C’est inévitable: tous les 30 ans, les modes reviennent se pointer le bout du nez. Alors, rien d’étonnant à ce que nos hommes redécouvrent actuellement les tendances en vogue à la fin des années 1970 et au début des années 1980. À cette époque, Tom Selleck s’agitait les poils dans Magnum, P.I., les gars se coiffaient comme John Travolta, et Robert Smith, le chanteur du groupe The Cure, se fardait d’eyeliner. Tout ça ne semble pas si loin, quand on songe que The Cure était une des têtes d’affiche du festival de Coachella cette année, et que des rumeurs sur la possibilité d’une adaptation cinématographique de Magnum, P.I. vont bon train! Normal, 2009 n’a rien inventé…

L’autre caractéristique des modes, c’est qu’elles passent souvent d’un extrême à l’autre. Après s’être épilé, s’être fait manucurer, bref, après avoir affiché sa métrosexualité, l’homme moderne renoue avec l’ultime attribut de la virilité: les poils, qu’il sculpte tantôt en barbe, tantôt en moustache.

Selon la chasseuse de tendances Anne Darche, cet engouement pour la pilosité ne serait pas étranger au contexte économique actuel. En effet, plus besoin de passer du temps à se raser pour aller au travail lorsqu’on a perdu son emploi! Quant à ceux qui ont été épargnés par les coupures de postes, ils aiment prendre congé du rasoir les week-ends.

«C’est une façon de décrocher, d’échapper à la frénésie du quotidien», explique l’ex-publicitaire. Résultat: la barbe connaît son plus vif succès depuis Woodstock.

Mais pourquoi se contenter d’une barbe sage quand on peut se pavaner avec une spectaculaire moustache? Anne Darche remarque que les mâles esthético-branchés ont trouvé dans leurs poils un merveilleux objet d’expérimentation. En maniant adroitement la pioche, ils peuvent transformer un look anonyme en se créant une moustache de camionneur ou de tombeur. Anne Darche ajoute: «C’est une façon sans conséquence

de revêtir de nouvelles identités, une sorte de déguisement accessible à tous, dont on a bien besoin en ces temps difficiles.»

  PHOTOS: Grâcieuseté de Dior Homme (Défilé).

hom-2.jpg JUSTE POUR RIRE?

 

La moustache de l’heure a pointé ses premiers poils en public il y a quelques saisons dans le quartier Williamsburg, à Brooklyn, point de ralliement des hipsters new-yorkais (une espèce au sens de

l’humour et à l’allure décalés, et reconnaissable aux lunettes surdimensionnées qu’elle porte). D’abord perçue comme une blague, la moustache s’est vite imposée comme un des signes distinctifs de la «coolitude». Depuis, le moustachu colonise tous les quartiers branchés de la planète.

Le nouveau moustachu a de l’humour, mais il reste fort conscient de son apparence. «On ne plaisante jamais complètement lorsqu’il s’agit de ce dont on a l’air», déclare Anthony Mitropoulos, adjoint au rédacteur en chef mode de ELLE QUÉBEC. Pour lui, la moustache est une façon de se démarquer qui s’inscrit en plein dans la tendance «louche chic», qui suppose une dégaine et une hygiène un brin suspectes. Il ajoute que «l’allure un rien négligée est toujours sexy chez un homme.»

Anne Darche estime que le moustachu de l’heure se situe à mi-chemin entre le métrosexuel, épris de son look, et le néo-hippie, qui assume pleinement son laisser-aller. Sam Buffa, proprio de Bar bershop, le salon annexé à la très hip boutique new-yorkaise Freemans Sporting Club, y voit simplement une évolution naturelle des choses: «Ces dernières années, on est passé de l’imberbe au barbu. La mous tache est une étape avant le retour du look rasé-de-près, qui s’annonce inévitablement comme le prochain courant.» Pour savoir quand la faire pousser et quand la raser, on n’a qu’à observer Brad, Colin et Josh (Pitt, Farrell et Hartnett), des semeurs de tendances, qui affichent tous la moustache à mi-temps.

Le pouvoir d’influence des stars a cependant ses limites. Anne Darche croit en effet que la fièvre suscitée par la moustache ne s’étendra pas au-delà des cercles artistiques. C’est que, en plus d’être 100 % excentrique, la moustache doit être bien entretenue. Le rituel qu’elle exige ne convient pas à tous les hommes. À Brooklyn, la moustache dernier cri se porte très effilée, et ses pointes retroussées sont maintenues en place avec un peu de cire. Le skinny jean et une bonne dose d’autodérision complètent le look.

Avis aux timides: «Une moustache, ça déclenche toujours de vives réactions, surtout chez les filles. Elles adorent ou elles détestent», constate Louis-David Loyer, cofondateur de Piknic Électronik. David Fournier, un sonorisateur que nous avons croisé dans le Mile End, le confirme. Sa copine, Jinny, s’habitue mal à cette coquetterie, qu’il affiche pour rigoler. Heureusement pour elle, David n’a pas juré fidélité à sa moustache.

