. Faire rayonner plusieurs réalités est primordial, selon elle, pour parler adéquatement de la réalité des personnes trans et non binaires.«Ce qui m’a attirée dès le début, c’est que le projet met de l’avant des voix diversifiées qui racontent leurs propres histoires, prouvant qu’il y a une panoplie de façons d’être une personne trans ou une personne non binaire. Et qu’il y a aussi plusieurs façons d’accepter ces réalités. Souvent, dans ce genre de campagne, on voit une seule personne représentant la “minorité” dans une mer de “population dominante”. Même si ça part d’une bonne intention, le résultat n’est pas toujours heureux et relève plutôt du tokénisme [une pratique consistant à faire des efforts symboliques d’inclusion vis-à-vis de groupes minoritaires dans le but d’échapper aux accusations de discriminations].» La vidéo, où Vivek recrée une photo de famille avec son père, a aussi été l’occasion pour l’ambassadrice Pantene de s’asseoir avec celui-ci et de survoler des moments clés de leur relation. «En tant que père de famille immigrant, mon père a toujours énormément travaillé pour apporter de la nourriture sur notre table. Trouver une photo de nous a donc été difficile, mais ça a permis à mon père de me raconter ses propres souvenirs.»

 

 

Quant à l’importance que sa chevelure a jouée dans l’expression de son identité, Vivek Shraya révèle que l’aspect abordable de l’univers capillaire lui a toujours permis d’afficher son individualité de manière accessible – en décalant sa séparation sur le côté ou en jouant avec les produits de sa mère, par exemple. «Mes cheveux longs n’ont pas été intrinsèquement liés à ma transition, mais quand j’ai commencé à les faire pousser, il y a cinq ou six ans, ils m’ont permis de manifester ma féminité comme je n’avais jamais pu le faire auparavant», continue l’artiste. Elle souhaite ardemment que ce projet, qui fait un travail clé de représentation, résonne auprès d’un maximum de personnes. «Plus on a de soutien de la part de notre famille et de nos amis, plus on se sent libre d’exprimer qui on est. Alors que les fêtes approchent à grands pas, la campagne montre qu’être un bon allié est le meilleur cadeau qu’on puisse faire à une personne trans ou queer.», conclut Vivek Shraya, un sourire dans la voix.

 

The Dresscode Project

Parallèlement au lancement de la campagne #HairHasNoGender, Pantene Canada annonce son partenariat avec The Dresscode Project (DCP), une alliance mondiale de salons de coiffure engagés à offrir une expérience sécuritaire pour les membres de la communauté LGBTQ2S+ qui souhaitent opter pour une coupe de cheveux d’affirmation de genre.

 

 

L’idée de mettre sur pied DPC est venue à l’artiste-coiffeuse Kristin Rankin après une expérience décisive à son salon. «Il y a quatre ans, j’ai eu une cliente femme trans dans ma chaise et tout s’est déroulé comme n’importe quel autre service: tout le monde est accueilli les bras grands ouverts dans mon salon! Le lendemain, elle confiait sur Twitter, en nous identifiant, mon salon et moi-même, que c’était la première fois qu’elle recevait une coupe de cheveux qui la faisait sentir comme une femme. Même en y repensant aujourd’hui, j’ai des frissons.» Autant ce message a touché Kristin Rankin, autant il lui a fait réaliser tout le travail de sensibilisation et d’inclusion qu’il restait à faire dans son milieu professionnel. The Dresscode Project est aussi une référence éducationnelle de qualité pour tous les artisans de l’industrie de la coiffure qui souhaitent s’éduquer et adopter un lexique inclusif. «Quand un salon s’inscrit pour faire partie de l’alliance, on lui fournit d’emblée une tonne de matériel, dont un guide qui épaule les coiffeurs et les coiffeuses à rendre leur espace plus sécuritaire et inclusif pour les personnes s’identifiant hors du spectre binaire des genres, et ce, du début à la fin du service. Celui-ci a été développé en collaboration avec l’organisme The 519, qui a pour mission d’aider à l’éducation queer et l’inclusion de la communauté LGBTQ2S+ dans diverses sphères de notre société», explique Kristin Rankin. Les premiers gestes à adopter, selon iel, pour rendre un salon de coiffure accueillant pour tout le monde? Laisser tomber une fois pour toutes la charte de prix binaires («Ce n’est ni cool,  ni acceptable en 2020, et ça peut même vous faire perdre de la clientèle!») et normaliser le fait de nommer ses pronoms, même en dehors de la communauté et des espaces LGBTQ2S+ («Plus on en parle ouvertement, plus ce sera facile pour tout le monde!»).

 

Pour plus de détails, rendez-vous au www.dresscodeproject.com

 

Lire aussi:

UNGENDERED: un projet revendique l’adoption d’une charte de prix non genrée dans les salons de coiffure

Les coiffeurs: acteurs majeurs des communautés culturelles

Beauté: 10 idées de manucures pour les fêtes