«Je vais bientôt la raser», assure-t-il. Prêt à se raser afin que sa blonde ne soit pas de mauvais poil!

 

hom-raso.jpgRasoir à tout faire
Le Pulsonic 9585 Séries 7, de Braun
(280 $; 1 800 387-6657).

 

 

 

 

 

 

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Coupe-feu
Après-rasage Cool Kick, de Nivea pour hommes
(9 $).

 

 

 

 

POUR LA CAUSE

En novembre, la campagne Movember invite les hommes à se laisser pousser la moustache au profit de la fondation Cancer de la prostate Canada

 ca.movember.com

 

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SONDAGE

Votez pour votre moustachu préféré!

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PHOTOS: Grâcieuseté de lanvin (défilé); Studio André Doyon (produits)

hom-mika.jpgÇA FRISE LA FOLIE!

 

Pour la première fois depuis Passe-Montagne, les boucles sont de retour. Les gars aux mèches bouclées peuvent de nouveau se sentir bien dans leur peau. Il fallait le chanteur Mika et l’acteur James Franco pour rappeler aux hommes que c’est beau, un frisé. Résultat: les bouclettes ne sont plus condamnées au clipper et sont en train de devenir un objet de fierté.

Mais pas la peine de prendre rendez- vous pour une permanente si on n’est pas né frisé. Les tendances coiffure proposent une foule d’autres options: des looks courts, mi-longs, très longs, rasés, asymétriques, punk, rétro, afro, colorés… L’idée, c’est d’afficher une tête de rock-star, avec une pointe d’humour, comme le souligne David Colman dans un récent article du New York Times. Un fan de Sid Vicious, par exemple, peut très bien se coiffer comme Bob Marley; et un amateur de musique nouvel-âge arborer une allure heavy metal.

Évidemment, de tels looks sont plus adaptés à la rue qu’au bureau, reconnaît Marie-Claude Pelletier, présidente de l’agence de style et d’image Les Effrontés. Dans le doute, on choisit une coupe mi-longue bien disciplinée. Pietro d’Aquila, coiffeur coproprio du salon Odyssée Le Loft, recommande de ne pas donner exagérément de volume et de ramener les cheveux vers l’arrière à l’aide d’un peu de gel.

Enfin, pour ceux qui seraient à la recherche d’une idole capillaire à imiter, Anthony Mitropoulos propose Jim Morrison. Il précise toutefois que ce style de coiffure, qui perd de son charme avec l’âge, devrait être réservé à ceux qui ont des boucles naturelles. On ne peut cependant nier que les bouclettes aux reflets d’argent aient une certaine dose de sex-appeal…

 

hom-prod-1.jpgOn ne bouge plus
Gel aqua-résistant tenue longue durée Mint fix, de Redken for Men
(15 $).

 

 

 

 

 

hom-oreal.jpgBoucler la boucle
Gel-crème de contrôle Studio Mineral FX, de L’Oréal Paris
(7,50 $).

 

 

 

 

 

 

PHOTOS: Mika; Studio André Doyon (Produits).

hom-adam-lambert.jpgC’EST KHÔL, MAN!

Dans la catégorie Pas-pour-tout-le-monde, on signale le retour du khôl. Évidemment, la tendance a peu de chances de percer dans les salons de l’auto, mais elle a déjà la cote dans les boîtes de nuit.

La paternité de la tendance reviendrait aux chanteurs Robbie Williams et Adam Lambert, qui ont eux-mêmes emprunté le look ardent à David Bowie, à Robert Smith et à Keith Richards. Le porte-parole de la ligne de cosmétiques Jean Paul Gaultier Monsieur, Danny Ventura, explique qu’il y a deux façons de porter l’eyeliner: soit on souligne l’oeil d’un trait subtil, soit on joue la rock-star en noircissant tout le contour de l’oeil. Peu importe le style qu’on adopte, il conseille de l’essayer à la maison avant d’oser le regard ténébreux en public.

À tous ceux qui s’estimeraient trop virils pour le khôl, Melissa Gibson, maquilleuse chez M-A-C, indique que «l’eyeliner donne un petit côté mauvais garçon qui fait toujours son effet». N’empêche, il en faudra davantage pour convaincre les clients des quincailleries. Anthony Mitropoulos est d’avis que l’eyeliner aura du mal à reconquérir les adeptes de la première heure. Il croit que «la génération qui le portait dans les années 1980 est aujourd’hui passée à autre chose.» Danny Ventura pense également que cette mode ne connaîtra qu’un succès modeste: «Au rayon des cosmétiques pour hommes, les chiffres de vente du khôl ne dépasseront jamais ceux du déodorant.»


hom-cray.jpgOn le garde à l’œil
Crayon khôl, de Jean Paul Gaultier Monsieur (19 $)
 Holt Renfrew et La Baie centre-ville, Montréal.

 

 

 

 

 

 

PHOTOS: Adam Lambert; Studio André Doyon (produits).